Il y a (1) ou retour sur rando 25082012 (2)

Il y a Jeanne maintenant, et Flora avant, il y a les protocoles, il y a les très jeunes, une association et les plus vieux qui n’ont pas peur de la pluie. Il y a l’agenda 21, discussion, échange, interrogation, écologie, environnent, économie, humain, mais il s’agit surtout de solidarité entre les habitants d’un même village. Il y a une éducatrice, un chasseur, une ingénieur en chimie. Il y a Margaux 10 ans qui ne fait plus de Karaté et qui va faire du foot l’année prochaine, et Victor qui a pris sa casquette en cas de pluie et il parle de tout et de rien. Il n’est pas fatigué, c’est ce qu’il dit à sa maman au téléphone. Il y a les champs de maïs, de blé et des maisons au loin. Il y a qu’au retour, après 14 km on aurait bien traversé le champ de maïs pour aller boire une bière mais il a commencé à pleuvoir. Il y a le Gal (il faut trouver son poids pour le questionnaire), alors Isabelle et Geneviève, professeurs de mathématique toutes les deux, mère et fille calculent, additionnent, multiplient. Mesure, densité, répartition de la masse. Résultat, il est très lourd. Il y de l’eau tellement claire qu’on aurait envie de la boire, mais il ne faut pas. Il y a de belles maisons, de grands jardins, un restaurant qui n’ouvre que le week end et une cascade.

retour sur la rando 25082012 (1)

Départ de randonnée 15 km a pied ça use ça uuuusssse, 15 km à pied ça use les souliers surtout quand on n’a pas les bons souliers. Jeunes, moins jeunes, habitants des 4 villages en famille, et Alison de Vancouver. On suit VTT : Vikie Tout Terrain, c’est vraiment son prénom et pas un surnom de guide. Kway ou pas, jeu de piste, questionnaire dans la poche, crayon ou pas départ vers le 1ère photo-expo (expo qui jalonne tout le parcours) du groupe de photographes animés par Homard Payette. Question? Quelle est le nom de la cloche de l’église d’ Estrée Cauchy ?

Portrait 2ème jour

Giacometti :« Il y a beaucoup de gens qui trouvent la réalité banale et qui pensent que les oeuvres d’art sont plus belles. Avant, j’allais au Louvre et je trouvais les tableaux sublimes. Maintenant, quand j’y vais je n’arrive pas à détacher mon regard des spectateurs. Pour moi, le sublime se trouve dans le visage de ceux qui les regardent. »

Randonnée Estrée Cauchy 25082012

Jeunes, âgés, enfants du pays, gens fraichement arrivés, nous étions plus de trente sur les hauteurs d’Estrée Cauchy, colonne enthousiaste et colorée dans l’immense panorama des collines d’Artois, les langues plus bruyantes que les chaussures sous un ciel gris multicolore. Au loin, sous le fil du ciel, la plaque rouge des toits de Divion, les coulées de bois dans les vallons, les champs récemment fauchés qu’il faudra bientôt déchaumer et les herbes folles et la grâce étrange des éoliennes.
Les pas sont vifs, les regards larges, les mots s’échangent et les rires. On parle des vacances, des enfants qui grandissent, d’une émission de télé où des hommes partent nus et à pied à travers n’importe quel pays, du travail repris ou pas, de shamallow trempé dans le chocolat noir, des 1000 marcheurs des foulées du Mont St Eloi, du danger des lacets défaits, de l’antenne relais pour téléphone, de la difficulté qu’il y a à organiser des choses qui plaisent à la fois aux jeunes nés dans le village et aux jeunes arrivés récemment, du PRE de Béthune, des emplois de vacances des enfants, de la tension dans les mollets, du café qu’on pourrait bien boire chez Léo, de la joie d’être en short, des terrasses en pilotis et du bon poisson qu’on mange en Martinique, d’accidents domestiques, de la récolte des patates qu’on a plantées fort tard, de la beauté des tournesols, de la peur de l’échec, d’une envie d’année sabbatique, du pays qu’il faudrait voir d’avion pour voir à quel point il est vert, des constructions pavillonnaires et du peu de terrain à vendre.

On parle de l’ère de la technologie, de pique-nique en commun, des nouvelles barrières de l’école de Gauchin le Gal, du poids du Gal et de la sécurité des piétons, de la beauté des églises rénovées, de la bière bien fraiche que l’on boira bientôt – « c’est l’épi qui fait avancer l’âne « – d’une butte de bicross bricolée par les jeunes du village qui faisaient des bêtises – ils se plaignaient qu’on leur interdise tout alors on les a laissés faire, du choix des options au baccalauréat, de la pente des chemins, du soleil qui entre et sort, d’une ardoise déplacée, du pigeonnier redécouvert lors de la restauration de l’église d’Hermin et des pierres bleues cachées sous le carrelage.

On parle de l’énormité des moissonneuses, des pièges à taupe, d’une meule de foin qui a brulé la semaine dernière, du bénéfique déplacement des fermes hors des villages parce que c’est quand même moins dangereux, de la beauté du ciel d’orage, du nouveau labo de chimie installé au lycée, des lits qui grincent, de Shrek 1, Shrek 2, Shrek 3, de l’homme qui vit sans électricité et avait des chèvres dont une a été fort malade, d’un gardien de football qui est tellement costaud qu’il occupe tout le but, du prochain rallye automobile de l’annulation de la spéciale de Caucourt et de la roue du moulin du gué.

Peu à peu la colonne s’est clairsemée, les langues cessent de barloquer, c’est la pesanteur des genoux qui les freinent et aussi la largeur du paysage. Le vent continue de souffler sur les chaumes et de faire bruire les maïs. Au retour, les tuiles de Divion ont disparu sous la nuée d’orage et toute la colline avec. Quelques gouttelettes à peine nous éclaboussent. On parle moins mais on parle encore, notamment de la suite. Le concert de Izak va bientôt commencer.