D’où l’on vient et où on va

Ce matin, on a pu rencontrer plusieurs élèves, de toutes formations confondues. On leur a demandé de raconter leurs parcours : comment iels sont arrivé.e.s à la Peupleraie, comment iels ont fait ce choix, d’où est-ce qu’iels arrivaient, qu’est ce qui leur plait dans cette formation, comment est-ce qu’iels se projettent, comment est-ce qu’iels imaginent leur avenir ? On parle du côté professionnel bien sûr, parfois un peu de personnel se glisse entre deux réponses.

Et plusieurs fois on entend « je m’attendais à quelque chose de pire » ou « j’avais entendu des rumeurs ». On creuse un peu et on comprend que ces rumeurs naissent de l’image dévalorisante qu’ont les formations professionnelles du secondaire. Des préjugés qui véhiculent l’idée selon laquelle on fait un parcours professionnel par défaut, par dépit, parce qu’il n’y a pas les capacités pour faire « mieux ». C’est dur et triste de voir comme ces a priori perdurent et surtout comme on considère peu la singularité de chaque personnalité, comme on juge sur la capacité à se conformer à un système, qu’il soit scolaire ou non.

Et après ça, on nous raconte aussi des histoires qui réchauffent un peu le cœur, quand un élève explique face caméra qu’il était isolé à son arrivée dans l’établissement, qu’il a subi des moqueries mais qu’il a réussi à faire face en restant lui même et qu’aujourd’hui il s’est fait une bande d’amis. Des histoires de tolérance et d’acceptation, ça fait toujours du bien à entendre.

Mouvement national de grève contre la réforme des retraites, en majuscules.

Même si le lycée n’est pas rempli, on a tout de même pas mal de chose à faire. A commencer par récupérer caméra, trépied et micro. C’est mourad et alex qui partent les premiers. Rarement l’un sans l’autre. On fait deux teams : une pour les interviews, l’autre pour les images. Nous laissons le cdi pour retrouver les classes. Dix heures vingt, rendez-vous avec les 1opl1.  En première année, iels étudient la logistique. Mourad fait des traversées dans la cours. Il les entraine.  Suivent les élèves pour danser avec lui. S’iels ne sont pas dans la cour, iels sont avec Isabelle et zelda, qui leur posent des questions sur la manière dont iels sont arrivé.e.s dans ce lycée, sur ce qu’iels souhaitent pour l’avenir. On sait que la grève rend la journée un peu particulière et on pense bien à celleux qui marchent dans la rue pour défendre nos droits et montrer notre mécontentement. Nous, on est là, on est là avec nos portraits, nos questions et nos caméras.

 

Jour 1 – ça commence !

Salut la Peupleraie !

Nous c’est la compagnie Hendrick Van Der Zee, ou plutôt HVDZ. Vous allez nous croiser dans les couloirs, dans la cour, dans les classes, à la cantine, à l’atelier au CDI.

Alexandre, Isabelle et Mourad sont arrivé.e.s aujourd’hui, le mercredi 22 mars, Zelda les rejoindra demain. Première journée de la première session au lycée professionnel de Sallaumines dans le Pas-de-Calais. On est presque à la maison, du moins à la maison d’HVDZ puisque la compagnie est basée à Loos-en-Gohelle. On voit même les terrils jumeaux par la fenêtre, ceux de la base 11/19. Si on zoomait un peu on pourrait voir le carreau de fosse, peut-être même la fenêtre des bureaux de la compagnie.

La Peupleraie c’est environ 400 élèves réparti.e.s entre CAP et baccalauréat professionnel en électricité, logistique ou commerce et vente. Des élèves qui viennent de Sallaumines, parfois de beaucoup plus loin pour la formation qu’iels ont choisi.

Ce projet à la Peupleraie n’est pas tout à fait comme les autres. Quand on fait un Instantané – c’est comme ça qu’on appelle les portraits que l’on fait des établissements scolaires – on reste cinq jours : trois jours d’immersion et de rencontres, un jour de répétition puis un de représentation. Ici, nous aurons plusieurs temps au lycée : d’aujourd’hui à lundi, puis trois jours en mai, et deux jours en juin pour les répétitions et le spectacle. Et on est bien content.es que ça commence !

On répète !

Cet après-midi, c’était répétition à la salle polyvalente d’Hucqueliers. Pendant 48h, on a motivé les élèves du collège pour qu’iels participent au film-spectacle. A 13h, rendez-vous avec Morgane, Pauline, Liloue, Lilou, Thaïs, Laura, Emma, Shanna, Zoé, Janelle, Yannis et Clara. On a mangé dans la cour avant de faire un pédibus direction le centre-ville pour le branle-bas de combat : initiation chi gong, cours de danse, apprentissage des textes, organisation des plannings et mini-filage pour régler les placements de tout le monde, en 3h top chrono. Demain, on part pour 6 représentations, ça va être sport, mais on est plus que prêt !

Par Les filles de l’ombre

Les filles de l’ombre, c’est deux élèves du collège qui n’ont pas été filmé mais à qui on a proposé de participer quand même, suite à l’intervention que l’on a fait dans leur groupe lundi. On le propose souvent, mais ça ne marche pas toujours. Surprise ce matin à la récré : elles sont venues toquer à la porte du QG pour nous amener les textes !

Nous avons observé nos camarades de classe, on a trouvé ça très amusant et drôle, on a beaucoup rigolé, l’activité était grave bien. Par les filles de l’ombre

C’était cool et marrant. Nous avons observé nos compagnons de classe se faisant filmer et enregistrer au micro en faisant des poses. Nous avons beaucoup rigolé. Par les filles de l’ombre.

 

Silence, iels lisent !

Quand on est arrivé à Gabriel de la Gorce et qu’on a eu nos plannings en main, on s’est demandé si il y avait une erreur sur les horaires : 9h13, 11h14. On s’aperçoit aussi qu’après la réunion de l’après-midi, il y a un étrange acronyme. SOL. Pour Silence On Lit !

On a demandé les infos à Madame Bélé au CDI : c’est un protocole mis en place depuis la rentrée à Hucqueliers. On prend 2 mn de chaque cours pour avoir 15 mn après la récré de l’après-midi dédié à la lecture, ce qui explique les horaires de cours abracadabrantesque.  Les élèves ont leur livre dans le sac et il y a dans chaque classe des livres à disposition pour cell.eux qui les ont oublié. Du côté des profs, les avis sont partagés, du côté des élèves aussi.

Lire L’ami retrouvé

« Ce qui me touche, c’est cette histoire d’amitié qui est très forte »
J’aime pas lire
« Ce qui me touche, c’est de subir l’horreur de la seconde guerre mondiale»
J’aime pas lire, j’ai envie de bouger
« Ce qui me touche, c’est cette histoire d’amitié entre un juif et un aristocrate »
J’aime pas lire, j’ai envie de faire autre chose
C’est vrai que l’école, c’est être assis toute la journée
C’est vrai que l’école, c’est être enfermé toute la journée
C’est vrai qu’à la fin de l’école, j’aime bouger
C’est vrai qu’à la fin de l’école, j’ai envie de vivre une liberté retrouvée
C’est vrai qu’à la fin de l’école, j’ai envie de vivre pour de vrai des moments d’amitié