Ce soir, film-spectacle et banquet à Jean Lurçat…

On a fait les premiers essais pour le film-spectacle hier soir au théâtre. Après le spectacle de l’après-midi. On a monté notre matériel après le démontage du spectacle de l’après-midi. On a travaillé sans les lumières et on n’a pas eu le temps de régler le son. On va baisser le volume à la répétition de deux heures, aujourd’hui. Comme on a eu le plateau vers 16h30, on a dîné avant d’aller répéter. François, notre technicien magicien, Jérémie et l’équipe du théâtre se sont coupés en quatre pour que la répétition puisse avoir lieu dans la soirée. Ils ont investi le plateau dès que possible. Ce matin a lieu le marché hebdomadaire à Aubusson. Marie et Didier s’y rendront pour distribuer des tracts invitations pour le film spectacle diffusé ce soir à 19h30 à la salle Jean Lurçat. On a continué hier soir à faire du porte à porte. On est passé par le centre ville et on a remonté la colline. Bien au delà du cimetière. Jusqu’à cet endroit ou file un cours d’eau qui descend à tout vitesse se jeter dans la Creuse.

Emmanuel Alloucherie

Tous les jours, vers 16h59, Guy part faire une promenade dans les rues d’Aubusson. Il coiffe son bonnet, enfile son manteau, nous adresse un bref salut et sort sans autre forme de procès. De cette marche, il revient généralement renouvelé, autant du point de vue physique qu’intellectuel. Ce tour de la ville est-il chaque jour topologiquement semblable ? Il semble plus juste, même en connaissant Guy depuis peu de temps, comme moi, de penser que son chemin s’improvise chaque jour et même à chaque instant, au gré des rencontres ou de tout autre détail. Errance, errance, jamais narrée au retour, demeurant le secret de sa vie et de son aventure aubussonnaise. Une heure après son départ, à la nuit tombée, il pousse d’un habile et rieur coup de pied le double battant de la porte qui ferme notre QG. Hervé ne manque jamais d’en rire et de parler de John Wayne. Après quoi nous mangeons, tôt ou tard.

cadavre exquis

J’ai descendu les marches de l’escalier de la grande tour de l’horloge. Immédiatement je croise un chien, aubussonnais d’origine sans aucun doute. Je réalise en fait qu’il ne s’agit que d’une tapisserie. Oh vraisemblance de l’image, mon oeil a été trompé ! Je longe la Creuse pendant des kilomètres et je fais demi tour. Je pense à ce mélange de matière, entre le granit et la soie et le fil de fer barbelé en or. J’espère apercevoir une licorne. Je m’allonge comme une jeune vierge dans le frais cresson bleu. Là, immense dans le ciel, soudain la météorite !… La météorite prend des images de moi. Elle me dit, tu as l’air méchant. Je la saisis à la jambe par les crocs. Je suis le chien aubussonnais.  Je suis le serpent arc en ciel aubussonnais. Je donne ma peau pour le dessin du soir. Ma vie est une tapisserie ésotérique.

je ne t’embête pas ?

Dernière ligne droite avant le film spectacle de demain soir à 19H30. Demain on ira dans l’ après midi  à la sortie de Carrefour Market avec notre sono portable, nos textes, nos musiques et nos danses. Distribuer nos dernières invitations avant la représentation du soir. Ce soir on récupère le plateau du théâtre vers 17h. On va donc répéter vers 18h30. Le film spectacle dure 1H15. Ce matin, on est allé à Faux-la-Montagne sur le plateau des Mille Vaches pour imager là-bas un autre portrait de village en fin d’année. Ce midi on a déjeuné une nouvelle fois à l’Avant-Scène. On commence à sentir le trac qui monte à la veille de la représentation du film-spectacle. Mais jusqu’au bout du bout, on ne lâche rien. On doit continuer à aller à la rencontre des personnes. Dans la rue, les cafés, les commerces. Pour dire qu’on est là et qu’on fait un film spectacle avec et pour les gens. Que tout le monde est invité. Parfois quand on en a le temps, sur les Veillées par exemple, on réalise à mi-chemin de la représentation un film d’une vingtaine de minutes, un extrait de la Veillée. On diffuse cet extrait plein de fois dans la ville. A Hazebrouck, on l’avait diffusé sur le mur de la gare sur une musique de Cat Power.

La porte du plateau

Pour sortir d’Aubusson vers Felletin, il faut grimper, sensiblement. On remonte la creuse qui charrie ses eaux rapides et brunes. Dans les champs étonnamment verts, on voit des oiseaux de proie. Felletin, c’est la porte du plateau. Il fait soleil ! Sur le marché le rythme est lent, on distribue nos tracts, tranquillement, c’est agréable d’expliquer les choses quand les gens écoutent, c’est plus déroutant quand ils ne veulent pas nous parler. Il y a une dame qui ne veut pas prendre mon tract mais qui accepte celui de Didier. On goûte un yaourt au thym. On s’achète des olives. Ça sent bon le poulet rôti. Claire, qui nous a fait la cuisine cette semaine (qu’elle soit louée pour la saveur de ses plats) est aujourd’hui poissonnière. L’hiver, elle fait un peu tous les boulots, l’été elle est saisonnière dans la restauration. On flâne encore un peu dans le soleil frais du matin, on admire le clocher hexagonal avec ses tuiles de bois, Guy nous parle du monument aux morts aux alentours de Faux-la-Montagne, avec le jeune garçon au poing levé contre la guerre.