Il n’est plus question de miam au fruit

A La Sentinelle, l’équipe prend du poids. Rien qu’aujourd’hui, nous avons mangé:

– des mars et des lions

– des noix de cajou

– des fruits secs

– des patates

– de la daube

– du pain de mie

– du fromage

– des cookies

– des yaourts

– des bonbons

– de la réglisse

– du raisin

– du chocolat

– des galettes de riz

– des pommes

– du beurre 

On est un âne

On a marché, beaucoup. On a traversé la ville, ses rues, ses impasses et ses chemins de terre. On a imaginé des lignes, on a tourné sur nous même et activé notre sens de l’orientation. Les chemins que l’on a pris ont façonné un plan imaginaire, notre image de la ville. On a dessiné des perspectives et transgressé les sens interdits.  On a pris le temps de discuter, on appris, on a deviné, on a posé des questions, des questions bêtes, des questions pertinentes, des questions métaphysiques… On a sonné chez les gens, on a écouté les sons de leurs sonnettes, on a découvert leurs intérieurs, on à vu leurs portes rester fermées. On a entendu des histoires, des petites et des grandes, des timides et des expansives, on a su , on a compris parfois et d’autres fois le mystère subsiste. On nous a confié comme des secrets, des morceaux de vies, fragiles et instantanés. On a tenté de ne pas les laisser s’échapper. On a fait rire, on a ri. On a dansé, ou essayé.

Maintenant, rassembler tout ça, ramasser tout ça, organiser tout ça. Ça déborde. Qu’est -ce qui reste après ? Qu’est-ce qu’on retient ? Qu’est-ce qu’on emporte avec nous et qu’est-ce qu’on laisse sur place quand on s’éparpille ?  Trop de mots débordent de ma caboche et ruissellent sur le clavier, trop de mots et en même temps pas vraiment assez pour dire.  Comme toujours. 

  

Quelques photos que je n’ai pas prises (souvenirs en vrac de la semaine pour préparer le grand dessin de samedi)

Vingt personnes sont assises autour de six longues tables disposées en un grand carré – comme un banquet. Contrejour, pluie à l’extérieur. La dame qui parle le plus a un chemisier blanc. Ils ont tous les yeux fermés et les mains posées devant eux sur la table, sauf un homme qui a pris sa tête dans ses mains et qui s’est courbé, replié autour de son coeur.

Presque pluie. Un enfant, dans la cour de récréation, marche seul au milieu les autres qui jouent en groupe. Il a un pantalon de couleur et un sweat-shirt bleu pétant. Il se parle à lui-même, il arpente tout le territoire. Il invente ses jeux imaginaires, monte sur un promontoire. Les autres le laissent circuler, il est là tel quel.

Préau. Immobile contre un poteau, une petite fille regarde de très près un groupe d’enfants qui chahutent. Elle est là toute proche, mais ne participe pas au tumulte. Elle le scrute, uniquement.

Deux enseignants, assis sur un rebord de fenêtre, dans une classe désaffectée. Visage sévère, peut-être désapprobateur. Ils regardent leurs élèves, qui suivent les instructions de Jérémie : rejouer certaines scènes de désordre ou de conflit.

Cécile, habillée en violet, visage tout proche du mien, avec les yeux qui rient, 94 ans. Elle se cramponne à mon bras devant le coccimarcket. Se tourne de temps à autre pour retrouver sa nièce.

Une ribambelle d’enfants entre dans la salle, bondée d’enfants plus grands. Cris et tumulte et sueur des grands. Les petits ont trois ou quatre ans. Ils restent groupés autour de la dame qui les accompagne, se tiennent la main. Il tournent leur yeux vers moi ou regardent autour d’eux. Ils ne sont ni décontenancés ni effrayés, ils observent, c’est tout, ils enregistrent : voilà ce qu’il se passe ici.

Grand jeu: qui a dit????

Jamais le soleil ne nous fera mal
Nous avons la main sur les étoiles
Même la fin du monde ne nous fait pas peur
Et on donnerait tout pour le bonheur
Nous avons toujours aimé les femmes
Aimé le plaisir et puis le diable
Nous n´avons fait de mal à personne
Mais qu´y a-t-il dans le coeur des hommes?
Arrêtons les canons
Nous voulons de l´amour

???????????

J’aurais pu tout aussi bien voyager par le monde et ramener des choses plus subtiles, issues de cultures ou de traditions savantes de ces autres pays, mais je ne cherche pas un beau résultat artistique. Mais plutôt à me reconnecter avec une réalité qui a été mienne.  

????????????

Je n´ai pas cru les mots 
Quand ils étaient trop beaux 
Je n´ai pas pris les clefs 
Je n´ai rien refermé 
Mais je les ai usés 
Ces chemins buissonniers 
Aux mûriers de béton 
Le nez dans le goudron 
J´ai grandi dans la rue 
Avec au bout des poings 
Des tessons de refus 
Plantés dans mon destin 
Pour n´avoir rien voulu 
Je n´ai rien retenu 
Pour n´avoir rien touché , Je n´ai rien déformé  

?????????????

Jamais la psychologie ne pourra dire sur la folie la vérité, puisque c’est la folie qui détient la vérité de la psychologie.

?????????????