docteur, c’est le coeur !

On a été reçu comme des rois, rendez vous en face de la poste, à l’ancienne mairie. QG du comité des fêtes, Stéphane et ses acolytes nous ont déroulé le tapis rouge. Déjeuner carbonade Flamande, un délice, frites et salade. On a rencontré déjà beaucoup de monde, on rencontre une personne à la minute…. à chaque ruelle on croise quelqu’un de nouveau. Bonjour vous êtes ? On ne sait pas si demain on les reconnaîtra. C’est fou carnaval, tout est chamboulé. Et voilà premier jour on est emmené dedans, ça tourbillonne de partout. Des couleurs, des rires, des bises qui claquent, camarade ? oui ! C’est un moment intense, on le sent. Stéphane en parle avec passion. On a pris notre courage à deux mains, et on y est allé, c’est de plus en plus dur de faire des événements gratuits. On sent partout autour de nous, cette envie de rire, de faire la fête de donner de la joie aux gens, de prendre du plaisir. Hervé m’a dit : tu vois un jour, il y aura une vile où ce sera carnaval tout le temps, et celui qui va inventer ça, il aura tout compris.

Il vaut mieux comprendre qu’apprendre par coeur

J’ai remarqué y’a longtemps qu’il valait mieux comprendre qu’apprendre par cœur, dit Florian pour terminer (en beauté) la conversation filmée. Avant ça, il nous a raconté comment il a grandi ici et comment il s’est attaché à son pays dès l’enfance, avec les virées en vélo pour faire des matches de foot contre les copains des autres villages, et puis avec ce milieu associatif où les parents étaient engagés – alors, oui, bien sûr, il s’est engagé aussi, avec son frère, dans les jeux flamands d’abord, dans l’association Rexpodingue ensuite, pour faire revivre un carnaval qui bat son plein aujourd’hui même. Florian est attaché aux valeurs des Flandres et aux valeurs de son village, le respect, la chaleur humaine, le patrimoine architectural, la fête. Des temps modernes, il regrette la périurbanisation (Rexpoëde-dortoir), mais il est accepte avec plaisir d’autres aspects, la rénovation de la voirie, la nouvelle médiathèque, la diversification des activités grâce à internet. Il nous parle de son enfance, des personnages locaux, de Pépère et sa femme, sur leurs chaises, qui donnaient toujours un bonbon à la sortie de l’école, des saules têtards vers lesquels c’était vraiment bien de faire du vélo. En me renseignant un peu sur ce qu’est un saule têtard, j’apprends qu’ils sont les reliques d’une certaine conception de l’agriculture : bois de chauffage, vannerie, stabilisation des berges, atténuation des inondations, ombre pour les bêtes, écosystèmes à eux tout seul, ils sont les témoins d’une manière de faire extensive (et révolue). C’est vrai qu’en marchant dans Rexpoëde je remarque des tas de fumier, des barrières qui laissent passer les hommes mais pas le bétail, des jardins potagers plutôt soignés : les petits détails d’un monde agricole alentours.

La Source

La route n’est pas longue, depuis Lille, depuis Lomme, depuis Fresnicourt-le-dolmen, depuis Tourcoing ou encore depuis Bruay-la-buissière. La route est un peu plus longue depuis Tremblay-en-France. Depuis ces points plus ou moins épars sur la carte, on s’est tous retrouvés à dix heures devant la source, qui n’est pas un point d’eau, qui est un centre social, qui est notre quartier général pour une semaine – et aussi l’endroit où on va jouer, samedi prochain. Par la fenêtre il y a un fameux entrelacs de branches qui a très envie d’être dessiné. Et puis on peut aussi voir le vent, oui, le voir, vu qu’il souffle assez fort sur ce qu’on appelle ici le pays nu, en agitant les branches et en couchant les herbes.
On s’est vite mis au travail, en blaguant, quand même, c’est important. Aujourd’hui c’est carnaval, alors on ménage notre endurance pour aller jusqu’au lancer de harengs, à 18h30. En plus, devant ce chez-nous temporaire, on nous a préparé un char. Le mieux, c’est de mettre une photo, j’y vais.