pour ne plus entendre le fameux « c’est pas pour moi »

Medhi est artiste plasticien et intervient au CFA de Dunkerque. Il a une pratique artistique personnelle et initie aussi, avec ses élèves, de longs projets thématiques. Les années précédentes, les œuvres ont été exposées et fort remarquées par les acteurs du monde de l’art. Certaines même ont été achetées par des collectionneurs. Medhi nous a montré quelques photos et nous a décrit certaines pièces, et c’est vrai que c’est bien, vraiment, de belles pièces, comme par exemple ce travail vidéo où les apprentis jouent ce qu’ils aiment faire de leurs loisirs, comme une performance, puis se filment et projettent le tout sur les vitres qui donnent dans la rue, de nuit, ce qui fait qu’on dirait vraiment qu’il sont là, dans le CFA, en train de faire du cheval ou de la boxe. Un beau travail. Pour cette année et les années suivante, il part sur les cinq sens, en commençant, pour deux ans, par le toucher. Il fait venir des gens qui peuvent en parler, partager sur ce thème, un aveugle, un ostéopathe… On se dit qu’avec des projets comme ceux-là, les élèves d’ici resteront toujours ouverts à l’art et à la culture, et que, décidément, l’art à l’école, c’est fondamental, pour éveiller la curiosité, et tout simplement pour ne plus entendre le fameux « c’est pas pour moi ».

CFAS de Dunkerque

Le CFAS de Dunkerque est un CFA spécialisé qui propose un cursus après l’IME pour des personnes légèrement déficientes intellectuelles. On a fait des portraits-citation avec des apprentis peintres et tapissiers. Ils ont des bouts d’appartements qu’ils refont de long en large. Appartements témoins. Les apprentis bûcherons nous ont emmené dans le bois pour poser avec les citations. Devant un arbre fleuri. Thomas, un des apprentis, nous a accompagné dans les sections d’hygiène et entretien. Ça sent bon la lessive. Les apprenties de cette section ont posé devant leurs machines de nettoyage. Jérémie a fait des followings pendant que Martine et Didier ont interviewé Audrey, une des apprentis.

Hansel et Gretel : si tu pouvais, tu prendrais quoi toi ?

On se croirait dans Hansel et Gretel, dit Maureen. Une maison remplie de sucreries. Des charlottes, des gâteaux. Oh, au chocolat ! magnifique ! elles sont toutes plus belles les unes que les autres, les charlottes, dit didier. Et des choux ! Les petits pains !
Dans notre salle de travail, il n’y a qu’une seule fenêtre, et elle ne donne pas sur l’extérieur mais sur les laboratoires de pâtisserie. Les apprentis rient en nous voyant saliver, rêver, admirer, commenter, s’extasier quand ils ouvrent les frigos bondés de pâtisseries. Faut dire qu’on est à la veille des examens alors en cuisine, ça s’active.
Didier dit à Maureen, Si tu pouvais, tu prendrais quoi toi ?

On a tellement bavé que le prof de pâtisserie a fini par nous amener – merci merci merci – un plein plateau de viennoiserie.

on n'ose pas interrompre

Dès le matin, Antigone dans une classe de boulangerie pâtisserie. On n’ose pas trop interrompre, parce que la confection des pains et petits pains a l’air plus importante, on fait un Antigone et portrait photo autour des plans de travail enfarinés. Pâte feuilletée. Faut dire que si le pain n’est pas prêt pour midi, eh bien il n’y aura pas de pain pour la cantine, c’est tout simple. Les apprentis sont responsables et matures, et ont l’air passionné, concentrés, efficaces.
Qu’est-ce qui vous met en colère ?
Qu’on touche à ma famille / rien / rien, je suis toujours content / la guerre / la violence / qu’on ne respecte pas l’environnement, qu’on mette des cochonneries dans la nature et dans la nourriture. Je suis là pour faire du bio.

Eau à la bouche. CFA Dunkerque.

Dunkerque. Boulangerie, pâtisserie, traiteur, service, restauration et tout. Métiers de bouche. Eau à la bouche. Beau bâtiment. Accueil gentil de Medhi A. Café, rapide visite avant d’aller chacun à son action. Godot, virgule sonore, portraits citations un peu partout, Antigone, pas de couloir, et tout.
On a à peine quitté Maisnil, Houchin, Ruitz, le Pas-de-Calais, et on rebondit, avec de la fatigue dans les pattes, une sacrée fatigue, mais avec le plaisir toujours renouvelé de découvrir et rencontrer. Ici, comme partout, la découverte est derrière chaque porte, la rencontre. Ici, un métier derrière chaque porte, des savoirs-faire, des gestes, de la transmission.