Randonnée Estrée Cauchy 25082012

Jeunes, âgés, enfants du pays, gens fraichement arrivés, nous étions plus de trente sur les hauteurs d’Estrée Cauchy, colonne enthousiaste et colorée dans l’immense panorama des collines d’Artois, les langues plus bruyantes que les chaussures sous un ciel gris multicolore. Au loin, sous le fil du ciel, la plaque rouge des toits de Divion, les coulées de bois dans les vallons, les champs récemment fauchés qu’il faudra bientôt déchaumer et les herbes folles et la grâce étrange des éoliennes.
Les pas sont vifs, les regards larges, les mots s’échangent et les rires. On parle des vacances, des enfants qui grandissent, d’une émission de télé où des hommes partent nus et à pied à travers n’importe quel pays, du travail repris ou pas, de shamallow trempé dans le chocolat noir, des 1000 marcheurs des foulées du Mont St Eloi, du danger des lacets défaits, de l’antenne relais pour téléphone, de la difficulté qu’il y a à organiser des choses qui plaisent à la fois aux jeunes nés dans le village et aux jeunes arrivés récemment, du PRE de Béthune, des emplois de vacances des enfants, de la tension dans les mollets, du café qu’on pourrait bien boire chez Léo, de la joie d’être en short, des terrasses en pilotis et du bon poisson qu’on mange en Martinique, d’accidents domestiques, de la récolte des patates qu’on a plantées fort tard, de la beauté des tournesols, de la peur de l’échec, d’une envie d’année sabbatique, du pays qu’il faudrait voir d’avion pour voir à quel point il est vert, des constructions pavillonnaires et du peu de terrain à vendre.

On parle de l’ère de la technologie, de pique-nique en commun, des nouvelles barrières de l’école de Gauchin le Gal, du poids du Gal et de la sécurité des piétons, de la beauté des églises rénovées, de la bière bien fraiche que l’on boira bientôt – « c’est l’épi qui fait avancer l’âne « – d’une butte de bicross bricolée par les jeunes du village qui faisaient des bêtises – ils se plaignaient qu’on leur interdise tout alors on les a laissés faire, du choix des options au baccalauréat, de la pente des chemins, du soleil qui entre et sort, d’une ardoise déplacée, du pigeonnier redécouvert lors de la restauration de l’église d’Hermin et des pierres bleues cachées sous le carrelage.

On parle de l’énormité des moissonneuses, des pièges à taupe, d’une meule de foin qui a brulé la semaine dernière, du bénéfique déplacement des fermes hors des villages parce que c’est quand même moins dangereux, de la beauté du ciel d’orage, du nouveau labo de chimie installé au lycée, des lits qui grincent, de Shrek 1, Shrek 2, Shrek 3, de l’homme qui vit sans électricité et avait des chèvres dont une a été fort malade, d’un gardien de football qui est tellement costaud qu’il occupe tout le but, du prochain rallye automobile de l’annulation de la spéciale de Caucourt et de la roue du moulin du gué.

Peu à peu la colonne s’est clairsemée, les langues cessent de barloquer, c’est la pesanteur des genoux qui les freinent et aussi la largeur du paysage. Le vent continue de souffler sur les chaumes et de faire bruire les maïs. Au retour, les tuiles de Divion ont disparu sous la nuée d’orage et toute la colline avec. Quelques gouttelettes à peine nous éclaboussent. On parle moins mais on parle encore, notamment de la suite. Le concert de Izak va bientôt commencer.


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