Balayer devant sa porte

The tour is over. Tout le monde s’est séparé. Rentré chez soi ou en vacances. En tout cas, on a bien travaillé. Nos techniciens -magiciens dont Marie ont assuré au delà de ce qu’il est permis de demander à unE technicienNE. Des journées de travail très longues. Tous les jours, on quittait une ville pour en rejoindre une autre. Parfois à plus de trois heures de route. Puis il fallait décharger le camion et monter le décor, jouer et démonter dans la foulée. Faut du courage, le matériel est lourd et encombrant. Du courage et de la patience. Espérer que le spectacle démarre à l’heure et que la discussion, qui a lieu avec le public après le spectacle, ne dure pas trop longtemps parce qu’il faut faire place nette avant d’aller se coucher. Tous les jours après minuit. Et reprendre la route, le lendemain matin, vers neuf ou dix heures.

Alors qu’il est question du monde ouvrier dans le spectacle La Brique, des luttes ouvrières et d’injustice sociale, on se doit de commencer par respecter les règles du travail dans sa propre boutique. On s’est partagé le mémoire  que Cécile Offroy avait rédigé en 2006, sur la la souffrance au travail dans le milieu culturel, où il est dit que sous prétexte d’art et de passion, d’aucuns s’autorisent toutes les dérives. Edifiant !

« humilité vertigineuse »

On est arrivé à la fin de la tournée des CCAS de Bretagne. Sarzeau a été la dernière étape. On dort à Vannes. Toute l’équipe se sépare demain aux aurores. En train, en voiture, en camion. Ce soir fut une soirée différente. Très intimiste. Le spectacle s’est déroulé comme un dialogue avec le public. A chaque détour de séquence quelqu’un nous interpellait pour réagir, donné son avis ou rire. Chaque représentation est aujourd’hui très différente de celle qui la précédait. Nous sommes restés plus longtemps qu’à l’habitude au bar du centre. Personne n’est sorti pendant la représentation, à la différence des autres soirs. Nous avons joué dans un coin de la grande salle de spectacle, un peu comme si nous étions dans un grenier. Marie n’a pas pris de notes, ce soir. Christophe s’est enfermé dans un petit coin du plateau pour faire sa régie lumière et la vidéo. Simon a pris place à la frontière de la grande salle pour le son. Le démontage s’est passé tranquillement et nous avons pris la route de notre dernier couchage de la tournée, l’hôtel Qualis.

c’est l’injustice qui crée toutes les formes de cruauté

Mesquer is over. Sarzeau, to morrow, the last but not the least. Les prochaines auront lieu en Lorraine. Même situation que dans le Nord Pas de Calais. Une bonne centaine de personnes, ce soir à Mesquer dans la salle de la CCAS, au début du spectacle dont les parents de Lucie et Marion, des amis de Marie. Ils se sont placés au premier rang. Comme après chaque représentation dans les CCAS, on a discuté. On a parlé de la honte. De ce qu’on nous met dans la tête, à l’école, quand on vient d’un milieu pauvre. Du mépris qu’on ressent de la part de ceux qui sont « bien » nés. Des familles riches au capital culturel solide. Du décalage qui se crée entre les mondes. Parce qu’on va s’éloigner d’un monde et ne jamais appartenir à l’autre. Emigré de l’intérieur. Et ça rend malheureux et ça met en colère. Ça peut même rendre fou de rage. Rien n’a jamais vraiment changé dans notre société dominée par les élites des grandes écoles issus des milieux les plus aisés. Ceux ci ont, de plus, totalement perdu le contact avec le terrain, avec les gens qui vivent dans les quartiers et les cités. L’un des derniers ministres issu de la classe ouvrière était Pierre Bérégovoy et il s’est suicidé. Aurélie Fillipetti, quant à elle, a démissionné avec pertes et fracas.

Simon à l’épreuve des Briques !

Hier à Trégunc et ce soir à Baden. Brique après brique, on s’achemine tout doucement vers la fin de cette deuxième tournée des CCAS de Bretagne. Demain soir nous serons à Mesquer et vendredi, à Sarzeau pour l’ultime Brique de la tournée. Ça fait deux journées de travail encore bien remplies pour toute l’équipe. Jérémie est parti ce matin, remplacé par Simon qui s’est très vite adapté à la technique de la Brique. Certaines journées paraissent plus longues que d’autres. Peut être, est-ce à cause de la fatigue? Aujourd’hui, on avait retrouvé de l’énergie et tout s’est passé sans difficulté. A l’heure de l’apéritif, ce soir, tout comme hier, on a participé à un jeu collectif. Hier, c’était un quiz et ce soir un blind test musical. Christophe, Marie et Simon ont cartonné. Rien ne leur est étranger en ce qui concerne la musique moderne.

Le spectacle a pris un tour particulier, ce soir, puisqu’il était très participatif. Comme jamais il ne l’a été. Beaucoup de digressions. On a tenu le fil narratif en faisant régulièrement appel à Marie, qui réorientait le spectacle sur sa voie principale (elle rappelait à haute voix quelle était la suite du spectacle quand on s’était engagé sur des chemins de traverses qui nous éloignait loin du propos principal). Les gens on beaucoup ri. Les tous jeunes ont participé. La soirée a été joyeuse. L’accueil a été très sympathique. Les animateurs, dont Thomas et le directrice du CCAS, nous ont rendu la vie facile et agréable au CCAS de Baden, pour notre première représentation dans le Morbihan.

Les rochers bretons sont beaux comme dans un roman de Victor Hugo

Quelques douleurs par ci par là, mais rien de grave. Ça tourne ! Hier soir, nous étions à la CCAS de Fouénant. Du monde, toujours du monde. On a de la chance. On joue quasiment tous les soirs à 21H. Les gens arrivent pile à l’heure, en nombre. Tous les soirs avant le spectacle, on fait une mise en train, physique et technique. On s’échauffe et on vérifie les micros et les emplacements de lumière. On a de nouveau changé la console son. On se sert d’un petit matériel acheté pour le spectacle déambulatoire de la cité des Provinces, et qui était utilisé par Martine C., lors de son intervention à la maison des jeunes de Lens, rue Léon Blum. Nous sommes dans le Finistère et dès demain nous rejoindrons le Morbihan. Il fait gris mais c’est très agréable d’être ici. L’hôtel s’appelle le Relais du Henvez, pas très loin de Bénaudet. On dort dans le même hôtel deux nuits de suite. Ce soir, on joue à Trégunc avant Baden demain soir et Mesquer jeudi, puis Sarzeau . La tournée coule jusqu’à vendredi soir à Sarzeau (qu’on n’arrive pas à avoir au téléphone). Hier soir des gens qui ont vu le spectacle à Trégastel sont revenus à Fouénant. Ce matin, un petit tour de promenade dans les environs s’impose à nous. Les organismes commencent à se rebeller.