Nous n’irons pas à Avignon

La nuit tombe plus vite. On a déjà perdu quelques minutes de soleil depuis la fin juin. Avignon bat son plein depuis hier ou avant hier. L’année dernière et en 2014, nous y étions allés avec des spectacles différents. C’est à Avignon qu’il faut être si on veut vendre des spectacles. Toute la profession y est rassemblée. Dans des hôtels ou des campements plus ou moins chers selon qu’on est en bas de l’échelle sociale du monde du spectacle ou tout en haut. Les plus riches ne sortent que le soir et se regroupent dans quelques uns des plus grands hôtels de la ville avec parcs et jardins.

En 2014, notre passage à Avignon a relancé la tournée de La Brique que nous jouerons encore la saison prochaine.

On a fini cette année en force, avec deux stages de quinze jours à la suite et le spectacle de la Redoute à Wattrelos. Dans dix jours, on part pour quelques dates de tournée avec La Brique en Bretagne, qui démarre à… Merlimont.

On est tous absolument des No Border

Ben vlà, la dernière journée du chantier de stage de théâtre et danse est terminée ! On s’est quitté sur les coups de trois heures. Les unEs allant au musée du Louvre Lens, d’autres directement à Paris, Tremblay ou Nantes, Bordeaux, Toulouse… On s’est retrouvé ce matin autour d’un grand cercle, sur des chaises et chacun a dit ce qu’il avait sur le coeur, concernant le stage. Tout s’est très bien passé. On a manqué de temps pendant ce stage pour aller au fond des propositions. On n’aurait peut-être pas dû faire de présentation. Un beau groupe, une belle équipe… Merci aux Chantiers Nomades de permettre ce type de rencontres, de formation. On en retire tous beaucoup, les formateurs comme les artistes. On apprend beaucoup des autres.

Il faut prendre soin des gens. Chaque être humain est un être de cristal et sa sensibilité est son génie. Chaque instant de rencontre, de travail et recherche est un instant privilégié,  qu’il faudrait pouvoir apprécier comme un cadeau de la vie.

On a travaillé sur un sujet d’actualités très douloureux, les migrants à Calais. On est allé à Calais, au Forum, au camp des migrants, on a été reçu à bras ouvert. Voilà des gens qui savent recevoir ! Le monde, l’avenir est porté par nous touTEs et par ces gens en particulier. On a mille chose à apprendre d’eux et elles. On a tant à apprendre des autres, si on veut bien se rendre disponible. Si on veut bien tendre la main. Les migrants ont reconstruit un monde à Calais, une entr’aide, une solidarité, c’est une utopie en marche. Pourquoi leur opposer tant de violence. Les idées avant-gardistes font peur mais elles finissent toujours par triompher, malgré les obstacles, la coercition, les frontières et la bêtise.

Une journée de répétition, de représentation, de réflexion, de rencontre et de voyage voyage

On est allé chercher Zimaco à Calais et on l’a reconduit ce soir, pile à l’heure du match. Zimaco a fabriqué l’école du camp des migrants de Calais. Ecole publique et laïque du camps de calais, du bidonville de Calais ou comme le nomme Zimaco, le Forum de Calais. En effet aucun lieu à des kilomètres et des kilomètres aux alentours ne rassemblent tant de gens de pays différents, de langues différentes, de religions différentes. Et toutes ces populations tous les jours discutent ensemble, imaginent des voyages ensemble, construisent (sur place) un autre monde. Un bel exemple, une preuve d’une autre vie à inventer, une preuve qu’on peut penser et bâtir avec intelligence, humanité et solidarité. Zimaco a vu le spectacle qu’on a présenté cet après midi au 11/19. Il nous a dit, j’ai gardé les yeux et les oreilles grand-ouverts du début à la fin. Je n’en croyais pas ce que je voyais. Merci.

No Border

Ça y est ! Quoi dire, demain, c’est le grand jour ! Présentation des travaux du stage des Chantiers Nomades, à 16h30 ! On a préparé le montage, aujourd’hui, on est, on le pense, trop long, mais on a encore demain matin pour revoir tout ça ! Ça va le faire ! Pas de doute, là dessus !

On avance à grands pas

J-2 avant la présentation du work in progress consacré au chantier nomade qu’on a appelé No Border. Deux semaines de recherche et de formation pour 14 stagiaire coordonnées par Nadège Prugnard, Guy Alloucherie et RV Sika. En préparant ce soir les différentes hypothétiques séquences du spectacle, on s’est dit qu’on devait baser notre narration sur la journée qu’on a passée à Calais. D’autant plus que celle-ci a déclenché beaucoup de réactions avant et après qu’on soit allé à Calais. Cette journée sera racontée à plusieurs reprises par les comédienNEs en fonction de ce que chacun a vécu ce vendredi dans le bidonville de Calais. Les expériences sont très différentes, les uNEs ont rencontré plein de gens à l’école laïque du chemin des Dunes tandis que d’autres ont participé au happening des robes de mariée et des fleurs. Dans le bidonville les migrants parlent anglais. Alors les discussions furent toujours passionnantes mais aussi souvent cocasses et parfois très drôles. Chacun a interprété ses souvenirs à sa façon, consciemment et inconsciemment. Selon son désir d’être là ou pas. Ces récits formeront le coeur du work in progress auquel se rajouteront des séquences plus généralistes ou abstraites sur les migrants de Calais et du monde en entier.