B. Stiegler

Hier jour de grève. Pour la défense des droits des intermittents. Plus de cinq mille personnes ont défilé dans les rues. On s’est couché par terre Place Pie. Impressionnant. Le cortège a bloqué toute la ville tellement nous étions nombreux. Le monde est arrivé à Avignon, les rues principales sont bondées. Nous sommes entrés dans la deuxième partie du festival jusqu’au 20 juillet. Du 20 au 27 juillet, les festivaliers laisseront la place aux flâneurs. Et débuteront d’autres grands festivals comme celui de Chalons sur Saône. Nous reprenons La Brique à 13h. Puis nous distribuerons des tracts. Et ce soir c’est la finale de la coupe du monde de football. Vendredi, nous sommes allés aux rencontres philosophiques d’Avignon. Le sujet du jour, c’était le temps. Seul B. Stiegler  a fait allusion aux intermittents, aux temps des intermittents et à la lutte.

C’est la grève

Jour de grève. Nous avons voté la grève. Nous espérons qu’elle sera massive. On sera là pour accueillir les gens et dire combien c’est important de faire grève, qu’on ne peut pas faire de nous ce que l’on veut. Ce monde marche sur la tête, l’extrême droite prend le pouvoir aux élections municipales et européennes et on devrait rester sans rien dire lorsque le gouvernement continue de prendre des décisions iniques, comme celles d’agréer cet accord sur les intermittents, qui va dans le sens des intérêts des plus riches, qui va appauvrir le intermittents et les précaires. On fait grève par nécessité. Par ce qu’on n’a pas d’autres moyen de se faire entendre un tant soit peu. Si tant est qu’on veuille bien nous entendre.

A.Lidell et La Brique

On a eu bien du monde puisqu’on a débordé notre petite jauge. Le temps est frais mais ne devrait pas tarder à se réchauffer. Le festival entre dans sa semaine décisive, la semaine du 14 juillet. C’est à ce moment là qu’il y a le plus de monde. Faut garder le cap ! Hier on a eu des lycéens de Valenciennes et on a discuté avec eux après le spectacle. Leurs professeurs avaient participé à un stage au lycée Blaringhem à Béthune organisé par l’académie du Nord Pas de Pas de Calais et Véronique Dekimpe. Stage qu’on a animé. On avait travaillé sur Aimer si fort… Ils nous ont dit hier qu’ils avaient repris le texte en atelier au lycée, le texte d’Angelica Liddell. Et que les élèves veulent voir le spectacle qu’on reprend à Liévin.

Reprise après un jour de relâche

Hier on a fait une journée de relâche. Maintenant on enchaîne sur onze dates sans s’arrêter… C’est ce qui est bien à Avignon, c’est qu’on peut jouer longtemps ! La Brique, pendant presque un mois non stop, c’est complètement exceptionnel ! Et c’est pareil pour tout le monde ! Les spectateurs sont curieux et prêts à vous croire sur parole quand vous distribuez des tracs dans la rue. Et nous diffusons le soir des images dans la rue, des images de la Brique avec des vidéoprojecteurs branchés sur des batteries autonomes.

« pessimiste dans la pensée, optimiste dans l’action » Gramsci

Y a un drôle de climat à Avignon. Je parle pas du temps (y pleut tous les jours) mais on a du mal à savoir si on doit jouer ou pas. On est là pour ça donc à priori on ne devrait pas se poser la question mais dans le contexte social et politique ambiant, le doute est permis. En 2003, dans des conditions similaires, tout s’est arrêté. Après que le in ait voté l’arrêt du festival. Au printemps des Comédiens, en juin de cette année, le festival a été annulé. Faut il encore faire des festivals ? Faut il que le off reste le off ? Comment élargir véritablement la lutte des intermittents aux précaires, aux sans papiers, aux intérimaires… sans que ceux ci se sentent largués par ceux là parce qu’on n’est pas du même monde (question de classe : vous faîtes un théâtre dont on se sent exclus ! ) ? Comment rendre le combat plus politique, sur des bases plus égalitaires ? Alors tous les jours quand on se rend dans son théâtre pour faire son spectacle, on a l’impression de faire une bêtise, qu’on ne devrait pas ! Que si on fait comme si de rien n’était, eh ben… Y a jamais rien qui changera ! Alors bougeons ! On fait comme on peut mais on bouge ! Celui qui lutte peut perdre, tandis que celui qui ne lutte pas, celui là a déjà perdu ! (Brecht)

Jour de grève !

Jour de grève. On a reçu à l’Espace Pasteur les quelques spectateurs qui voulaient voir La Brique. On n’a pas joué. C’est dur de dire aux gens, qui parfois viennent de très loin, et qui repartent ce soir ou demain, que nous ne jouons pas. Ils ne verront pas La Brique. Une femme venait de l’autre bout du département, emmenée par des amis, parce que ses parents avaient habité Fouquières les Lens (proche de La Brique) et qu’on lui avait recommandé le spectacle. Elle était tellement triste qu’on aurait bien joué le spectacle que pour elle. On est allé ensuite déjeuner sur la place des Carmes et on a rejoint la réunion des coordinations organisée par la coordination parisienne. Dans l’après midi ont eu lieu l’occupation des locaux de la Cfdt et de FO à Avignon et des discussion avec plein de gens sur la situation des intermittents, des précaires, des intérimaires…

Avignon (2)

Depuis quelques jours on va et vient dans Avignon. Hier c’était le jour de l’affichage. En deux ou trois heures Avignon était couvert d’affiches. On découvre La Brique au milieu de milliers de pancartes qui proposent plus de mille spectacles par jour. On a monté le décor en fin de journée et fait des essais techniques. Aujourd’hui on passe, à 14h, à la phase de répétition. Demain c’est le premier jour du festival in et jour de grève nationale des intermittents.