
Estrée-Cauchy, Hermin, Caucourt, Gauchin le Gal
…
Paysan sans terre, c’est terrible
mais terre sans paysan c’est pire
parce qu’à paysan sans pays
il reste un an
tandis qu’au pays sans paysan
il reste rien
cochon de garde

Paysan
Forçat chez soi attelé à toute heure
mais frère de sa rivière et parents de ses champs
travailleur incessant ouvragé par le temps
agriculteur dit-on, je préfère paysan
Tant qu’elle rit

Ceux qui ouvrent les portes
Ceux qui ouvrent les portes, qui tiennent lieu public
ceux qui créent les instants où vit la république
ont parfois nostalgiques le coeur à marée basse
Barbecues géants, vaisselles titanesques
réunions et nuits blanches pour relier les gens
tu l’fais avec plaisir mais au bout de vingt ans
surtout de notre temps, vu comme c’est dev’nu maintenant
ça lasse.
…
Traire les vaches et écouter Bach
Bacher les granges, faucher, déchaumer, amender
passer l’outil, faire semis et hersétrille,
guetter grêle et cumuli
passer-comme ils disent- les produits
faucher, rouler, atteler, dételer, atteler, dételer, atteler, dételer, atteler, dételer, atteler
s’arrêter
un instant
pour la mésange
Un veilleur à Caucourt

Un peu d’Hermin
Enfance verte en bord de rivière, corvée de bidons, corvée de traite.
C’est plus facile d’avoir un salaire que de vivre dans une ferme.
Quand la ferme d’en face s’est arrêtée, quatre constructions dans un seul pré.
Trop de bagarres dans les bals d’antan, peu d’entrées malgré la fête, anciens bénévoles éreintés, la SACEM nous assassinait
Première guerre, au village, les soldats anglais se reposaient
Seconde guerre, au village, les soldats allemands se reposaient
Déminer le terrain pour construire une grange
Traire les vaches en écoutant Bach
On ne bine plus les betteraves
conseil municipal sans étiquette
prévenir la discorde pour le bien-être
soigner les hommes, animer le hameau
faire naître et vendre les veaux
surveiller le prix du tourteau
de l’ancien au moderne

