on peut pas se plaindre

A la cantine à midi, c’est d’un calme… mercredi, on est vraiment pas nombreux. On a bien mangé. On a parlé de ci, de ça, et puis à la fin du repas, Bernadette, qui travaille là, à la cuisine, nous a proposé gentiment un café, et s’en est suivi une petite discussion. Elle travaille là depuis plus de trente ans. Elle dit qu’elle arrive à la retraite et que c’est bienvenu. Elle dit heureusement que, fonction publique et enfants, elle peut partir plus tôt, elle est pas obligée d’attendre soixante deux ans parce que c’est un travail dur et qu’elle aurait eu du mal à tenir jusque là. Elle dit que c’est dur à cause des charges à porter, et du stress, du rythme, mais que sinon, vraiment, c’est un bon lycée. Elle dit que franchement, on peut pas se plaindre. Elle parle de la mixité. Elle dit toutes les catégories sociales, et parle des quartiers autour, elle dit que c’est ici comme partout indispensable de savoir se mélanger. Elle dit que les élèves, elle les voit brièvement chaque jour, et que même pendant cet instant où elle les voit pendant le service, elle les rencontre, apprend à les connaître et voit les difficultés, elle devine à quel point c’est pas facile pour certains d’entre eux.
On a donné à Bernadette un tract pour le spectacle, en lui expliquant ce qu’on fait. Et elle est repartie travailler, pressée de finir sa journée. On s’est dit que si on avait été en veillée, on aurait pas manqué de faire un interview de Bernadette, parce qu’en quelques phrases, elle a dit plein de belles choses, elle a fait une belle analyse d’ici, de la situation, à la fois ressentie et vécue, objective et subjective, savoir chaud et savoir froid. Merci.

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