Carnets de route

Magnifique spectacle de plumes et d’anges hier dans la nuit sur la place de Béthune. Les spectateurs ont dansé dans les plumes jusqu’au petit matin. Un rêve d’enfant. Le génie, c’est l’enfance retrouvée, disait Baudelaire. Pour le coup, dix mille personnes qui retrouvent en même temps ensemble leur enfance, c’est intensément émouvant. La place de Béthune était noire de monde. Zartsup avant d’avoir lieu à Béthune avait lieu à Bully les Mines dans le quartier des Brebis. On y avait fait un spectacle. On avait appelé ça, une exposition littéraire. Kader Baraka y participait. Sur une dizaine de petites estrades, il y avait un comédien qui disait un texte pour quelques spectateurs. Et les spectateurs déambulaient d’un texte à un autre. C’est l’année où on avait fait un gros travail avec les Métallovoices sur un texte d’Eugène Durif. Avec Didier Cousin et Martine Cendre. Et Riké qui chantait comme Peter Gabriel. Tout le monde se retrouvait au café, à la terrasse du seul café de la place des Brebis. A Bully les Mines. Cette année là (ou peut être que c’était l’année suivante) s’était produit le théâtre de l’Ostrevent. Une troupe caennaise dont Arzela Prunnenec a fait partie pendant des années et dont on avait vu un spectacle un jour à Dunkerque, Arsenic et Vieilles dentelles. Rien à voir avec les anges et les plumes sur le place de Béthune, hier soir. On est allé au théâtre de la Colline à Paris pour parler des Atomics. Patricia Michel en est l’administratrice. C’était la première administratrice de la compagnie. Au Ballatum. On était à la Rose des Vents. Hier soir quand les anges étaient très haut dans le ciel, les plumes se perdaient dans le ciel, emportées par le vent.

C’est Zartsup à Béthune, festival de théâtre de rue, proposé par Culture Commune. Pendant trois jours. Hier une troupe de cirque anglaise a présenté un spectacle à la ZUP de Béthune avec des habitants du quartier. Aujourd’hui et demain il y aura des spectacles dans toute la ville et aussi à Barlin. Et dans une semaine ou deux on remet en route la Smob à Hinges et Locon pour un portrait de village et plein d’autres actions artistiques; ça n’arrête pas. Toujours sur le brèche. C’est Béthune 2011, capitale régionale de le culture. Bartabas prépare un grand spectacle avec Caroline Carlson. On avait vu il y a plusieurs années un spectacle de Caroline Carlson invitée par la ville de Bruay à la magnifique piscine Arts Décos du stade parc. On y avait croisé Pascale Debrock qui travaille aujourd’hui à l’Epidème à Tourcoing. On s’était revu  en janvier 2010 quand on a fait nos portraits de quartiers avec le Grand Bleu. On avait travaillé une semaine à l’Epidème. On avait rencontré une association d’habitants qui résiste à la destruction de leur maison, de leur quartier transformé en éco-quartier. Sans qu’on ait demandé leur avis aux gens qui habitent là depuis toujours. On avait fait à l’Atelier Electrique un débat avec l’architecte P. Bouchin. Lundi soir a lieu le conseil d’administration et l’assemblée générale de la compagnie. Pour voir plus loin. On pourrait monter un ballet. Qui mêlerait acrobates et danseurs et qui parlerait de justice de classe. Giselle.

Un jour après l’autre. Continuer à chercher. Prendre des nouvelles initiatives. Faire un autre journal pour le quartier du 11/19. Comme on a fait une réunion avec les gens de Culture Commune la semaine dernière, raconter dans un journal nos actions dans les lycées et les villages par la publication du journal de bord des Instantanés et des Portraits de ces derniers mois. On n’ira pas voir le film Pina puisque ça ne passe pas à Bruay La Buissière. Pourtant Pina Bausch a beaucoup influencé le travail du Ballatum Théâtre et puis de HVDZ.  Mais ça ne passe pas à Bruay La Buissière. Et on l’a raté à Lille. Au début du Ballatum on voulait faire exactement comme elle. Puis il y a eu Jan Fabre aussi. Et Jan Lauwers. Et Antoine Vitez et Komplex Kapharnaum. Et François Verret. Et Clyde Chabot, ses premiers spectacles. Et on se dit qu’aujourd’hui partout en Europe, on voit les idées populistes et la haine de l’étranger se répandre  comme dans les années 30, avant que l’extrême droite n’arrive au pouvoir partout sur le continent. On se dit alors qu’on est mal à l’aise face à des spectacles qu’on voit ici et là qui ne présentent des hommes que le côté malsain ou nauséabond. Sous prétexte d’éviter tout manichéisme et pour montrer la complexité de l’être humain. Un peu comme s’il fallait se préparer au pire. Comment Lars von Trier peut il faire l’apologie d’Hitler et vouloir la destruction d’Israel? Un cinéaste d’avant garde, aussi brillant et cultivé. On va faire un autre journal qu’on va distribuer au quartier sur nos actions dans les lycées, les centres de formation d’apprentis, les villages, les quartiers. Mêler le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté. Créer des comités de vigilance. Et de rêves.

Aujourd’hui, centre de formation des apprentis de Marcq en Baroeul. On reçoit à la compagnie un étudiant de l’université de Lille ce matin. Puis on fera un point sur le travail et les prochaines actions dans les villages et à Hénin Beaumont. Hier nous sommes allés à Hénin Beaumont. Reçus au bureau municipal. On a présenté la Veillée. Un petit film sur la Veillée. Puis une discussion s’en est suivie avec les membres du bureau municipal. La Veillée à Hénin Beaumont aura lieu fin juin et le film spectacle sera diffusé le 1 juillet à l’Escapade. Si tout se passe bien. Ce projet arrive en  fin de saison et à cette époque les théâtres ont déjà prévu de faire l’inventaire de leur matériel avant de partir en congés. A la mairie d’Hénin Beaumont le projet est porté par Caroline Troy, adjointe à la Culture, qui depuis des mois met tout en oeuvre pour que ça se passe bien. On a fait nos premiers pas de Veilleurs à Hénin Beaumont. Notre première réunion à Hénin Beaumont a eu lieu au troisième étage de la mairie dans la salle des conseils. On est monté par l’escalier. On était à bout de souffle. On nous attendait. On a pris place tout de suite et présenté le projet d’emblée. On est resté plus de deux heures. On a évoqué des sujets d’ordre artistique, d’ordre plus politique, et ce qui concerne la technique. Le lieu de représentation, les jours de marché, internet (qu’il n’y aurait pas au Q.G où on l’on s’installera mais à la mairie annexe qui se trouve juste à côté du centre social de Beaumont. Alors on se munira de nos clés 3G). Le maire nous a demandé si nous faisions du porte à porte pendant les veillées en habit de ville ou avec un nez rouge.

Cet après midi on sera à Hénin Beaumont et ce matin on reçoit un étudiant d’une école de théâtre de Lausanne. La Manufacture. Demain matin un étudiant de l’université de Lille. Maureen et Anne Charlotte qui sont en stage en ce moment à la compagnie sont étudiantes à l’université d’Arras  et de Lille. On pense aux longues conversations qu’on a eues avec Manu de Culture Commune qui est relations publiques et qui a repris des études. Manu doit réaliser un mémoire sur le travail de la compagnie HVDZ et plus anciennement le Ballatum. Pour le renouvellement de la convention avec le ministère de la Culture la semaine dernière lors de la réunion on a parlé de transmission. C’est un peu ce qui se passe là. Cette semaine aussi ou la semaine prochaine on accueille la compagnie Issue de Châlons en Champagne qui sera en résidence pour deux ou trois semaines à Culture Commune. Ce sont des jeunes acrobates qui travaillent sur la notion d’art, de territoire et des populations. Ils vont travailler au camp des réfugiés de Norent Fontes et à la Base du 11/19. Nous effectuons avec eux un travail d’accompagnement. Un coup de main pour réaliser leur projet. On met en place dès la saison prochaine des semaines de travail-transmission en collaboration avec les lieux qui nous invitent qui consistent à réaliser techniquement avec des habitants d’un quartier, d’un village, d’une ville une Veillée ou un Portrait… On va créer notre propre centre d’apprentis. Qui sait.

Aujourd’hui intervention au centre de formation des apprentis de Lomme, formation aux métiers de l’agriculture. Culture et agriculture. C’est le moment où jamais de faire du Land Art comme sur la colline d’Ohlain. Une grande bâche bleue qui flotte au sol et reflète la lumière. Un lac éphémère posé à flanc de colline. Demain c’est réunion à Hénin Beaumont avec le bureau municipal pour présenter la Veillée qu’on va réaliser à Hénin Beaumont. On y va à trois, Olivier, Sandrine et Guy pour être trois fois plus convaincant. C’est très différent d’une municipalité à une autre. C’est la première fois qu’on est invité par des élus à présenter la Veillée devant le bureau du conseil municipal. On est très heureux de faire ça. C’est une première rencontre officielle avec la ville avant de mettre en route la Veillée et de parcourir Hénin Beaumont dans tous les sens, à la découverte de ses habitants. Mais avant cela il y aura notre conseil d’administration. On n’a toujours pas trouvé de président. Jean Vinet quitte le CRAC de Cherbourg. Pôle cirque national. La Brèche. Jean nous avait amenés au cirque en 1997. Au Centre National des Arts du Cirque.

Cette semaine encore quelques interventions dans les centres de formation d’apprentis. Avec Didier, Martine, Jérémie, Maggie, Anne Charlotte et Maureen. En début de saison on avait demandé à toute l’équipe ce que serait une compagnie idéale. On avait imaginé que la compagnie pourrait devenir une SCOP. On en a reparlé lors de notre entrevue à la DRAC. La SCOP nous obligerait à faire des réunions plus régulièrement. Avoir un fonctionnement plus démocratique. Mais ces réunions pourraient aussi se dérouler dans le cadre de l’association. La semaine prochaine a lieu notre  conseil d’administration et notre assemblée générale. Le conseil d’administration est très éloigné du quotidien de la compagnie. Il y participe peu. Ce n’est sans doute pas la formule la plus adaptée ou la plus conforme à une vie de compagnie. On a dû renoncer au projet de Méricourt. Faute de disponibilité. On n’était pas capable de faire pour le mois de novembre un grand spectacle qui réunirait des milliers de gens pour l’ouverture du nouveau grand centre culturel de Méricourt. Avant novembre, on travaille à Dunkerque pour trois semaines de Veillée, à Loos pour les journées du patrimoine. A Hinges, Locon, Fresnicourt, Rebreuve Ranchicourt pour des Portraits de village. Ce serait folie.

Tandis qu’on continue à parcourir la région à la rencontre des centres de formation d’apprentis pour réaliser un film spectacle qu’on présentera le jour du forum des apprentis qui aura lieu cet automne, on prépare toutes nos interventions actions spectacles de la saison prochaine. Dont la reprise des Atomics: répétitions, représentations, tournées… On est allé cette semaine à la DRAC présenter notre dossier de renouvellement de convention sur les trois prochaines années. On a réalisé un bilan des opérations passées et imaginé des projets pour les saisons à venir. On a parlé de Joël Pommerat. Alors on est allé voir le spectacle la chambre froide à Arras. C’était plein. On a pu racheter un billet à un groupe d’étudiants parisiens. Cinq euros. Depuis qu’on a vu la chambre froide, on regarde partout pour savoir  comment Joël Pommerat fabrique ses spectacles. De Brecht à Shakespeare et l’émission Streap tease. Deux et quart de spectacle qu’on ne voit pas passer. C’est l’histoire d’ouvriers qui héritent d’entreprises qu’un patron leur lègue à sa mort.