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"Je dis ça, je dis rien.."

Jean-Baptiste a un scooter. Passant et repassant dans les rues du quartier, il tourne, l’après-midi surtout. Vouté sur son engin, coiffé de son casque, il traverse, d’un bout à l’autre, le quartier, inventant de nouveaux chemins. C’est d’abord Ali qui m’en a parlé. « Bon, qu’est ce qu’il y a de beau à Wingles ? » Alors qu’un scooter prenait un virage, tout près de nous, et qu’Abdel me disait avant de se reprendre, qu’il était de l’art,  » je sais pas moi ce qu’il y a de beau dans ce quartier… il y a Jean-Baptiste qui roule en scooter ».Sullivan, bon joueur de foot, un numéro 7, comme Christiano Ronaldo, m’a raconté qu’il était parti à Los-Angeles une fois, pour un tournoi, « Les p’tiots du Barça fallait voir comment ils assuraient ». Il m’a aussi raconté que Jean-Baptiste était un as sur son scoot.

Moi, je ne l’ai jamais rencontré, mais je l’ai déjà vu remonté la rue de la Coupignies sur la roue arrière.
La rue de la Coupignies, c’est un lieu entre la place centrale et la cité des provinces, une artère entre les corons et les maisons. Il n’y a pas ou peu de maisons individuelles dans le quartier, on est toujours rattaché à l’autre. La rue de la Coupignies c’est un lieu entre Ondine et Samir, entre Kevin et Jean-Marc, une rue qu’on traverse forcément, une rue ou l’on se rencontre, ou l’on se réunit, ou l’on s’arrête, ou la vie se fait.

SEB

hier, et aujourd'hui

Hier sur le marché. On demande aux gens de choisir une citation imprimée, et de poser devant la caméra avec. Il y a celle qui choisit « il pleut sur la ville comme il pleut dans mon cœur » et qui la montre sous un soleil écrasant.
Il y a du soleil et beaucoup de couleurs sur les étals.
Le placier vient nous voir à la fin du marché, il demande si on a une autorisation. On se demande s’il veut q’on paye notre place.

« il faut mettre le mode contact, dit Guy, une fois qu’il est enclenché, ça va, ça marche ».

Etrangement, c’est toujours difficile d’enclencher, pourtant quand c’est fait, quand on a commencé, ça va tout seul. Ca a l’avantage que l’accueil des gens qu’on rencontre reste toujours une surprise.
La première porte du porte à porte.
Je vais d’abord aller afficher les citation pour m’approprier le quartier.

Affichage et tracts.
Un éducateur qui connaît bien culture commune dit à un jeune qui est là « tu ferais mieux d’aller avec eux, voir ce qu’ils font » il répond « oui, mais je peux pas, demain, j’ai le bac ».

Il y avait un gros rottweiler dans un jardin qui sautait sur le grillage en aboyant, et contre le grillage du jardin d’en face, trois petits enfants qui regardaient le rottweiler.

aujourd’hui.
Ils dansent au collège. Il y a plein de remarques plutôt positives et bien sûr aussi le « moi aussi je peux le faire ». Ca sent la fin de l’année, les vacances toutes proches, juste après le brevet. Je me dis que si on revient en septembre ils se souviendront avec nostalgie de quand on est passé avant les vacances.
Puis devant l’école primaire, à la sortie. Les mamans sont souriantes, les enfants sont curieux. Y’a un petit garçon qui s’intéresse beaucoup à la caméra, il regarde enfin le danseurs et crie « ils font des tourbillons ». Il y a une petite fille qui tangue un peu, esquisse un mouvement ou deux, en regardant l’adage. Empathie.

Dans la pelouse de HLM des provinces. Un monsieur a étendu à sa fenêtre un drap imprimé Mondrian.

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