La chute du mur

Ce matin le mur de briques qui est en fond de scène s’est écroulé pendant la répétition de danse. On a d’abord entendu un sifflement et puis  le bruit des briques sur la scène. Il parait que c’était pareil dans les mines avant un éboulement, on entendait un sifflement et on avait trois secondes pour……, pour quoi au fait? …. se protéger, se sauver? Trois secondes ,c’est court, trois secondes.

S’engager

On s’est posé la question de l’engagement. Dans la maison de la force il est question d’engagement, c’est une parole féministe qu’on le veuille ou non. La chose première c’est l’amour mais il y a quand même ce caractère féministe. Difficile de trouver des pièces engagées qui sonnent juste. C’est juste parce qu’ elle met son corps en jeu comme les artistes du body art. Toutes les tentatives qu’on fait tiennent par la mise en jeu du corps. Comment se mettre en jeu face à un texte aussi radical ? A. Liddell est confuse mais comment ne pas l’être ? Sa confusion nous éclaire ! Comment ne pas l’être si tu prends le risque de mêler ton histoire à l’histoire du monde.  Sa confusion, c’est aussi son intégrité. Elle assume sa radicalité et sa fragilité en même temps. Comment s’emparer de sa parole sans la dénaturer ? En s’engageant à notre tour! Pas d’autre choix!

Jour 2

Echauffement ce matin dirigé par Howard (hata-yoga) puis exercices de danse classique et répétition des danses du spectacle qu’on avait entamées en février 2013, lors du stage des Chantiers Nomades. Et on a déjeuné, du saumon avec du riz. C’est la mère de Bud qui dirige les affaires culturelles de la ville de Bruay La Buissière qui nous fait la cuisine tous les jours. Elles préparent des plats différents selon les régimes alimentaires. Avec ou sans fruit. Végétarien. Avec ou sans sauce… En tout cas, on se régale !  On mange précisément à 13 h. Les interprètes ont tant travaillé physiquement ce matin qu’ils mouraient de faim. Pour bien se rappeler les danses de février on travaille avec la vidéo. Il faut dire qu’on filme tout ou presque. Cet après midi a été très chargé d’émotions après que Martine a lu des documents sur Angélica Liddell. Cinq belles pages compilées par Martine qui racontent à merveille comment A. Liddell est passée des textes qui traitaient exclusivement de l’engagement à quelque chose de tout aussi engagé mais de beaucoup plus personnel qui rend son oeuvre si troublante, si humaine, si dure. Et qui résonne chez chacun d’entre nous. Avec plus ou moins de force, de violence, de troubles et de confusion.

Forcément quand tu lis cette pièce, tu jettes le livre, parce que tu ne peux pas t’empêcher de fouiller ta propre boue, et tu reviens à la pièce et tu essaies de comprendre comment on peut en arriver là et comment dire tout ça sur un plateau de théâtre et pourquoi raconter tout ça.Pourvu que les forts perdent et que les faibles restent ! 

On a repris les impros d’hier où chacun commente la partie de texte de La Maison de La Force qu’il a choisie. Ensuite on a repris le thème des improvisations de la veille : allez jusqu’au bout de sa force ! Deux hommes ont malmené une femme en robe de mariée qui chante faux une célèbre chanson espagnole. Trois femmes se sont déguisées en homme pour cracher le texte, exercices de bonheur pour fils de pute. Deux femmes ont traversé le plateau à la même vitesse, l’une sur un fil à deux mètres de haut et l’autre au sol comme dans un spectacle de Bob Wilson. Une femme s’est transformée en plat qu’on cuisine et l’autre, en cuisinière.