comme de la mélancolie

Les cerisiers sont en fleurs. On se souvient de plusieurs veillées, plusieurs printemps qu’on a passé ensemble, en veillée en portrait de quartier ou en instantané. On se souvient d’avoir pris en photo la floraison des arbres à Loos-en-Gohelle, devant l’église St Vaast. On avait fait un article, à l’époque, sur ce qui se passait au Japon lors de la floraison des arbres. Une tradition qui consiste à aller se promener, pique niquer en famille et entre amis sous les arbres en fleur. Sous la pluie de pétales. On avait évoqué le très beau film de Chris Marker, Sans Soleil, qui est un vrai poème sur le Japon et qui parle entre autre de la venue du printemps. Alors cette année, voir les fleurs roses s’épanouir prend un tout autre sens. Comme quelque chose de gai devenu triste pour un temps, comme de la mélancolie.

les gens aiment rigoler

Première matinée au Lycée Monnet.
L’humour, c’est la poésie du désespoir, et l’art contemporain, c’est l’humour des riches, dit Guy. Quel art contemporain, dit Anne Charlotte, contemporain de quelle époque. Didier dit, les gens aiment rigoler.
C’est parti. On s’amuse dans chaque classe. Plaisir renouvelé, encore. On découvre la cantine, pas mauvaise, mais un peu trop petite, disent les élèves. Petite discussion entre deux questions. Ce qui est bien ici, c’est qu’on est à Lille, on a tout ce qu’on veut. Il y a un élève qui dit en rigolant qu’il va dire un faux prénom à la caméra, genre Robert.
Le RCL a gagné un match, et toujours dix-neuvième, ben zut alors, dit Guy. Ce qui serait bien, pour le lycée, c’est des buts et des ballons. Didier diffuse une bande son d’un film de Godard, et dit, c’est pour Martine.
Jean-Pierre et Bérénice ont travaillé sur des percussions corporelles avec une classe. Des jeux de questions-réponses en mouvement, en percussions corporelles , mises en espace en duos. Face à face, dos à dos, côte à côte. Que des filles. Quand est-ce qu’on se revoit, disent-elles.
Et puis Jean-Pierre et Bérénice ont glané les mots dansés, avec les employés de la cantine, par exemple, pour faire la phrase dansée.

ça sent la soudure

On a installé notre Quartier Général dans la salle au fond du CDI.
On a posé nos affaires et vite vite, les petits groupes se sont formés pour aller dans les classes. Didier et Jérémie, Bérénice et Jean Pierre, Martine et Guy.
Anne Charlotte, Maggie et Olivier on apporté tout le matériel, avec l’aide du factotum du Lycée.
Et voilà, c’est reparti. Il fait encore un beau soleil et tant mieux parce qu’on a bien remarqué l’effet bénéfique du printemps sur l’ambiance générale.
Ici, c’est un Lycée pro. il y a toutes sortes de sections dont il ne faudra pas qu’on oublie de faire la liste. Il y en a moins qu’avant. Ça sent la soudure. Cette odeur de métal chaud très particulière.
Mélanie nous suit et fait des photos. Elle est élève ici et déjà on lui pose des montagnes de questions sur ici, les sections, le fonctionnement.

on se souvient bien d'avoir arpenté le quartier

On est arrivé ce matin au Lycée Monnet de Bois-Blanc, sur l’avenue de Dunkerque. C’est un lycée qu’on connaît. Didier y avait fait des interventions en théâtre, il y a longtemps, et on y était venu l’année dernière, à l’occasion du portrait de quartier qu’on avait fait ici, à Bois-Blanc, à la salle à côté de la mairie annexe et de la maison de quartier, en face des barres d’immeubles qui s’appellent les aviateurs, pas loin du chalet et de l’école de musique. On se souvient bien d’avoir arpenté le quartier dans tous les sens. Jusqu’au Grand Bleu, jusqu’à la piscine, et puis le long de la Deûle, les péniches. On se souvient aussi d’avoir arpenté la rue de dunkerque ici et à Lomme. On est en territoire connu mais un instantané, c’est différent. On va parler d’ici, de ce que ça signifie d’être d’ici, mais aussi du lycée, et du monde. On va parler de photo et de vidéo, on va bien sûr parler de théâtre, de Godot et d’Antigone. On va faire comme d’habitude, et comme d’habitude, ce sera très différent de d’habitude. Parce qu’on s’est habitué à ne pas s’installer dans les habitudes, pour bien rencontrer, pour aller vers les autres. Et pour profiter encore du bonheur de faire ce travail là, du plaisir sincère à chaque fois renouvelé.
Ce week end, une amie nous a dit : je regarde souvent le blog, c’est très beau, toutes vos rencontres sont très belles, elles paraissent émouvantes : est-ce que c’est vraiment émouvant et beau à ce point là, à chaque fois ?
Toujours cette question de l’angélisme, cette question qu’on nous pose et qu’on se pose à nous même, est-ce qu’on idéalise, est-ce que les rencontres sont toujours à ce point précieuses ? Sincèrement, oui. Peut-être qu’on insiste plus sur le positif, qu’on va plus sûrement vers le beau, mais on n’ invente rien. On est les portes parole. Comme dit Didier dans le spectacle des Atomics : on est des grooms, des passeurs, des garçons de piste.