salsa peuchère et sade

Fatigués. Il a dit peuchère. Excuse moi. Le téléphone de Didier sonne. L’ordinateur a avalé deux heures d’interview. Flora a dit internet c’est ma croix. Le planning se fait et se refait d’une heure à l’autre. Edith. Claude. Didier… On a commencé par la convivialité. Un café au bar de la MJC. Maintenant la discussion s’est engagée sur les chevaux. Jérémie a erré dans le quartier du docteur Ayme. Flora demain est en interview à onze heures quinze. Jérémie est allé au théâtre. Nous sommes logés à Saumane dans les dépendances du château du Marquis de Sade. Le lundi soir il y a un cours de salsa à la MJC.

Marc

Marc s’est démené toute la journée pour installer internet. Ça marche, ça marche pas, ça marche, ça marche pas. Connexion, déconnexion, connexion.
Et ce soir, 18h30, ça semble marcher. On prend un peu de temps pour un petit interview. Marc est anglais, en France depuis vingt ans et à Cavaillon depuis quatre ans. Il a une entreprise d’informatique et de temps en temps il donne des cours à la MJC. Il dit qu’en tant que programmateur et concepteur de sites internet, c’est bien, de temps en temps, de passer du temps avec les usagers, avec les débutants, ça permet de prendre un peu de distance.
Il dit que Cavaillon est un ville bien placée, qui pourrait être stratégique mais qui souffre un peu de l’ombre que lui fait Avignon. il dit que c’est un choix, de vivre ici, qu’il est tombé amoureux de la Provence il y a vingt ans et qu’il n’envisage plus de partir.

Les fraises c’est pas des boulons

On a rencontré Monsieur Sadaillan, agriculteur à Cavaillon, de père en fils, et passionné par l’histoire locale.
On a parlé bien au delà de la durée de la cassette. Interview passionnant, longue conversation qui passe du local au global, de l’agriculture cavaillonaise aux firmes agro-alimentaires multinationales, de la qualité des fruits à l’aliénation des peuples du tiers-monde, du rapport à la nature à la disparition des papillons, et tout.
Il dit :
On peut faire un constat noir de tout ce qui a été massacré ces dernières décennies, mais je garde espoir. Il faudra du temps pour tout reconstruire, pour relever la tête, à Cavaillon, et partout ailleurs, mais j’ai l’espoir et je crois que c’est à l’échelle locale qu’on peut changer le global.
Il dit :
Les fraises, c’est pas des boulons, on peut les faire venir de l’autre bout de la planète, mais elles perdent en qualité, cueillies pas mûres et conservées au frigo, elles sont belles, bien calibrées, bien colorées, mais sans goût… un monde d’apparences, où il est préférable d’être beau que bon.
Il dit :
On est dans une ère de communication, d’apparence et d’instantané. On exige à tout crin un profit immédiat. Il faudrait une vision à plus long terme, pour imaginer vraiment un avenir. J’aime ma ville, j’aime cette région, et je sais qu’elle a un vrai potentiel, mais je sais aussi que le mettre en valeur demande du travail qui ne paye pas dans l’immédiat. On y arrivera dans longtemps, par petites touches, mais on y arrivera.
Il dit :
Il n’y a pas de melons à Cavaillon ! Le melon, c’est juste un tout petit bout de la grande période de l’agriculture maraîchère, un mythe qui reste après la faillite de tout un marché florissant. Il n’y a plus de melon à Cavaillon, ou presque, et on ferait mieux d’oublier les melons, emblématiques du passé, pour se consacrer à l’invention d’un avenir commun.
Il y a trop de poids sur les épaules des gens, la crise, les crises, ont fait l’effet de claques dont on ne se relève que difficilement. La confiance en soi meurtrie est dure à réparer. Et il y a cette idéologie qui prône la concurrence, la compétitivité et qui pousse les gens à s’isoler. Tirer la couverture à soi. Se tourner le dos, oublier la solidarité et le partage. Il faut que ça revienne. Ça reviendra.

Et puis il nous raconte ce bon souvenir, un bon souvenir de melon, du temps où les semenciers ne faisaient pas encore la loi, quand son père, en mangeant un melon particulièrement savoureux disait : il est bon celui là ! garde les graines !

premier après-midi

Premier après midi à Cavaillon. Jérémie est en ville avec son matériel. Sa caméra et son pied. Pour des points de vues sur la ville et demander aux gens s’ils veulent bien participer au film spectacle qu’on réalise avec les habitants de Cavaillon. Didier est au téléphone. Il prend des rendez vous avec des responsables d’associations qu’on va rencontrer dans la ville ou sur le lieu de notre quartier général, à la MJC. Martine et Flora discutent avec Robert Sadaillan, agriculteur et spécialiste de l’histoire locale. Cet après midi au programme nous avons d’autres conversations et le hip hop à la salle 2 au dojo de la MJC et la Salsa à la salle 4, salle de danse de la MJC.

on est arrivés

On est arrivé hier soir à Cavaillon. Avignon TGV, Isle-sur-la-Sorgue, Château de Saumane, Cavaillon.
On est accueillis par des équipes nombreuses et chaleureuses. MJC / Scène Nationale / Grenier à Sons.
Magali, Vincent, Céline, Marie-Hélène, Maïa, Valérie, Esther, Laurent et Laurent, Marc, Reda et puis nous : Martine, Guy, Jérémie, Didier, Flora. On s’échange les prénoms autour d’un café. On fait des tournées de prénoms pour se souvenir. Vincent et Esther ont préparé notre venue en étroite liaison avec Maggie, loin là-bas, à Loos-en-Gohelle.
On a un planning tout bien calé tout bien rempli de rendez-vous.
On a un beau QG, avec une salle de travail, et, à côté, un petit salon. Un petit salon pour le repos des danseurs et acrobates qui nous rejoignent jeudi matin. Dorothée, Mathilde, Camille, Fred et Alex. Une belle équipe de troubadours.
On installe notre barda, tout notre tas de matériel, nos cantines voyageuses qui nous attendaient au théâtre. Nos lourdes cantines, précise Maïa.