Gardénia et Chocolat

Quatrième et dernier jour au lycée Zola de Wattrelos. On va retrouver les lecteurs-danseurs à la salle polyvalente, avec plaisir. Un filage avant la première représentation à 11 heures.
On joue à 11h, puis à 14h30, puis à 15h30.
Il y a une course d’orientation dans la cour. Le printemps n’est pas là ce matin, mais on garde la bonne humeur. Malgré la fatigue. Hier soir, certains ont vu Gardénia de Platel, au Casino d’Arras et étaient tout émus. On en parle ce matin. De la très belle humanité qui se dégage de ce spectacle. Avec du rire et de l’émotion. Quelque chose de vraiment sublime dans les fragilités. Un solo autant ridicule que magnifique. Une leçon d’amour propre. S’assumer. On est ce qu’on est, grandioses et nostalgiques et triste et sublime.
Nous voilà ce matin au Lycée Zola de Wattrelos, prêts pour le spectacle, le film-spectacle. On s’est posé des questions sur la séquence des questions sur Wattrelos. Pourquoi les réponses sont si noires, si négatives. On se dit que c’est contrebalancé par la séquence sur le monde, qui est plus joyeuse et positive… et puis on ne peut pas ignorer tout ce qui est noir. On doit garder cette séquence, pour ne pas tomber dans l’angélisme. Ce qui nous ramène à ce magnifique spectacle de Platel. Parce que l’humain est comme ça, ni noir ni blanc, mais chocolat, comme dirait Blandine. Je ne suis pas noire, je suis chocolat, dit-elle.

on savoure cette ambiance là

Premier filage. Sans lumière, alors on en refait un demain matin.
Quelle magnifique équipe de danseurs et lecteurs. Sérieux et joyeux à la fois. Et l’envie de bien faire, et le plaisir de faire. Alors évidemment, pour nous, le plaisir de voir.
Dans une discussion, ils nous ont dit, vous savez, depuis que vous êtes à Zola, l’ambiance s’est détendue. On répond que, probablement, ce qui détend l’ambiance plus que nous, c’est l’arrivée du printemps. Mais merci, on est touché, et nous aussi on savoure cette ambiance là.

le bruit qui court de Bérénice

Un mercredi aprem qui a un vrai air de printemps. Les danseurs-lecteurs travaillent dehors avec Hervé.
Entre midi et deux. Plaisir d’une petite discussion au soleil.
Danser les mots faire des phrases, la phrase dansée de Bérénice. La rumeur, le bruit qui court :

Grand / fatiguant / aucune idée / ami / design / baby foot / vacances / mélange / perdu / bavardage / s’endormir / cheveux / portable

on peut pas se plaindre

A la cantine à midi, c’est d’un calme… mercredi, on est vraiment pas nombreux. On a bien mangé. On a parlé de ci, de ça, et puis à la fin du repas, Bernadette, qui travaille là, à la cuisine, nous a proposé gentiment un café, et s’en est suivi une petite discussion. Elle travaille là depuis plus de trente ans. Elle dit qu’elle arrive à la retraite et que c’est bienvenu. Elle dit heureusement que, fonction publique et enfants, elle peut partir plus tôt, elle est pas obligée d’attendre soixante deux ans parce que c’est un travail dur et qu’elle aurait eu du mal à tenir jusque là. Elle dit que c’est dur à cause des charges à porter, et du stress, du rythme, mais que sinon, vraiment, c’est un bon lycée. Elle dit que franchement, on peut pas se plaindre. Elle parle de la mixité. Elle dit toutes les catégories sociales, et parle des quartiers autour, elle dit que c’est ici comme partout indispensable de savoir se mélanger. Elle dit que les élèves, elle les voit brièvement chaque jour, et que même pendant cet instant où elle les voit pendant le service, elle les rencontre, apprend à les connaître et voit les difficultés, elle devine à quel point c’est pas facile pour certains d’entre eux.
On a donné à Bernadette un tract pour le spectacle, en lui expliquant ce qu’on fait. Et elle est repartie travailler, pressée de finir sa journée. On s’est dit que si on avait été en veillée, on aurait pas manqué de faire un interview de Bernadette, parce qu’en quelques phrases, elle a dit plein de belles choses, elle a fait une belle analyse d’ici, de la situation, à la fois ressentie et vécue, objective et subjective, savoir chaud et savoir froid. Merci.