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Est ce qu’on peut penser par soi-même sans penser avec les autres, pour éviter de penser comme tout le monde ? Cela a fait l’objet d’une belle discussion qui nous a pris une bonne partie de l’après-midi. On n’ a pas trouvé de solution mais ça n’était pas le but. Sous cette chaleur accablante et anormale, on a fait chauffer nos neurones. Il a été question de Bergson, de Nietzche, de Camus, d’ Alain… au travers de citations qu’on devait attribuer aux uns ou aux autres.

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Carole Thibaut est intervenue lors du festival in d’Avignon, dont le thème est le genre ; les femmes y sont archi sous représentées et Carole Thibaut en a parlé avec beaucoup de force, de détermination et de colère lors de la remise alternative des Molière au sein du journal de bord de David Bobbée.

A quand un festival de théâtre à Gouy-Servin ?

On avait vu Noa au festival de Torhout, un des plus grands festivals de l’été de musique rock, pop, rap etc. C’est en Flandre belge. C’est un tout petit village, le reste du temps, qui voit arriver le temps du festival des hordes de mélomanes qui envahissent tous les champs aux alentours de la commune. Un dizaine de chapiteaux est plantée à bonne distance les uns des des autres pour que plusieurs groupes puissent se produire en même temps. Ça rappelle le bon temps de la fête du 1er mai à Béthune. Et puis Zarts Zup, toujours à Béthune, qui, tous deux ont disparu par la mauvaise volonté des élu.e.s. A Maubeuge, la fête de la bière est relancée depuis un an ou deux et réunit à nouveau des centaines de tonneaux de jus de houblon. Cette fête avait disparu depuis plus d’une vingtaine d’années. A la place, la ville proposait du théâtre de rue qui a rassemblé des dizaines de milliers de gens chaque année. Les temps changent.

Parce que c’était lui, parce que c’était moi

Comme c’était étrange. Comme c’est étrange, tout ce qui se passe. Il faut être positif et tonique. Sinon, on n’arrivera pas à tenir jusqu’au bout. Il n’y a pas de honte à être heureux (c’est écrit sur la deuxième porte du bureau, à Loos en Gohelle, après le petit couloir). C’est compliqué. A regarder l’état du monde, on est bien en peine de se réjouir. On est plus enclin à avoir honte.

Quand Montaigne écrit ses Essais, il est le sujet de son oeuvre (il invente un genre littéraire, qui sera repris par la suite pour qualifier la plupart du temps des ouvrages de réflexions littéraires ou philosophiques). Il est le sujet particulier d’un travail à la fois romanesque et philosophique. Les Essais de Montaigne ont une portée archi-universelle. Ils donnent à chacun.e. la possibilité de s’y retrouver. Il sonde l’individu Michel de Montaigne et ses recherches touchent à l’humanité toute entière. Plus les Essais avancent, plus le personnage se transforme. Rien ne se fige. Tantôt joyeux, tantôt désespéré, toujours sceptique. Mélancolique, il ne cesse d’aller de l’avant, de se questionner personnellement, de parler de lui, pour questionner le monde. Il n’existe de plus belle déclaration d’amour que ce qu’il a écrit à propos de son ami  La Boétie.

On n’arrêtera pas en si bon chemin. No Border, Go !

 

Au bureau ches gins y sont en congés jusqu’à la fin août

Marie et Gilbert vont s’envoler vers des destinations lointaines pour changer d’air et en profiter pour se reposer, nager, manger comme il faut et se vider la tête. Remettre le corps et l’esprit à neuf. Faire de nouvelles rencontres et partager avec leurs ami.e.s des moments de fête et de promenade. Hier midi pour marquer le coup, on a mangé au bureau, les noix de St Jacques cuisinées par Gilbert et les petits pois de son jardin tandis que Marie ( je ne me souviens plus de ce qu’elle avait dans sa boîte en plastic )  s’est régalée de son côté avec un plat de sa fabrication. On a fait un point avant de prendre le large après une réunion avec Christophe sur le décor de No Border. Un point de bilan de la saison passée, de manière très officielle. On s’est attardé sur les lectures de No Border et la perspective des répétitions. Tout le reste a été évoqué avec bonheur assez rapidement. On a évoqué Avignon l’année prochaine.  Si on veut y aller présenter des spectacles avec le soutien logistique et financier de la Région, on est tenu de déposer des dossiers de candidature en septembre. Nos spectacles ne seront créés qu’en cours de saison. La Région réunit ses expert.e.s, pour la programmation avignonnaise,  en octobre ou novembre. Je crains qu’on ne soit forclos aussi bien pour No Border que pour Wulverdingue.

De André Markowicz (compte Facebook)

Hier, à 07:10

Le parapluie

Bon, la France a gagné — je ne vais pas dire « nous », parce que, vraiment, nous, je veux dire, « on » a juste regardé. Mais, je ne sais pas, même si ce n’est sans doute pas poli de le dire, moi, j’étais content que la France gagne, d’abord, parce que, même si c’est devenu un lieu commun, mais enfin, quand même, ils sont de toutes les couleurs et de toutes les origines, et que, oui, quoi qu’on dise, ça fait plaisir, et puis, ça m’aurait fait de la peine que la Croatie gagne, parce qu’il y avait cet entraîneur croate, là, qui avait dit que la Croatie allait jouer contre l’Afrique, en fait, et qu’il y avait d’autres joueurs qui avaient souhaité mettre le feu à Belgrade ou des choses comme ça. — Et puis, je ne sais pas, je me dis que ça nous fait du bien, à nous, de voir la France gagner.

Bon, en même temps, j’avais une crainte : je me disais, houlala, la liesse populaire, les klaxons, c’est une nuit d’insomnie garantie, — surtout en centre-ville. Mais, que voulez-vous, j’accepte de souffrir pour la patrie. Et total, fenêtres évidemment fermées, ça va, j’aurai même pu dormir.

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La grisaille s’étendait chez nous. Une grisaille entretenue par une politique qui est d’une violence, j’ai l’impression, sans pareille, et qui me semble l’aboutissement à la fois du toutes les débandades hollandiennes et de toutes les rodomontades sarkoziques, une mise en coupe réglée de la société (et c’est très loin d’être terminé) qui se résume par une remise au privé de toutes les sphères de l’existence. — Et ce que je crains aussi, c’est que les Bleus n’aient assuré à notre président une victoire jusqu’aux européennes, et même au-delà. Je n’en sais rien, j’espère que non, — mais enfin, quoi, si le panem est fourni au mininum, là, au niveau circenses, il faut vraiment être un esprit chagrin pour être triste aujourd’hui.

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Je dois être un esprit chagrin.

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Theresa May aurait pu assister à la demi-finale, elle n’y est pas allée. — Emmanuel Macron avait promis qu’il y assisterait, histoire, sans doute, d’encourager nos troupes par cette honorifique perspective, — et il y est allé. Il a juste fait l’aller-retour à Pétersbourg. Il est revenu à Moscou. Il y a cette photo étonnante d’un président enthousiasmé, pris dans son geste après un but — un geste que, j’ai l’impression, la décence m’empêche de traduire, et qui est le geste de bien des supporters. Bon. Avant, il avait eu une conversation politique avec Poutine.

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Il y a eu l’orage. Et nous avons vu cette image stupéfiante du parapluie qui s’ouvrait tout de suite au-dessus de la tête de Poutine (Poutine et Macron ne se regardaient pas), alors que le président français et la présidente croate (qui m’a eu l’air très sympathique, ma foi — comme quoi, les préjugés… mais je ne la connais pas), restaient trempés comme des soupes, stoïques à embrasser les joueurs les uns après les autres, et¬, au-dessus d’eux, le parapluie s’est ouvert bien plus tard. Ils ont eu le temps de goûter l’hospitalité russe, et de comprendre qui était le patron.

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Le président a-t-il obtenu la libération d’Oleg Sentsov ? Je n’ai pas l’impression. Mais Poutine ne va pas laisser mourir Sentsov, il le fait nourrir de force. — Non pas par des perfusions de glucose ou de je ne sais pas quoi, mais en lui faisant entrer sa soupe par le nez, ce qui est, on comprend bien, une torture incroyable. Nous venons d’apprendre cela par le journal « Moskovski Komsomolets », qui est un des très rares journaux où, de temps en temps, il passe encore une information réelle. L’administration de Poutine a aussitôt démenti, en disant que, justement, on lui donnait des vitamines, par voie intraveineuse. C’est-à-dire que non seulement Sentsov ne sera pas libéré, nous dit Poutine, mais plus l’opinion publique mondiale se ligue pour le faire libérer, plus il sera torturé.

Cette politique de la force cynique, sans la moindre trace de décence, sans la moindre considération de rien en dehors de la force, c’est ce que nous avons eu à l’œuvre avec le voyage de Trump en Grande-Bretagne, — pour dire aux Britanniques qu’ils n’étaient que des laquais, et dire aux Européens, à toute l’Europe, que c’était la même chose, tous, ils étaient des larbins, et ils ne payaient pas assez leur maître, — et l’OTAN a décidé d’augmenter les budgets militaires, Macron compris. Il y a cette confrontation avec ça : maintenant, les enfants, on a cessé de jouer. D’abord, tu te mets à genoux, ensuite tu dis merci, et on connait la suite.

Aujourd’hui, à Helsinski, il y a la rencontre en tête à tête, sans aucune délégation, de ces deux forces brutes, Trump et Poutine — le dernier ayant mis le premier en place, en truquant les élections américaines.

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Le match à un moment, vous vous souvenez, a été interrompu par des gens qui se sont mis à courir sur la pelouse. Ça aura duré deux minutes, cette interruption (ce qui est gigantesque) : on a appris que c’était une action des Pussy Riot, pour protester contre la politique de Poutine, et pour soutenir Sentsov. Des membres de Pussy Riot — des héroïnes, il n’y a pas d’autre mot, — déguisées en policiers, ont fait irruption sur la pelouse, pour demander qu’on le libère — mais pas que ça, vous verrez leur page FB en anglais. — Elles ont été arrêtées, ça va de soi, et, au moment où j’écris, je ne sais pas où elles sont.

C’est à nous tous qu’il nous faudrait un parapluie.

le réchauffement est patent

Demain ou mardi on retourne au bureau, il nous reste tant à faire pour la rentrée. Marie et Didier sont à Paris, avec les Turbulents pour mettre la dernière touche au spectacle, Trouble qui sera joué à la rentrée pour cinq représentations sous le chapiteau de la compagnie Turbulence au métro Perreire. Après les feux d’artifice, il faut reprendre le chemin du travail. Gilbert doit être arrivé à Avignon, pour la réunion de l’Onda, assemblée rituelle qui regroupe tous les ans tous les responsables des théâtres de France pour décider des nouvelles orientations en terme d’aide aux spectacles dont nous ne bénéficions plus depuis une bonne dizaine d’années. Pour les compagnies, cela est un peu mystérieux, puisque l’on ne connaît pas les raisons qui président aux décisions des différentes commissions de soutien des spectacles.

retour dinch’ nord

La lecture de « No Border » a bien eu lieu et fut bien reçue, ce 12 juillet 2018, à la manufacture à Avignon. On est resté tard à la terrasse à discuter avec mille personnes de partout. Un grand plaisir. En particulier Pascal et Alexandra Keiser qui coordonnent tous les lieux de La Manufacture depuis une quinzaine d’années. Et nous sommes allés à l’école d’Art d’Avignon visiter l’exposition consacrée aux réfugiés de Calais dont une vidéo sur le rapport de G.A aux luttes menées par les exilés via Facebook, réalisée par Boris, un étudiant de dernière année. Un programme bien chargé pour ces quelques brèves journées au festival d’Avignon. Sous une chaleur caniculaire. Nadège, Marie et Guy ont quitté le sud tandis que Zelda y restera encore quelques jours. Gilbert arrive demain pour assister à tous les réunions officielles.

Qu’est qui se passe ?

Le travail suit son cours comme la Jordanne à Aurillac, tantôt tranquille, tantôt la rivière dévale la montagne comme un torrent. Ce soir a lieu la lecture et cette après-midi, une table ronde en hommage à Jack Ralite à la maison Jean Vilar, aux côtés de Leïla Chahid. On va y retrouver des vieilles connaissances. Ainsi va la vie, en vieillissant on accumule les expériences et les connaissances. La lecture a lieu à 19h30. Ce matin on a reculé la répétition d’une demie heure, histoire de bien de se reposer pour être fin prêts ce soir. On a mélangé tous les départs et toutes les arrivées. On pensait rentrer demain dans le Pas de Calais mais on rentre samedi. Parfois, la vie, ça tique et ça pique. On va redormir un peu pour être d’attaque pour la répétition.

La semaine prochaine, on va aller déjeuner au Bookafé, à Bruay Labuissière.

Y a plus la tache d’encre, rue des Teinturiers à Avignon

On est bien à Avignon comme convenu ( Nadège, Marie, Guy ) et après un voyage en train surprenant. Le train à Aurillac ne pouvait pas rouler parce qu’il n’avait plus d’essence. Ensuite à cause de feux sur le bord des lignes de TGV en direction de Marseille, le train a été considérablement ralenti. Dans ces moments là après plus de dix heures de voyage, on a l’impression qu’on arrivera jamais. Alors il faut dormir. Au bout du compte, on est arrivé dans Avignon en surchauffe, plus de 35 degrés Celsius et un monde fou partout partout partout. Pour les spectacles et le match de football de la demi finale de la coupe du monde. Un voyageur doit se munir de bouchons d’oreille, pour les nuits publiques de fête, pour trouver le sommeil. Surtout en plein centre ville devant l’église St Pierre, à cinquante mètres de la place Pie et du Palais des Papes.  Avignon est une ville de foi, de procession et de mystères.