la bulle dans la tempête

A la réunion de préparation de la veillée avec les associations, quelqu’un avait pris la parole : Ce que vous faites est très intéressant, mais j’ai du mal à imaginer, à entrevoir quel fil rouge vous allez trouver à Saint Médard.
Maintenant que les interviews sont filmés et montés, que les images sont presque prêtes, que le spectacle prend forme, on se repose cette question : Quel fil rouge pour Saint Médard ?
On se dit que cette ville est complète, qu’elle est chanceuse, vivante, animée de toutes sortes d’activités, qu’elle ressemble à ce que nous aimerions trouver partout, à ce pour quoi nous nous battons : un lieu de vie collectif où la culture, l’éducation, le sport sont à la portée de tous. Une ville où chaque combat a ses combattants, où la solidarité est présente et solide…
Après nos veillées dans les tours des cités de banlieue parisienne, dans les corons du bassin minier, dans des quartiers ouvriers de Saint Nazaire, on se dit encore une fois que le déséquilibre est trop grand. Si Saint Médard est une bulle dans la tempête, la tempête est pourtant bien là.

250 !

Ce soir, nous sommes allés à la soirée d’accueil des nouveaux habitants, au Carré des Jalles. Il y avait beaucoup de monde, toutes sortes d’associations représentées. On y était avec nos tracts, nos citations, nos caméras.
On a encore rencontré du monde, et des associations. On se dit que dix jours pour faire le film, c’est trop court, qu’il nous a manqué du temps pour voir plein de gens.
Ce soir, on a rencontré le président de l’association qui gère le Festival des cordes sensibles. On aurait bien aimé faire un interview. Et pareil pour la ludothèque et la médiathèque.
On a rencontré aussi monsieur Meunier, Président de l’ASSM, une très importante association sportive de Saint Médard, qui réunit plus de trois mille adhérents autour de la pratique de l’aïkido, de l’athlétisme, du cyclotourisme, de l’escrime, de la gymnastique, du yoga, du taï-chi, du judo-jujitsu, du kendo, de la natation, de la randonnée, du vélo, du surf casting, du tae kwondo, du tennis, et du volley-ball.
On se dit qu’il faudrait faire des excuses pour toutes ces activités que l’on a pas eu le temps de filmer. A la soirée des nouveaux habitants, ce soir, Flora a rencontré un élu qui lui a dit le nombre d’associations à Saint Médard : 250 ! Saint Médard est une des cinq premières villes de France pour sa vie associative ! Ca explique que nous n’ayons pas réussi à voir tout le monde.

pourquoi on fait ça, ici, maintenant ?

Au Lycée du Sud Médoc, on a installé dans l’agora un écran sur lequel Jérémie a projeté les portraits faits avec une classe de première, la semaine dernière. Les portraits faits dans cette agora là, avec son dôme de lumière et les casiers verts, au fond.
Beaucoup beaucoup beaucoup de lycéens ont eu le tract et ont posé des questions. Pourquoi vous faites ça ? On parle de la veillée. Oui, mais pourquoi vous faites ça ici, maintenant ? En fait on sait pas quoi répondre. Parce que c’est beau de revenir ici avec ces images ? parce que c’est un moyen de se revoir ? On parle de ça, on parle de Pierre Huyghe, cet artiste qui affichait la photo d’un coin de rue sur le panneau publicitaire de ce coin de rue là, justement. On se dit que c’est pour regarder le lieu d’une autre façon. Mettre en perspective. Prendre le temps de regarder.

mardi, deuxième semaine de veillée de St Médard

Depuis hier la table sur laquelle travaille Guy est jonchée de demi-citrons eventrés et dont la pulpe a copieusement été ingurgitée pour traiter son mal de gorge. Savoir si les citrons en question eux-mêmes ont été traités c’est une autre question. Guy  trouve la pharmacienne très sympathique. Elle viendra voir la veillée vendredi. Sur cette table on trouve aussi du Fervex, un sachet de Palmito vide. Guy pense qu’il est dans un « état grippal », ce qui lui permet d’éviter de parler de grippe.
Didier pose des chiffres sur un brouillon qui correspondent à des durées de séquences pour son montage. Jérémie à d’énormes oreilles blanches de marque Sennheiser et compose sa bande-son de l’instant sur Deezer en dérushant ses dernières images.
Il n’y a plus de chocolat « Pyrénéens »sur la table de Flora. Flora s’est absentée. Elle a probablement pris un bus pour retourner au magasin d’usine Lindt à Bordeaux afin de s’approvisionner. Martine est enfermée dans sa petite loge, on dirait qu’elle passe des tests auditifs à longueur de journée.
Moi en veilleur intermittent, observateur et apprenti, je saisis la sagesse de ce travail.
Ce soir les nouveaux habitants de Saint Médard seront accueillis au Carré. C’est une vieille tradition municipale que celle d’organiser la bienvenue aux nouveaux Saint-Médardais. Guy a évoqué la possibilité d’y tenir un stand…
R. Cojo

les billes

Aujourd’hui, on fait les derniers interviews. Le Carré des Jalles se prépare à accueillir les nouveaux habitants, une grande soirée d’accueil. On va faire un stand citations.
On est allé voir David Baudry, qui travaille au service jeunesse de la ville. Il a eu son heure de gloire : il a été, il y a quelques années, champion du monde de billes. C’est pas rien.
Avec beaucoup d’autodérision, il nous raconte l’échauffement indispensable du joueur de billes, pour éviter les blessures. La souplesse nécessaire du pouce, qui est pratique aussi pour faire du stop, et ça tombe bien, parce que les compétitions de billes ne rapportent pas grand chose. C’est pour du beurre.
Plus sérieusement, il fait l’éloge du jeu en général, des moments de convivialité qu’il génère, des liens qu’il crée entre générations, entre joueurs, et il nous parle de son envie de travailler à plus de reconnaissance de ce domaine, au sein du service jeunesse mais aussi en général, par exemple avec son association de billes.
Pourquoi les billes ? les billes ou autre chose, mais les billes c’est bien parce que c’est un jeu accessible à tous, pas cher, avec toutes sortes de règles, pas d’enjeu vraiment sérieux, pas institutionnalisé, et puis c’est un jeu auquel tout le monde à joué un jour, qui évoque quelque chose à chacun.