Ce matin, nous sommes allés dans les commerces, pour inviter au film-spectacle de demain, on explique ce qu’on fait, on donne des tracts et on parle du blog, Mourad propose une danse.
Demain vendredi 4 octobre, à la salle des fêtes de Chalmazel-Jeansagnière, à 14h et à 19h30.
Actualité
soir
Brebis pile et face
Vu à Chalmazel
Forestier. Marie-Louise. Et des charpentes.
Ce matin, après le marché, nous rencontrons Christianne, pour une conversation ‘non-filmée’. Nous avons arrêté de filmer, le montage est en cours, et même bien avancé, car demain nous répétons pour les représentations de vendredi.
Sur cette photo, l’église n’a pas encore de clocher. La maison à gauche, avec le balcon au premier étage, c’était la Poste. Et la maison blanche, tout à gauche, avec ses trois étages, c’est l’actuel bar-tabac chez Marie-Louise.
Avant Marie-Louise, le bar-tabac, c’était « Le Café des Forestier ». C’est Christianne, l’arrière-petite-fille d’Antoine Forestier qui nous raconte l’histoire.
Antoine Forestier, né en 1828 à Saint-Georges-en-Couzan, est arrivé à Chalmazel en 1849 pour épouser une chalmazelloise. Antoine est le seul des Forestier à être venu à Chalmazel, ses frères et soeurs se sont éparpillés dans la plaine. Mais avec Antoine Forestier, qui se marie à Chalmazel, c’est 4 générations de Forestier qui restent à Chalmazel, avec aujourd’hui Christianne. Antoine, (l’arrière-grand-père) ouvre donc « Le Café des Forestier », que reprendra son fils (le grand-père) que reprendra sa petite-fille (la tante de Christianne). Cette petite-fille d’Antoine, s’appelait Lisa, c’était pour tout le monde « La Lisa de chez Forestier’.
Christianne explique que Lisa s’occupait du café, et que son oncle, le mari de Lisa s’occupait des vaches. À l’époque, il y avait 12 ou 14 fermes dans le bourg-même. Chaque ferme avait entre 3 et 9 vaches. Lisa n’a pas pu transmettre le café à quelqu’un de la famille. Le café à été vendu. C’est là que continue l’histoire avec Marie-Louise.
Cette après-midi, nous rencontrons Aymeric et Lucie. Nous sommes ravis de rencontrer enfin Aymeric, jeune charpentier de Chalmazel. Plusieurs personnes nous avaient parlé de lui, mais nous n’avons pas réussi à le rencontrer plus tôt. Là aussi, une histoire qui se transmet de père en fils. Ayremric est fils et petit-fils de charpentiers chalmazelois. Il a quitté Chalmazel très peu de temps (juste pour finir ses études de charpentier, à Montbrison et au Puy). Il travaille là, dans l’atelier qui était à son père. Lucie, elle, vient de Vertolaye, en Auvergne (de l’autre côté de la frontière, de l’autre côté du col de Béal). On parle ‘charpentes’, approvisionnement dans les trois scieries de Chalmazel, des temps de séchage de plus en plus courts entre la coupe du bois et la pose de la charpente, on parle des essences qui poussent par ici et de celles qui ne sont pas adaptées au climat, on parle du bois qui joue à cause de l’humidité très forte la nuit et de la chaleur la journée, on parle de cette charpente à Fougères faite par le père d’Aymeric et refaite par Aymeric des années plus tard à cause d’un incendie.
Et on ne s’attend pas à reparler du bar-tabac chez Marie-Louise. Mais Lucie avait un projet, celui de reprendre le bar-tabac de Marie-Louise (86 ans). Mais pour l’instant la banque n’a pas accepté le dossier de Lucie parce qu’elle est trop jeune (pas encore 23 ans). Lucie aimerait que le bar-tabac se poursuive et elle voudrait proposer aussi une petite restauration le midi, type brasserie.
Depuis 8 jours que nous rencontrons des chalmazellois, nous avons entendu tellement de gens s’inquiéter de la suite pour le café de Marie-Louise, que nous sommes contents d’apprendre qu’une jeune repreneuse est là, avec plein d’envie pour un projet qui la passionne depuis toujours.
Souhaitons longue vie au café-bar-tabac-brasserie, peut importe le nom, longue vie !
Ce matin nous étions aussi allés voir Marie-Louise pour prendre un petit café mais elle refuse d’être filmée parce qu’elle ne voulait pas fausser l’appareil. Chez Marie-Louise, il y a toujours une ou deux photos qui trainent. Il y en avait une de la réfection du clocher. À un moment, elle part dans sa cuisine en disant : » Bougez pas, je reviens. » Et elle revient avec une photo de Chalmazel qui date d’avant 1936 nous dit-elle parce qu’il ‘n’y a pas encore de clocher à l’église justement. Et elle rajoute, vous voyez, il n’y avait pas un arbre. Avant c’était cultivé.
Chalmazel, la belle
Chalmazel, la belle, simple et naturelle.
Chalmazel, c’est plutôt calme, il n’y a pas de zèle.
Mais elle peut être, quand il le faut parfois, caractérielle.
Chalmazel roule vite, c’est pas un diesel.
Chalmazel et son toit étoilé,
Son ciel couvert ou dégagé,
Nos yeux ne cessent de répondre à son appel…
Chalmazel n’est pas individuelle, mais plutôt fraternelle.
Elle partage ses paysages exceptionnels,
Ses forêts où les oiseaux peuvent reposer leurs ailes.
Chalmazel selon les saisons, un panel de couleurs surnaturelles.
Chalmazel a des jolies formes, ses montagnes éternelles, immortelles, exceptionnelles, ne cessent de nous plonger dans l’existentiel.
Chalmazel a des vaches et leurs mamelles
Nous apportent des produits sensationnels.
Chalmazel sent le bois, ses cheminées nous embaument bien plus haut que le sommet de la chapelle.
Chalmazel la belle, simple et naturelle, sucrée comme du caramel.
Chalmazel, il n’y en a pas deux comme elle !
Une tarte à la myrtille
Si Chalmazel était un plat cuisiné ou un dessert ?
Un plat de résistance, on vous dira peut-être le patia, mais si c’était un dessert, on est convaincus que c’est une tarte à la myrtille.
Nous avons goûté celle de Joëlle.
Cette année a été une année à myrtilles. Ça ne dure pas longtemps la période des myrtilles, mais il y en a eu vraiment beaucoup, alors Joëlle et Serge ont réussi à en mettre au congélateur pour pourvoir faire des tartes, encore aujourd’hui, alors qu’on est déjà fin-septembre début-octobre, et que le mois d’août est déjà loin.
Merci encore à Joëlle et à Serge, pour l’accueil (pour la conversation filmée qui sera dans le Portrait de Chalmazel) et bravo pour cette très belle et très très bonne tarte à la myrtille. (On en a repris.)
Jardinier de la forêt
En faisant du porte-à-porte à Jeansagnière dans l’idée de faire des portraits chinois pour le film-spectacle de vendredi, on rencontre un bûcheron qui ne veut pas être filmé. D’accord, il répond, hors caméra, à nos questions : si Jeansagnière était un plat, le patia (prononcer patchia), et c’était une chanson, que la montagne est belle de Jean Ferrat.
On est dans le bourg de Jeansagnière, devant un atelier de Paul, le père de Michel, qui était aussi bûcheron, et qui répare les outils de son fils quand il y a de la casse. Paul non plus ne veut pas être filmé pour la séquence du portrait chinois.
On ne sort pas la caméra, mais on discute et on apprend plein de choses, on apprend que la forêt de Jeansagnière n’est pas la même que celle de Chalmazel, puisqu’on est déjà bien plus haut, ici on est à 1100 mètres. La forêt, c’est du sapin naturel, du sapin pectiné, c’est trop haut pour le douglas (prononcer dougla) et les épicéas ne tiennent pas non plus, les racines sont trop en surface et ils meurent de soif. Et des hêtres, il n’y en a pas, c’est trop haut. Peut-être dans quelques années, avec le réchauffement ?
Michel, bûcheron donc, fait du jardinage dans la forêt, les coupes rases, ça lui donne la chair de poule. Mais malheureusement, dans bien des cas, les éclaircies on ne veut plus en entendre parler, il faut faire du chiffre. Et aussi, maintenant, on coupe à n’importe quelle saison de l’année, même quand il y a de la sève, puisqu’on enlève plus l’écorce sur le terrain. Avant, comme on laissait les écorces et des branches sur le terrain, les gens pouvaient venir les ramasser pour en faire du bois de chauffe.
Aujourd’hui, on fait appel aux bûcherons-jardiniers pour aller dans les endroits où les machines ne vont pas. Mais la tendance est à la coupe blanche et le sentiment est fort que ça ne reviendra plus vers autre chose.
« Quand on travaille dans le bois, il y a des bonnes et des mauvaises années : comme ont dit, le bois, c’est en dents de scie. » / « Tu fais une charpente avec du bois d’un arbre coupé à 40 ans, ta charpente elle dure 40 ans. Tu fais une charpente avec du bois d’un arbre coupé à 100 ans, ta charpente elle dure 100 ans. »
On rigole, mais il y a du sérieux et de l’inquiétude dans tout ça. La nouvelle mode, c’est d’essayer avec le mélèze ici. Celui de Sibérie ou celui d’Europe ? Un hybride. Parce que l’un pousse vite mais tordu et l’autre droit mais lentement. Un hybride qui devrait pousser vite et droit. Espérons que ce ne sera pas lentement et tordu.
Le courrier par tous les temps.
Nous rencontrons René, qui a été facteur et qui nous raconte qu’à l’époque, le facteur apportait aussi les colis de nourriture aux personnes qui ne pouvaient pas se déplacer, c’était pour rendre service. Aujourd’hui, c’est payant.
Il y a longtemps, René avait passé deux ans au Canada, et de là-bas, il avait rapporté des raquettes à neige. Ça n’a pas été pour rien, parce que certains jours, René a dû continuer à pied et ressortir ses raquettes pour pouvoir à distribuer le courrier pour toutes les maisons de Chalmazel.
c’est pas parce que.
C’est pas parce qu’on habite à la montagne, qu’on ne va pas à la plaine.
C’est pas parce qu’on habite à Chalmazel, qu’on fait du ski.
C’est pas parce qu’on va skier à Chalmazel, qu’on connaît le bourg.
C’est pas parce que l’école est aussi à Saint-Georges-en-Couzan, qu’elle ne s’appelle pas l’école de Chalmazel.
C’est pas parce qu’on va à La Source, qu’on y boit de l’eau.
C’est pas parce que c’est la saison creuse, qu’on n’est pas bien à Chalmazel-Jeansagnière.
C’est pas parce qu’on n’a pas envie d’être filmé, qu’on n’a pas des choses à dire.
C’est pas parce que dans la plaine des gens vous diront « n’y allez pas, les corbeaux volent sur le dos », qu’il faut les croire.
C’est pas parce qu’on a un GPS, qu’on ne se perd pas dans les hameaux de Chalmazel.
C’est pas parce qu’on n’est pas là à l’année, qu’on n’est pas amoureux de Chalmazel à temps plein.
C’est pas parce qu’on habite les hameaux qu’on va au bourg.
C’est pas parce qu’il y a des nuages, que les étoiles ne brillent pas.
C’est pas parce qu’il y a des touristes, qu’ils s’arrêtent au bourg.