club théâtre

Au club théâtre. Deux heures avec les étudiants étrangers, on a fait du Godot. On a joué ensemble « En attendant Godot » de S. Beckett. Et dit des citations à la caméra. La scène choisie est basée sur un rapport de colère. On a cherché comment on exprime la colère. Chez les japonais on n’ exprime pas sa colère, nous dit une jeune fille. Chez les chinois on ne dit pas je t’aime maman ou je t’aime papa dit un jeune chinois. Ici, j’ai entendu qu’on disait je t’aime maman, alors en rentrant j’ai dit à ma mère que je l’aimais et elle s’est mise à pleurer. Ils viennent au club théâtre pour pratiquer la langue française. D’autres pour vivre plusieurs vies, disent ils. Le groupe est super agréable et dynamique. La jeune japonaise  dit on intériorise tout chez nous, alors elle exprime la colère avec ses yeux. On avait l’impression qu’elle se battait contre elle même. Parce qu’on doit toujours garder la totale maitrise de nous mêmes.

Jérémie a croisé une autre lycéenne de St Nazaire qu’on a connue l’an dernier pour les cinquante ans de la cité scolaire à St Nazaire. Aujourd’hui elle est étudiante sur le campus de Nantes Nord.

on savoure

Aujourd’hui, les interview continuent. On est vendredi. Fin de semaine. Jérémie va au Judo, Didier fait Godot dans un atelier théâtre. Martine et Guy rencontrent des étudiantes-chercheuses de l’association fil en têtes. Il y aura interview de personnels du resto U, et puis aussi le directeur du centre socio -culturel, la Mano. Et puis ludothèque. Et puis d’autres, encore et encore.
On apprend tellement de choses en Veillée, plein de choses qui vont du fondamental à l’anodin, du quotidien à l’anecdote, de l’Histoire aux histoires. Du prix de location de la salle des fête du quartier aux fondements théoriques et idéologique d’un CE ou d’une structure d’éducation populaire. On apprend des montagnes de choses. On est des éponges. On se régale, on savoure, on déguste toutes ces rencontres.

il faut se remettre à penser, à chercher, à errer et à se confronter

Bernard Stiegler écrit :
On blâme le repli national et identitaire que suscite et exploite le populisme dominant. Mais le monde culturel se replie aussi sur ses petits problèmes de subventions. La culture doit redevenir un investissement social de premier plan, un espace d’invention territoriale aussi bien que déterritorialisée, un dispositif constant d’expérimentation individuelle et collective. Cela signifie qu’il faut se remettre à penser, à chercher, à errer et à se confronter.

pause café

Marion, Didier et Guy ont enchaîné trois entretiens cet après midi. Sur les quartiers nord et sur le campus universitaire. A la pause café du Mano on a discuté longtemps du quartier. Des habitants nous ont raconté qu’ils sont venus habiter là il y a longtemps . Qu’ils venaient d’une île au large de la Bretagne. Qu’ils aimaient beaucoup vivre dans le quartier. Que leurs enfants avaient grandi là et fait de brillantes études à l’université de Nantes. Eliane nous a raconté que dans sa famille on était marin de père en fils et qu’elle aurait dû épouser un marin mais, dit elle c’est nous qui choisissons et c’est pas la famille qui choisit pour nous. J’ai épousé un ouvrier. J’ai vu ma mère trop malheureuse parce que mon père n’était jamais à la maison. Le père d’ Eliane travaillait sur le paquebot France et partait pour six mois en mer et il revenait un mois à la maison puis repartait six mois en mer. Sauf les cinq dernières années de sa carrière où il est devenu capitaine de port et  il rentrait tous les soirs à la maison. Eliane dit dans les famille de marins il n’y a jamais de divorce. Mes parents étaient toujours très heureux de se retrouver  et jamais ils ne se sont disputés même durant tout le temps de leur retraite. Le mari d’Eliane était monteur leveur. Il montait les grues sur les chantiers à l’époque où on construisait les immeubles sur les quartiers nord de Nantes. Il est mort jeune, dit elle à cause de la cigarette. Elle est très fière de ses enfants qui ont tous bien réussi. Elle aime beaucoup venir à la Mano, à la pause café. Et aussi elle fait son jardin régulièrement et elle s’est mise à peindre. Elle a beaucoup aimé faire du théâtre à la Mano et elle  voudrait que ça reprenne. Mais il faudrait un intervenant pour encadrer le groupe. On a dit qu’on demanderait au T.U. Avec Suzette, elles ont décidé qu’elles viendraient en groupe à la veillée.

et ils y vivent tous ensemble

9m2 c’est bien peu. Un lit, des étagères, un petit bureau et un lavabo. Douches et cuisines collectives au fond du couloir. C’est peu alors, quand même c’est surprenant et beau quand on demande à Simon si, l’année prochaine il redemandera une chambre à Launay-Violette :
– bien sûr !
– pourquoi ?

il s’écrie :
– Mais parce que je l’aime cette cité ! parce que c’est vivant et convivial, et qu’on se rencontre, et qu’on partage des montagnes de choses.
9m2 c’est bien peu mais à écouter Simon, ça fait presque rêver. Et puis chez lui, c’est ces 9m2 ET toute la cité autour, c’est grand, c’est immense, et ils y vivent tous ensemble.