Monchecourt

En haut du terril de Monchecourt, sur l’ancien carreau de fosse St Roch, on voit les 27 clochers alentours. Deuxième partie d’après midi du premier jour de résidence à Monchecourt pour le portrait de village qu’on fait avec et pour les habitants. Ça rentre et sort du Q.G. On prend le rythme petit à petit. On a décidé que dimanche matin, on allait participer à la randonnée pédestre qui part à neuf heures tapantes. Quand les cloches sonnent l’heure de la messe. On va repérer le parcours de la randonnée et imaginer des endroits pour danser avec nos acrobates et nos danseurs. Didier, Marion et Hervé sont partis à la rencontre d’un poète à la cité St Robert. Les cités et les puits de mines portaient souvent les noms des patrons qui les dirigeaient. Et les églises aussi. C’est à peine imaginable aujourd’hui. On se dit que les choses ont bien changé. Mais pas tant que ça. Les injustices sont toujours là. C’ est la forme qui a changé.

Guy et Hervé sont revenus émus de leur interview. Le soleil est revenu aussi. Le Pôle de lutte contre l’exclusion sociale, c’est comme le bois dans la chaufferie, ça réchauffe. Le plus beau c’est le baudet du Poitou! Monchecourt est un village équilibré, ni trop jeune, ni trop vieux. Pandore a laissé le désespoir au fond de la boîte. Heureusement. Les Monchecourtoises sont courtoises. Ce soir, on a rendez-vous avec le petit chaperon rouge. On a vu deux baudets dans la voyette. Le baudet est sélectif. Il ne s’enfuit pas devant les grands espaces. Il s’arrête et réfléchit. Il n’est pas têtu, contrairement à ce qu’on peut croire, il est réfléchi. Il ne peut pas se sauver. Sinon il tomberait dans le ravin.

Jeanne nous ouvre la porte de sa maison. Volga, la chienne, reste dans le jardin et nous observe, à travers la baie vitrée. Jeanne nous raconte son village. Son dada, c’est tout ce qui est culturel. Et les écoles. Ici, on a les avantages de la ville tout en étant à la campagne! Il y a une école primaire, une maternelle, et depuis quelques mois, une garderie! Jeanne nous raconte son village, et elle est élégante et naturelle. Un peu de vert sous ses yeux noisettes, des brillants aux oreilles et de jolies chaussures marrons. Elle dit: « Quand on a un projet, on se donne à fond ». Elle dit:  » Les artistes doivent se mettre à la hauteur des habitants ». Elle dit aussi:  » Les artistes sont des rêveurs ».

Pour aller manger, il faut emprunter la voyette, à droite, après le magasin de fleurs. La voyette est étroite bien sûr, étroite et coquette. Au fond de la voyette, il y a un petit jardin fraîchement planté, un vieux mur tagué -« Au revoir président! »- un vaste champs, et des baudets! Ils sont là! Les baudets! On les a dénichés!  Près du hangar métallique vert! On se demande maintenant: mais qui est le propriétaire? Au fond de la voyette, dans le virage, il y a des coquelicots sauvages, des coqs, de l’herbe et une porte de garage. Le paysage est doux, comme l’air. Au fond de la voyette aux baudets, une dame promène son chien et m’indique le chemin. Restaurant scolaire: on a mangé beaucoup d’haricots verts! Au retour, Hervé nous parle de Baldwin et d’un de ses livres, « Harlem Quartet ». Dans la voyette, on apprend que Baldwin est un auteur qui s’est battu pour la reconnaissance des droits civiques et a réfléchi sur la condition de la communauté noire aux Etats-Unis. On arrive au bout de la voyette. Retour au QG. Un carré de chocolat, quelques mots. Et déjà l’envie de ressortir dans la rue illico.

HVDZ est une équipe de geeks. On est tous autour de nos ordinateurs avant de s’éparpiller dans le village. On a réparti les équipes par deux ou trois. Et les piles de tracts-invitations. On a préparé les caméras mais on a égaré un sabot. Entre Dunkerque et Monchecourt. On doit récupérer une voiture de location. Pour Marion. Et aller à la cité St Robert. L’ancienne cité des mines. A plus de deux kilomètres du centre ville. Au Q.G. Jérémie fait quelques échauffements avant de partir en porte à porte filmer les gens devant chez eux. Pendant des heures. Faire une Veillée ou un Portrait de Village, c’est la meilleure façon de découvrir les gens. Et échanger. On attend Jeanne au Q.G.

On appelle les habitants et habitantes de Monchecourt, les monchecourtois et les monchecourtoises. Ça ne s’invente pas.