No Border, Go !

Les journées du patri-matrimoine sont passées et la présentation de saison de Culture Commune aussi. Il y a un certain nombre d’années nous avions présenté un premier essai de la Brique, lors de ces mêmes journées du patri-matrimoine qui n’avaient pas lieu le même jour que l’ouverture de saison de Culture Commune. On rejouera La Brique cette saison dans les alentours de Nevers avec la maison de la Culture de Nevers. Pas très loin du local des Metalovoices, qui sont installés dans le Nivernais (leur région  d’origine) depuis qu’ils ont cessé de tourner. Nous avions travaillé avec les Métalovoices pendant un an ou deux, tout au début d’Hvdz. Hier et avant hier nous participions à l’ouverture de saison de C.C sur la Base 11/19 de Loos en Gohelle. Nous avions préparé un montage, un spectacle d’une demie-heure sur la création de No Border.

On dirait du Carver

Moi, personnellement, Gu.
Perso, c’est chaud.
Que faire ?
On va bien voir si ça se calme.
On va faire attention au burn out. Ça prévient pas. C’est comme une crise cardiaque. (On n’en est pas là non plus (pour le burn out, pour la crise cardiaque, c’est autre chose (en ce qui la concerne on ne décide absolument de rien) mais faut prendre des précautions)
C’est pas possible d’avoir l’impression d’être de travers et de tout faire de travers en permanence (c’est pas d’aujourd’hui non plus, faut rien exagérer : c’était déjà le cas au Ballatum. C’est une bonne névrose (point barre).
On va retourner voir le toubib.
Charité et care, c’est la même racine en anglais.
Charité bien ordonnée commence par soi-même.

Rachid Taha im Hintergrund, lausche ich den Anbruch der Nacht.

G.A

Bondy Blog

Juste avant les dernières vacances de printemps, Marie-Pierre était préoccupée. Cette assistante scolaire en lycée à Provins (Seine-et-Marne) n’allait plus voir son élève pendant deux semaines. « T’inquiètes pas, je vais chez des potes », lui a écrit, rassurant, Abdallah par SMS. Le jeune Egyptien de 19 ans dormait pourtant dehors depuis trois mois, souvent dans des squats. La raison ? En janvier 2018, le Conseil départemental de Seine-et-Marne a décidé de cesser sa prise en charge de son contrat jeune majeur. Conséquence : plus d’hébergement ni d’aides sociales pour le jeune homme qui finissait pourtant sa formation en CAP de carreleur-mosaïste. Ce texto est le dernier d’Abdallah à Marie-Pierre avant qu’il ne soit tué le 2 mai 2018.

CAP, cours de français et rêve d’intégration

Abdallah fait partie de ces milliers d’Africains, jeunes et moins jeunes, à espérer une vie meilleure au nord de la Méditerranée. Arrivé clandestinement d’Égypte en France en septembre 2015, il a quitté pays, famille et amis alors que ses parents refusaient son départ. Un peu plus d’un an après son arrivée, le jeune mineur est placé sous tutelle de l’État en décembre 2016 et confié à l’association « Espoir Centres familiaux de Jeunes » (Espoirs- CFDJ) à Tournan-en-Brie (Seine-et-Marne). L’éducation nationale lui choisit un avenir de carreleur et l’inscrit en CAP au lycée professionnel Les Pannevelles de Provins. Il y découvre l’internat et s’inscrit aux cours de soutien avec Marie-Pierre.

Dix heures par semaine pendant un an et demi, Abdallah a appris à écrire, à lire et à parler français avec d’autres jeunes migrants. Abdallah était un élève sérieux, assidu et bosseur. Cette année, il l’a validée avec 15,8 de moyenne. Il s’appliquait « avec une extrême politesse, avec le respect des anciens et du savoir » se souvient Marie-Pierre, encore retournée par ce qui est arrivé. Elle a conservé précieusement les discussions et les photos de son élève.

Abdallah ressemblait à tous les garçons de son âge. Du haut de ses 1m75, il posait en jeans troués, tee-shirt et baskets de marque usées devant la Tour Eiffel, les doigts en signe de victoire. Brun aux yeux marrons, les cheveux rasés sur le côté, il domptait avec du gel ses mèches bouclées du dessus, parfois en crête ou totalement aplatis sur le coté. Le sourcil gauche, lui, toujours rasé d’un trait. Sa peau mate semblait résister à la grisaille parisienne, son sourire aussi.

Abdallah Allouch @DR

Le département de Seine-et-Marne refuse d’appliquer une décision de justice

Mais en janvier 2018, sa situation s’est subitement dégradée avec la suspension de sa prise en charge et son expulsion de son foyer. Selon le chef de l’exécutif du 77 de l’époque, Jean-Louis Thiériot, qui a quitté le conseil départemental pour siéger à l’assemblée nationale, sa situation ne relevait plus d’un accompagnement éducatif par l’aide sociale à l’enfance en raison de la majorité du jeune homme. Il s’est donc retrouvé à la rue dès le 22 janvier dernier, dans « un état de vulnérabilité physique et psychologique (…) qui affectait son parcours scolaire », écrit le tribunal de Melun dans son ordonnance.

Le 21 mars 2018, la juridiction a ainsi annulé la décision du département le contraignant à maintenir la prise en charge du logement d’Abdallah et de ses besoins alimentaires et sanitaires jusqu’à son diplôme en juin 2018, une décision confirmée par le Conseil d’Etat le 13 avril 2018.

Ordonnance du tribunal de Melun du 21 mars 2018 annulant la décision du Conseil départemental de Seine-et-Marne et l’assignant à reprendre la prise en charge du contrat jeune majeur d’Abdallah Allouch

 

La logique est simple : aider ces jeunes coûte de l’argent et ils ne veulent pas en dépenser pour eux

Mais le département de la Seine-et-Marne ne veut rien savoir et ne l’applique pas. C’est sa nouvelle politique depuis un an : suspendre l’aide à l’enfance aux étrangers tout juste majeurs. « La logique est simple : aider ces jeunes coûte de l’argent et ils ne veulent pas en dépenser pour eux », explique Marie-Pierre. Et de fait : le président du Conseil départemental de Seine-et-Marne assume complètement sa politique malgré la négation d’une décision de justice : « Je ne veux pas renoncer à des dépenses liées aux retraités ou aux handicapés de Seine-et-Marne. Si, demain, je suis obligé de mettre des millions d’euros dans les MNA (mineurs non accompagnés, ndlr), je devrais renoncer à d’autres choses », indiquait Jean-Louis Thiériot en séance au Conseil départemental de Seine-et-Marne.

Assassiné le 2 mai 2018 dans un squat

Accompagné par quelques travailleurs sociaux, Abdallah s’est battu pour retrouver son contrat jeune majeur, en vain. Désemparé, le jeune homme a sombré. Il ne mangeait plus beaucoup.  « Il s’est retrouvé à la rue au mois de janvier, souvenez-vous de la météo à cette époque, se remémore la directrice du placement familial de Tournan, Marie-Geneviève Durand qui s’en occupait depuis deux ans au sein d’Espoir-CFDJ . Il n’a eu que quelques jours de préavis avant d’être mis dehors. La majorité des jeunes à qui cela arrive sont complètement désemparés et ne comprennent pas. Ils se demandent ce qu’ils ont fait de mal, on en est là ! Mais ils n’ont rien fait de mal ! »

Au mois de mars 2018, un marchand de sommeil a accepté de l’héberger dans un squat du centre-ville de Melun, rue Gaillardon, en échange de quelques billets. Il partageait la pièce avec une jeune fille de 16 ans qui venait de fuguer. Abdallah y a été retrouvé mort poignardé en cette fin d’après-midi du 2 mai 2018. Il avait 19 ans. L’enquête pour homicide volontaire est toujours ouverte.

Est-ce que les choses auraient été différentes pour Abdallah si son contrat n’avait pas été interrompu ?

« Je n’accuse personne, mais le constat est amer, juge Maître Vanina Rochiccioli qui a défendu le dossier d’Abdellah contre le département de la Seine-et-Marne. C’est difficile de ne pas s’interroger, de ne pas se demander si les choses auraient été différentes pour Abdallah si son contrat n’avait pas été interrompu. Nous sommes  face à un problème qui concerne énormément d’autres jeunes dont beaucoup ne vont pas devant les juridictions »

Son corps a été rapatrié en Egypte deux semaines après sa mort par l’ambassade après une cérémonie qui a rassemblé le 19 mai près de quarante personnes à Corbeille-Essonne.

La famille recevra bientôt son diplôme de carreleur. Marie-Pierre, elle, repense encore à ces conversations par SMS : « Je ne vais pas bien, ma famille me manque », lui avait écrit Abdallah mi-avril. Elle lui conseilla de réfléchir si son avenir n’était pas en Egypte là où se trouvent les gens qui l’aiment. « Tu as raison Marie-Pierre, je vais réfléchir », avait-il répondu.

Nesrine SLAOUI

Zelda, viens vite !

On enchaîne les réunions. On attend avec impatience l’arrivée de Zelda qui va permettre d’alléger le travail énorme de logistique qui pèse sur les épaules de Marie. On lui a d’ailleurs demandé (à Marie) de poser des journées de récupération puisqu’elle enfile des semaines de labeur sans une seule journée de pause. A ce compte là, on risque de ne pas arriver jusqu’au bout de la saison. Après le repas de midi, on s’est penché sur les plannings et sans Zelda, on s’est vite rendu compte que la chose est infaisable. On a besoin de renfort. Dans dix jours Zelda sera là. Dans un premier temps, on a lui a proposé trois journées de travail par semaine mais si cela ne suffisait pas, on lui demandera si elle peut venir quatre ou cinq jours. La particularité des fiches de poste des salariés d’Hvdz, comme Marie, c’est la multiplicité et les différences de taches à accomplir. Production, technique, diffusion, médiation, rédaction de projets, logistique, organisation de réunions, conduite de réunion, faire les Veillées, les préparer, et à l’occasion être actrice. Il faut tout connaître de la compagnie hormis les finances dont s’occupe Gilbert et la plus gros de la technique dont s’occupe Christophe Guilloteau.

les folles journées d’hvdz

Bravo pour les photos et le film des Turbulents. La première aura donc lieu le 20/09/18 et se jouera jusqu’au dimanche inclus. Tout est sur les rails. « Y a plus qu’à ». Cette semaine-là va marquer un moment particulier après plus de trois années de travail avec les Turbulents. On est très heureux de tout ce qui s’est passé là-bas. On a beaucoup appris, beaucoup échangé. On en sort transformé.

Cette saison, on enchaîne à toute vitesse. Alors que Marie continue de préparer la venue des gens de No Border, il faut aussi s’occuper du spectacle de l’Esac de Bruxelles. On a trouvé un titre, Si ton oeil était plus aigü, tu verrais tout en mouvement. C’est là aussi une grosse machine, puisqu’il faut prendre contact avec plein de gens pour réussir nos rencontres de discussions et d’acrobaties, sur un quartier de Bruxelles où se trouve le groupe Cirqu’Onflex, qui sera la source d’inspiration et de participation pour la construction du spectacle. Cirqu’Onflex est un cirque social qui fait bouger toute une ville. La rencontre sera passionnante entre l’Esac, cirque d’art et Cirqu’Onflex.

Faire au mieux

Gilbert et Marie préparent toute la logistique des différents évènements de la saison et en particulier, bien sûr, No Border. C’est compliqué car les gens viennent de loin. Quelques un.e.s sont d’ici (du nord) mais pour la plupart, ils  et elles sont d’ailleurs. Il a fallu trouver des hébergements et des véhicules pour que tout le monde puisse être dans les temps au 11/19. Nous avons réparti les logements à Lille et à Loos en Gohelle. Nadège est logée à Loos en Gohelle dans un magnifique gîte tandis que le reste de la troupe dormira dans une belle maison bourgeoise de trois étages, à Lille. Ceux et celles qui sont des Hauts de France restent chez eux (ce qui tombe sous les sens). Depuis que la troupe est troupe, on a logé des gens dans tous les recoins de la région. Aix Noulette, dans les premières années avait la faveur de nos choix : un grand gîte composé de huit à dix chambres nous permettaient d’y mettre tous nos artistes et techniciens éloignés. Ensuite nous sommes tournés vers Vermelles, un grand gîte, là aussi, mais qui penchait. Puis il y a eu Lorgies, Gonnehem, la maison de retraite de Méricourt, Rebreuve Ranchicourt, Monchecourt, Estrée-Cauchy, Lens, Béthune et beaucoup, beaucoup, beaucoup d’autres endroits. En général, les gens qui viennent d’ailleurs préfèrent être sur Lille et co-voiturer le matin jusqu’à Loos en Gohelle. A Lille, le soir on peut plus aisément trouver à se distraire qu’à Lens.

La Chantale en concert à Steenwoorde

On aura, dans la semaine qui vient, des nouvelles de ce qui s’est passé aux Turbulents à Paris. Nous sommes débordés de toutes parts et nous avons du mal à répondre à toutes les sollicitations, à peine avons nous commencé la saison 2018/2019.

Ce week end a lieu le Festival Escale, à Steenwoorde, à l’initiative de l’association Epopée, dans le cadre idyllique d’une ancienne ferme. S’y produiront des groupes de rock, des percussions brésiliennes, du théâtre, une chorale, la bien-nommée La Chantale et des jeux traditionnels seront installés. Tout cela à quelques kilomètres de la frontière belge. Ce rassemblement est une réunion cosmopolite des arts de toutes cultures. C’est la troisième édition de cet évènement mené à bout de bras par une équipe de bénévoles, qui chaque année accueille plus de participants. Des bières sont à déguster tout au long de ces trois jours de fêtes : Des bières flamandes mais aussi la Chti, la Page 24… Tout le monde peut camper sur place, dans les pâtures, au milieu des animaux domestiques, des chevaux, des poneys, des chèvres, des poules et des coqs. Mais les nuits risquent d’être courtes pour toutes et tous car la musique et la chaleur  viendront quoiqu’il arrive nous tirer de nos duvets aux premiers rayons ardents du soleil du nord.