
Aimer si fort…(journal des répétitions)
et de choisir un endroit où se poser pour être heureux.

Dominique, Amédée, Marie…
Dominique, Amédée, Marie F. qui travaillait auparavant à Culture Commune et quelques magiciens-techniciens et la dame qui est à l’accueil du côté de l’entrée des artistes et Pierre Laly aperçu derrière le rideau de fond le deuxième jour de répétition à Douai ; tout ce beau monde nous prend avec le sourire et nous permet de travailler dans de très bonnes conditions à l’Hippodrome. On a pris pleinement possession de la salle. On a déjà l’impression d’être chez nous. C’est fabuleux car nous sommes très peu venus à Douai durant ces longues années de théâtre dans le Nord Pas de Calais. Mais cette année on se rattrape. L’année dernière nous étions à Dunkerque, à naviguer dans tout le dunkerquois et au delà grâce à la belle équipe du Bateau Feu et cette année nous allons jouer et travailler pour et avec les personnes un peu partout dans le Douaisis. Secrètement on peut bien l’avouer, on espère bien un jour revenir dans le bassin minier du Pas de Calais où habite HVDZ, le hollandais volant qui navigue au quatre coins de l’hexagone et partirait de l’autre côté de l’océan dans les mois à venir et au delà de la Méditerranée (sans oublier la Suisse). Une escale de quelques semaines au port d’attache pour nous revoir, nous ressourcer, nous rappeler d’où nous venons. Nous regarder dans la glace. Pour voir combien nous avons changé au cours de ce long voyage des Veillées qui a démarré il y a plus de dix ans à Culture Commune. Faut faire vite et vivre vite (mais peut-être que c’est déjà trop tard), Chantal Lamarre s’en va l’été prochain. Elle prend le large à son tour.
Tout ce que je fais, c’est pour mieux te voir. C’est tout.

A quoi ça rime de quémander de l’amour ?

C’est pasparce qu’on a fait 95% du chemin qu’on est arrivé. Il nous reste la moitié de la route pour arriver à destination donc la recherche continue.
Hier après midi on a improvisé encore. Chacun devait faire comme s’ il avait assisté à la présentation de travail publique de jeudi soir et raconter ce qu’il avait vécu, ressenti en jouant un personnage ou pas.
Extraits:
Je croyais que ça serait plus violent, y’a pas mal de trucs qui m’ont fait rire. Voir toutes ces filles qui font les pimbêches.
How do I feel, now ?
I feel different, something inside me has changed.
Moi, je suis venue voir ma petite fille qui joue dans le spectacle, je n’ai pas envie d’entendre ces histoires de femmes qui souffrent, j’aime beaucoup ma petite fille mais je n’irais plus voir ses spectacles.
Est ce que c’est un spectacle féministe ? On voit des femmes dans tous leurs états. On se demande.
J’ai saisi le texte, je le reçois, je voudrais le recevoir plus dans mon corps.
C’ était bouleversant, émouvant, angoissant, navrant, désespérant, choquant, sautillant, bruyant, sanglant… et pas reposant.
Ça a agit sur moi comme une libération. Quel bonheur de voir ces femmes mises en avant, la fragilité, la force. J’ai même éprouvé du désir, j’ai un peu honte, je les ai désirées toutes au moins une fois.
Aimer si fort, je croyais que ça serait une histoire d’amour, j’ai vite compris que ça ne parlerait pas d’amour.
C’est pas mal mais je pense qu’ils n’ont pas terminé.
Les femmes sont poussées dans leurs retranchements, elles sont pas toujours belles par contre les deux gars n’ont pas une place facile. En même temps c ‘est de bonne guerre .
C’est une allégorie poétique.
Ce genre de spectacle, j’aime pas du tout. J’aime les paillettes. J’ai pas envie qu’on parle de ça. J’ai vécu deux ans au Mexique, j’ai pas entendu parler de ça.
Ma mère m’a amenée ici pour que je prenne conscience du projet phallocratique qu’est mon existence. Je n’étais pas très à l’aise de voir les corps de toutes ces filles, enfin, de ces dames. Elles prennent des risques.
Que je sois heureuse ou pas, ici ça ne compte pas.

Pour le souper, nous aurons une dinde rôtie et une tarte aux pommes. Aujourd’hui, je suis, Dieu merci, toute la journée à la maison, et ce soir aussi…

C’est le journal que j’ai tenu dans cette chambre.

On m’a expliqué que le mot tiramisu signifiait remonte moi.

