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Les femmes du Fanal

Quand tu vois le boulot qui est fait par les gens du Fanal, t’en reviens pas. Le lien qu’ils tissent entre les différents secteurs d’activités de la ville, au plan de l’éducation (les écoles, les lycées) au plan du travail ( le contact avec les entreprises et les CE du secteur) au plan de la santé et du social ou des populations en général, t’en reviens pas.  Des chantiers navals à Airbus ou Sides et Man Diesel en passant par les maisons de quartier, les hôpitaux psychiatriques, les clubs sportifs, elles (ce sont des femmes) sont sur le terrain en permanence. Elles creusent, elles fouillent, elles fondent, elles foncent. Elles sont en activité et en réflexion permanente. Elles se coupent en quatre. Elles diffusent des spectacles et des idées. Toujours elles refont le monde. Elles créent les contacts. Elles mettent les gens en relation. Elles montent des projets. Elles organisent,  elles provoquent des rencontres aux quatre coins de la ville. Pour rendre l’improbable probable et tout…

petit tonneau

On nous avait dit que l’immersion dans le quartier passait par un passage au petit tonneau. Un passage au petit tonneau équivaut à une immersion dans un (deux, trois…) petit(s) chardonnay… Jacky, le cafetier, et tous les gens d’ici sont plus qu’accueillants.

Martine dit : « non, pas de petit blanc, je suis barbouillée »

le café entier éclate de rire :« ça va te débarbouiller vite fait !»

On est sorties sacrément débarbouillées, et il était pas midi.

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Ne pas oublier d’aller dans les cafés à des heures buvables (zut, on a rendez-vous avec Jacky jeudi, à 9h30… ça va débarbouiller sévère).

 

flora

Mardi 23 octobre -pourquoi on est là!-

Le Temps de Méan et de Penhoët (22.10.07)

Les Artistes en résidence

Les artistes de la compagnie Hendrick Van der Zee ont pris leurs quartiers dans le quartier. Ils parcourront les rues à votre rencontre, frapperont à votre porte à la recherche de témoignages, d’anecdotes sur la vie du quartier. Pour faire un film dont les habitants seront les premiers acteurs. Ce film n’est ni un documentaire ni une fiction. La forme est à inventer avec vous. Ce film sera présenté à la salle J. Brel le 11 décembre 2007 à 18H et 20H30. Vous y êtes cordialement invités. Mais comme on dit, l’œuvre est dans la démarche et ce qui compte tout d’abord c’est qu’on passe vous voir, qu’on fasse de cette résidence un temps de rencontres.

Transformer chaque geste du quotidien en un geste poétique. Poïélitique.

Ce film est réalisé dans le cadre d’une démarche initiée par Culture Commune, la Compagnie H.V.D.Z et la scène nationale LE FANAL. Au plaisir donc de vous rencontrer… Vous pouvez participer et apporter votre contribution sur le Blog spécialement créé pour l’occasion http://www.hvdz.org/blog

intérims et ptis cafés

Il y a une épée de Damoclès au dessus des chantiers, depuis des années. Un coup on fait des promesses, puis on vire, on rembauche, puis on dit que ça va fermer. Y’a toujours une menace. Une précarité maintenue. Alors les gens se protègent. Il y a ceux qui partent. Une fois virés, ils vont trouver ailleurs, mieux payés, et ne reviennent plus quand ça rembauche. On dit qu’il n’y a plus de main d’œuvre sur place, mais on l’a trop trimballée, la main d’œuvre d’ici.

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Et puis tout a été fait pour casser la vie sociale, la vie ouvrière, collective. Les horaires étalés, personne embauche et débauche en même temps. Il y a maintenant des selfs dans les chantiers, pour éviter que les ouvriers aillent manger – et boire – dans les cafés du quartier. Alors le quartier meurt peu à peu, les petits commerces se serrent la ceinture même quand les chantiers sont en essor. Y’a que les agences d’intérim qui fleurissent. Un bar ferme, une intérim ouvre. Il y a des rues d’intérims, toutes côte à côte. 

Il y a des entreprises sous-traitantes qui font venir des indiens, des polonais. Ils rachètent des immeubles pour les loger, à cinq par chambre, ils les nourrissent et retirent tout ça de leur paye. Déjà que la paye est légère pour eux, il ne reste pas grand chose une fois les charges retirées par l’employeur lui-même.

Au café de Lorient, ils disent : « nous, on manifeste, on fait la grève pour être mieux payés. Les indiens, eux, la seule fois où ils ont manifesté, c’était pour être payé tout court. L’employeur ne les payait plus, tout simplement ».

Autrefois, il y avait des pensions, mais elles ont toutes fermées. Il y avait la plus connue, celle des célibataires. Elles étaient trop chères, et puis devenues inutiles puisque les employeurs logent les travailleurs qui viennent de loin.

Alors forcément, tout le monde ici dit : « avant, c’était pas pareil »

 flora

Un coup de fil de camarade

On a beaucoup parlé aujourd’hui d’éducation populaire, d’action culturelle et d’émancipation populaire. On essaye de voir si il est possible que les acrobates en fin de semaine interviennent dans une usine. Chez SIDES, le constructeur de camion de pompiers? -En tout cas c’est là que ça paraît le mieux engagé. Le téléphone de Flora sonne. C’est l’Internationale qu’elle chante a capella.

au Café Lorient

En passant boire son ballon de rouge, un ouvrier nous raconte les bateaux, les visites, tout ce qu’il y a dans un bateau : des salles de spectacle, des bibliothèques, des restaurants, des magasins de luxe, une prison, des piscines, hammams, saunas, salles de gym, salles de sport, casino, patinoire, hôpital, fumoir, circuits de jogging, et même, parfois, des restaurants pour chien et chats.

Il y a toutes sortes de métiers sur les chantiers. Monsieur Cochet, le patron du Lorient, a l’air fasciné par les artisans, les compagnons. Il nous parle longuement des staffeurs, des plâtriers, des ébénistes, des marbriers. Une énorme industrie du luxe. Il y a toute sortes de métiers. Des soudeurs, chaudronniers, électriciens, agents de maintenance en climatisation, en systèmes électriques, des serruriers, des testeurs de vibrations. Il y a même des testeurs de mobilier, spécialement pour les bateaux américains. On nous raconte : « c’est des gros balèzes. Ils s’assoient sur chaque meuble, sur chaque petite tablette, sur chaque lavabo – …et il y en a ! – pour être sûr qu’ils résistent quand les clients s’assoient dessus, parce que sinon, avec les américains, c’est procès direct ! »

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Pour visiter les bateaux, quand ils sont finis, il faut que l’armateur soit d’accord, et puis il faut des invitations. On peut en avoir par les ouvriers des chantiers, mais c’est très recherché.

Parfois, quand il y a du retard sur les chantiers, le bateau part alors que les finitions ne sont pas finies. Il part avec les ouvriers, qui finiront les derniers détails pendant la route vers le port d’attache.

Dès fois, il y a des gros patrons qui passent au café de Lorient. Pas souvent, mais des fois. Un jour, il y a un gros patron qui était venu en avion privé. Il a mangé là, puis il voulait repartir en voiture, alors il a demandé aux ouvriers de lui laisser une voiture de la boite. Ils ont laissé la plus pourrie, bien sûr. Le lundi suivant, la boite avait une voiture flambant neuve.

Lundi 22 octobre 2007 vers 20h23

A la maison de quartier Le Chantilly où on nous a réservé une grande pièce. Les contacts se multiplient. Nous sommes allés déjeuner au St Denis, le plus vieux café de St Nazaire. Nous irons tous les midis. Et le soir on soupe à la maison de quartier. Au St Denis on rencontre plein de gens. Des habitués du quartier et des ouvriers des usines et des chantiers. Martine et Flora y sont retournées dans l’après midi. Elles ont longuement discuté avec la patronne. Une dame très accueillante. Qui connaît très bien le quartier. Demain nous ferons le point aves Georges, le directeur de la maison de quartier pour qu’ils nous fassent part de ses connaissances.