Diversité des gens d’ici

Les premiers portraits de gens d’ici sont dans la boite à images ! Ce matin, Laura Madeline et moi, nous accompagnions Isabelle de HVDZ pour interroger deux personnes présentes à Mondoubleau et à proximité. Il serait difficile de trouver caractères plus différents que ces personnes-là.
Pour rencontrer la première, nous nous sommes rendus dans un endroit bien nommé : Bellevue. Une splendide lumière matinale éclairait la terrasse d’une maison presque cossue d’où l’on pouvait contempler Mondoubleau et la campagne environnante, avec au centre le clocher et la tour penchée. Un air frais de printemps sur une perspective dégagée.
Pour la deuxième rencontre, nous étions assis dans une salle de cinéma confortable, avec fauteuils rouges et plan incliné. On se serait crus dans un documentaire d’Arte.

La première personne, qui se présente comme Gourdet Guy, nous confie le désarroi que l’on imagine partagé par de nombreux agriculteurs. Ayant passé toute sa vie dans l’exploitation familiale, il se sent envahi dans son territoire. Etant donné la désertification des campagnes à laquelle n’échappe pas la notre, on se demande par qui il se sent envahi. Il nous dit aussi qu’il se sent dépossédé de toute initiative, les décisions étant prises de la-haut, par des gens « qui n’y connaissent rien », au sommet de l’état ou de l’Europe. Il nous dit aussi qu’il vend son lait au groupe Bel et on se demande quelle latitude lui laisse cette entreprise dans la façon de gérer son exploitation. Entre parenthèses, cette entreprise mondialisée se présente comme un « acteur majeur sur le segment du snacking sain ». C’est dire si cette entreprise est à l’écoute !

Dans la salle de cinéma, le régisseur Baldemar montre quant à lui un enthousiasme communicatif. Que c’est agréable de converser avec quelqu’un qui est fier de son travail ! Chauffeur, technicien, projectionniste, il fait tout lors de sa tournée du ciné-mobile. Il est conscient de ce qu’il apporte à la population locale, dans les communes de la région Centre. Car au-delà de la projection d’un film, il est heureux de permettre aux spectateurs de se rencontrer pour une séance et de discuter avant ou après le film. Il est plein de gratitude envers ceux qui ne cessent de le remercier pour ses longues journées de travail. Il aime ce qu’il considère à juste titre comme une mission de service public, et qui compense l’éloignement constant de sa maison et les horaires atypiques. Merci la Région Centre de financer le camion qui se transforme en cinéma, et redevient camion quand sonnent les douze coups de minuit !

Élisabeth, veilleuse d’ici

Des Bovans à la Métairie de Saint-Avit

À la ferme de la Métairie de Saint-Avit, nous avons vu 2200 poules dehors. Ce sont des poules rousses, des Bovans, des poules pondeuses qui ne sont pas agressives. C’est environ 2000 œufs bio par jour. Comme dans le bio, on n’ébecque pas les poules, il faut des poules douces. Et c’est au son de ces douces poules rousses, que nous faisons une conversation filmée avec David Bessé, un agriculteur qui a repris, il y a dix ans, l’exploitation des ses parents. Ses poules pondeuses sont « en bio ». Mais l’autre partie de son travail, c’est les céréales. Et là, c’est plus compliqué d’imaginer travailler en bio. Il parle d’agriculture raisonnée. Utiliser moins de pesticides, moins de chimie, et utiliser aussi des produits naturels, des huiles essentielles. Mais ça on ne l’apprend pas à l’école quand on devient agriculteur. Une discussion intéressante sur la place de l’agriculteur, sur les modes de cultures : industrielle, bio, raisonnée. Une conversation intéressante sur une question qui n’est pas simple. Comment vivre de son métier en respectant au mieux la nature, mais en proposant des produits accessibles à tous.

Diva percheronne

Cet après-midi, nous sommes allés à la ferme des Haies, la ferme d’Estelle Mulowski. Simon et Françoise ont eu l’opportunité de danser avec Diva, Yvon a fait du fil, et Aymeric du soubassophone. C’était très chouette. On aurait dit qu’ils essayaient de séduire Diva. À qui aurait son affection ? À savoir que le cheval percheron est un animal très impressionnant. Bravo à Simon qui, pas très à l’aise avec les chevaux, a gagné l’affection de Diva, et a eu droit à pleins de câlins.

Péné-Dian, veilleuse d’ici.

Le tour du territoire

Merci à Christine Charreau et à Agnès de Pontbriand, nos guides. Merci pour la belle, instructive et émouvante visite du « territoire de la veillée ». Mondoubleau, Cormenon, Souday, Arville, Oigny, Saint-Agil, Saint-Avit, des tours penchées, des points de vues, des châteaux, des ruisseaux, des moulins, des templiers, des histoires cachées.

Couëtron-au-Perche, Mondoubleau, Cormenon

Pour commencer cette veillée, il a fallu d’abord apprendre les noms, la géographie et l’historique du « territoire » que nous allions sillonner. Il s’agit de trois communes : Couëtron-au-Perche (1089 habitants), Mondoubleau (1355 habitants) et Cormenon (694 habitants). Certes, jusque-là, c’est simple, c’est déjà beaucoup, trois communes, mais c’est simple. Mais voilà, elles ne sont pas toutes les trois complètement limitrophes. Et puis surtout Couëtron-au-Perche est une commune nouvelle. Elle existe depuis à peine plus d’un an.  Couëtron-au-Perche, c’est en fait cinq « anciennes » communes réunies en une seule, c’est Souday plus Arville plus Oigny plus Saint-Agil plus Saint-Avit. Mais un an, c’est très jeune pour une commune, et visiblement ce n’est pas encore dans les habitudes. Personne ici, ou presque, ne nous parle de Couëtron-au-Perche. Et personne ne nous dit je vis à Couëtron-au-Perche, je travaille à Couëtron-au-Perche, je vais à l’école à Couëtron-au-Perche.  D’ailleurs, on ne sait pas encore vraiment – plusieurs propositions cohabitent – comment vont s’appeler les habitants de Couëtron-au-Perche.

 

Travailler à la campagne

« Le territoire d’ici », c’est Couëtron-en-Perche, Mondoubleau, Cormenon. Des lieux qui ont chacun leurs particularités. Ce qu’on nous dit, c’est que Cormenon c’est les usines. Des usines à la campagne, ça peut paraître étonnant. Mais, Siplast, toits et toitures en matière bitumée, est bien née ici, à Cormenon. C’est quelqu’un des anciennes tanneries qui l’a créée, il y a 62 ans. Depuis, elle a été rachetée par un grand groupe danois, qui lui-même a été racheté par un groupe américain, encore plus grand. L’usine a changé de nom à chaque fois, mais ça reste quand même Siplast. On est toujours à Cormenon.
Avant, c’était des locaux qui travaillaient à l’usine. Et il y avait du travail pour tout le monde, pour toute la famille. Maintenant, c’est différent évidemment, il y a moins de travail et en même temps, étrangement, on va chercher des gens beaucoup plus loin. Cependant, ce qu’on nous dit, c’est qu’il y a surtout des personnes très attachées à l’usine, certains sont là depuis très longtemps, il y a une personne qui a 45 ans d’ancienneté, des gens qui viennent à l’usine à pied ou en vélo. Ici, l’attachement à son usine reste une chose particulière. Et ça, cet aspect humain, ça compense largement certaines complications, notamment pour faire venir la matière première ou pour faire repartir les commandes.
On rencontre le responsable du comité d’entreprise et le directeur. On leur parle de la veillée, du film-spectacle, on aimerait rencontrer des gens sur le site de production, on aimerait venir danser dans l’usine. Qu’est-ce qui est possible ? Dans l’usine ? À l’extérieur ? Au milieu des rouleaux de bitume ? Dans le réfectoire à midi ? Sur le parking de l’usine ? Est-ce qu’on pourra faire des images ? Est-ce qu’on pourra danser sur les sites de production ?

Un groupe à géométrie variable

Certain.e.s d’entre nous les connaissent déjà, d’autres les rencontrent pour la première fois, les personnes qui vont passer du temps avec nous cette semaine sont nombreuses. Premier tour de présentation :

  • Majida nous a chaleureusement accueillis hier soir à la gare TGV de Vendôme, et nous a amené en voiture jusqu’à Mondoubleau où nous dormirons pendant la Veillée, elle avait aussi préparé une partie du repas, dont un délicieux houmous ;
  • Flora et ses deux enfants et Sofia étaient déjà à la « grande maison », et avaient elles aussi préparés de délicieux petits plats, elles donnent des éléments de compréhension aux personnes les moins averties, on se sent déjà un peu plus chez nous ;
  • Morgan est là aussi, Morgan sera l’espion de la semaine, il nous suit avec son enregistreur en action et en coulisse et il prépare la radio qui sera diffusée à partir de lundi prochain à cette adresse : http://lechalier.fr/radio-veillee/ ;
  • Florent, qui a prêté sa voiture hi-tech à Majida pour qu’elle puisse venir nous chercher, nous dit qu’il nous ramènera les tracts le lendemain (aujourd’hui), depuis, chaque fois qu’on le croise, il tient à la main des affiches, des tracts ou les deux ; c’est aussi un expert des célébrités ;
  • Manu, qui nous ouvre les portes de la « grande maison » reste pour le moment dans les parages, ils’assure du bon fonctionnement de la chaudière capricieuse, et du bon confort de ses invités ;
  • Bastien est le cuisinier de la semaine, il nous régale à chaque fois, et il est de ce genre à faire la petite blague piquante pile au bon moment, de celles que l’on apprécie particulièrement dans notre bande.

Et puis on a rencontré les artistes qui nous accompagnerons pendant les prochains jours, et la suite au prochain épisode écrit.

De la focale et du gain

Ce lundi matin, Béné nous a préparé des dessins. Quatre affiches pleines de couleur viennent décorer l’un des murs de notre QG. Les caméras on les utilise déjà, mais des fois on rate notre image, et ça peut aller à l’encontre de ce que l’on veut dire et montrer. On trouve les gens que l’on rencontre très beaux et belles et quand le rendu à l’image ne les valorise pas, on est tristes. C’est aussi qu’on a des nouveaux outils, et les nouveaux outils demandent de nouvelles connaissances.
Béné nous donne des clés supplémentaires pour échapper à ces écueils.
Si vous aviez déjà trouvé très beaux nos films, cette fois vous serez époustouflé.e.s !

Pour commencer, décrocher les étoiles. La veillée dans le Loir-et-Cher, ce sera du 18 au 30 mars 2019.

 

Jeudi 7 février 2019, à 18h30, dans la salle de l’Étoile de Mondoubleau : Le Cheptel Aleikoum et l’Échalier avaient donné rendez-vous aux Mondoublotiers,  aux Cormenonais et aux habitants de Couëtron-au-Perche.
(Alors, d’après l’internet, les habitants de Couëtron-au-Perche ce sont des Soudaysiens. Oui, la nouvelle commune de Couëtron-au-Perche, ça comprend bien l’ancienne commune de Souday, mais pas seulement, Couëtron-au-Perche c’est aussi Arville, Oigny, Saint-Avit et Saint-Agil.) (Saint-Agil, c’est où il y a, depuis 2004, le Cheptel Aleikoum.)
Il y a eu beaucoup de monde au rendez-vous, on fait un grand cercle de deux rangées chaises sous les étoiles suspendues au plafond. Les veilleurs d’HVDZ racontent un peu : conversations filmés, portraits citations, film-spectacle, blog.  Puis chacun se présente. Il y a des gens de toutes les « communes du territoire ». Il y a des personnes qui sont là depuis toujours, d’autres depuis 15 ans, d’autres depuis 5 ans, d’autres depuis trois mois. Et puis, il y en a qui habitent juste de l’autre côté des frontières du territoire de la veillée (ah, les frontières), à Choue par exemple. Et puis, il y en a qui habitent encore plus loin, de l’autre côté de plus grosses frontières, carrément dans la Sarthe. Mais chacun est là parce qu’il se sent concerné par ce qui se passent « ici » (et les frontières ne tiennent plus vraiment).
Aux dires de beaucoup de personnes à la fin de la soirée, cette réunion est déjà une réussite, elle a même « quelque chose d’émouvant ». Parce qu’elle a rassemblé des gens qui d’habitude ne se parlent pas, des gens qui se croisent sans se connaître. Des gens qui n’ont pas les mêmes modes de vie, qui n’ont pas les mêmes préoccupations, qui ne font pas les mêmes choix de vie. L’endroit de rencontre ce soir-là, c’est un désir de chacun d’être un peu de la veillée « CAP-MDB-CMN » (Couëtron-au-Perche-Mondoubleau-Cormenon).
Et puis, après la réunion, on boit un verre, on parle, toujours sous les étoiles. Cette soirée avait pour but de préparer la veillée qui commencera le 18 mars. Mais on dirait bien que la veillée a déjà commencé, ce 7 février.
À bientôt.