Boucle Maisnil

Remonter la rue d’Olhain jusqu’à la rue du Sars, redescendre vers le stade. En traversant le stade on peut se retrouver rue de Belfort qui donne sur les rues de Colmars, Metz, Strasbourg, Mulhouse. Cités jardins. Cités ouvrières. Si vivantes. Descendre la rue d’Houdain, la rue des meunières. Le commerce, le seul commerce. C’est une petite boucle. Prolonger en allant, par la rue du presbytère, faire une boucle dans la résidence le bosquet, et remonter en prenant la rue de Ruitz qui remonte jusqu’à l’autre bout de la rue d’Houdain. En partant à droite, puis gauche, remonter vers le rond point et la rue Averlant, jusqu’à la passerelle du bois d’Olhain. Redescendre encore la rue d’Olhain. Passer devant chez Monsieur Sevrin, puis devant l’école. Arriver place de la mairie. Boucle Maisnil bouclée.

club couture

Edith, Nicole, Ghyslaisne, Marie Louise, Madeleine, Marie France, Francine… Le club de couture existe depuis plus de vingt ans. On travaille à partir de patrons qu’on trouve dans Diana Couture ou Burda et Helena Couture. Aujourd’hui on confectionne un short, qu’on va d’abord faufiler, essayer puis passer à la surjetteuse. Quand on arrive à la surjetteuse, c’est qu’on a quasiment fini. Au club de couture, on parle de plein de choses. On parle de cuisine et on fête les anniversaires. On parle de vin chaud et de sucre Candy. On se rappelle le sirop de carotte et de sucre Candy qu’on donnait aux enfants pour soigner les angines. On échange des recettes. Comme le tiramisu qu’on fait avec des Boudoir ou des Speculos. Avec le Boudoir, c’est plus liquide. On déplie le patron sur la table. On dirait une oeuvre abstraite. On cherche la roulette à patron. Le dessin des patrons sur la table ressemble au plan des souterrains de la mine ou de Paris. Et puis on ne trouve plus les contours du patron numéro 5. Il faut retourner la feuille. Un patron, c’est recto verso. On dit ça coûte moins cher de faire ses vêtements soi même. Sauf les vêtements cousus en série. Et on a plaisir à porter ce qu’on a fabriqué. On parle d’un magasin de tissu à Noeux les Mines, en face de la mairie. On dirait une grotte. Il y a des rouleaux de tissus partout.

il y a

Il y a Hervé, l’ordi et le téléphone en même temps. Il y a Julien avec écrit sur son T-shirt That’s What I Said. Il y a des nougatines. Il y a Léo au Judo. Il y a l’enfant qui dort debout.
Il y a presque l’été. Il y a les montagnes d’objets de monsieur Sevrin et sa façon de raconter. Il y a la Smob, le montage complexe. Il y a les trois villages, le bip bip bip devant la mairie de Houchin. Il y a les parfums de la femme du prof de boxe. Il y a le muguet du premier mai qui fane sur la table. Il y a les pots d’inauguration, un deux ou trois. Il y a la belle campagne, partout autour, Estrée Cauchy, il y a William Cheller, le dolmen de Fresnicourt, le bois d’Olhain, Maisnil les Saint Pol. Il y a la grenouille gonflable en papier. Il y a le café. Les cafés. Il y a beaucoup de travail en montage et des tonnes d’interviews. Il y a les deux terrils d’Haillicourt, et les motos. Il y a les mineurs et les agriculteurs. Les grandes et belles fermes. Il y a les calvaires et les oratoires. Il y a Jamel bientôt, ce soir. Il va y avoir du graff sur cello. Il y a des poules, des coqs. Des poules d’Estaires et de coqs Combattants du nord. Et des lapins et des génisses. Il y a plein de vaches veau cochons couvée, la campagne. Les clochers. Les villages. Il y a la mairie de Maisnil vivante et les gens généreux.

à l'année prochaine ?

Hervé a dansé à la maternelle. Les enfants s’approchaient, s’approchaient. Voulaient toujours être plus près. Le cercle se refermait. Il a fallu l’intervention des instits.
Il y a une enfant qui dit : pourquoi il danse dans la cour ? c’est pas un mariage…
Il y avait des dessins à la craie sur le goudron de la cour. Et des dessinateurs.
Un enfant avec un pull vert ne voulait plus laisser partir Hervé. Il a dit, au moment où tout le monde s’en allait : au revoir, à l’année prochaine !

agriculteur-mineur

On a parlé des mines, ce matin. Avec Monsieur Willemetz, l’adjoint à la culture. Il se demandait si on avait rencontré des anciens mineurs, si le passé des mines est encore présent. On a parlé de ça en général, l’effacement progressif de la mémoire minière, et le fait qu’il y a de moins en moins d’ancien mineurs, donc de moins en moins de mémoire vivante. On parle de l’accélération de cette disparition. Mais tout de même on parle aussi de la forte présence de la culture locale, tellement liée aux mines. Le souvenir s’éloigne peut être mais il est difficile de parler d’oubli alors que le passé minier est partout, les terrils, l’habitat, et tant de petites choses encore. Monsieur Willemetz évoque le fait que certaines exploitations agricoles locales appartiennent à des familles de mineurs. Il explique que ces familles ont utilisé leurs revenus de la mine pour investir dans une petite exploitation agricole et que les enfants ont fait fructifier cette exploitation. C’est intéressant de voir les choses sous cet angle. On imagine souvent le contraire , les famille rurales qui abandonnaient leurs exploitations pour aller à la mine. Et pourtant il y a eu une certaine osmose entre le travail à la mine et celui des champs. Les mineurs qui arrondissaient leurs fins de mois en travaillant aux champs, qui profitaient ainsi de bons produits. Et ces fermiers-mineurs qui faisaient fructifier leur salaires des houillères en l’investissant dans la terre. Une osmose.