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Deuxième représentation à la prison, c’est du théâtre comme il était à prévoir. C’est carrément bien. Même si aujourd’hui, on avait deux acteurs de moins, retenus dans leur cellule. Du théâtre exemplaire. Du théâtre avec ou sans texte dans les mains. Du formel ou complètement informel. Du théâtre qui descend dans la salle. Du théâtre de personnages totalement inspirés des propres mots des comédiens. Du théâtre de proximité qui brise les codes et les conventions de ce qu’on a l’habitude de voir. Du théâtre dérangeant parce que ça sonne vrai du début jusqu’à la fin même quand c’est volontairement hyperthéâtralisé. Du théâtre comme il fallait s’attendre qu’un jour on en invente. Demain, on joue au théâtre de l’Agora, à Evry.

Demain on retourne à Fleury Mérogis. Très tôt. Enfin, à la même heure que tous les travailleurs. On décolle de la maison à sept heures trente. Aujourd’hui, on a vu la troupe s’égayer dans différents endroits de l’Ile de France. Qui pour voir une expo sur les ouvriers de la métallurgie, qui, pour rendre visite à une amie, qui, pour aller au cinéma. Guy est resté dehors, dans les rues et les bois de Ris, une bonne partie de la journée et sur les bords de Seine, sous une pluie abondante, équipé d’un simple parapluie de fortune, le reste de la troupe ayant déserté Ris et par la même occasion embarqué les clefs de la maison. Une bonne tarte aux courgettes gratinées et une pincée de gingembre a fait notre repas du soir, préparée par Didier et Christophe.Ce soir la discussion a pris mille détours, on a parlé de Fleury, de la vie. On a évoqué des histoires de Veillée de Sartrouville à Loon Plage. Et aussi des esquimaux et du changement climatique.

On a fait comme on a dit, on est à Ris Orangis. Demain matin, on s’est organisé deux départs pour Fleury, un premier départ à 6h30 avec Christophe et Jérémie pour Evry, aller rejoindre le technicien-magicien de la scène nationale qui nous accompagne toute la semaine à Fleury et à l’Agora et un deuxième départ directement pour Fleury à 7h30, rendez vous au SPIP à 8h. Lundi, on passe toute la journée à la maison d’arrêt.

Ce soir, on a mangé dans un restaurant japonais sur la place Jacques Brel à Ris, sur la longue avenue qui n’en finit pas, dont on pourrait penser qu’elle traverse toute l’Ile de France. A l’heure qu’il est, on a rejoint notre maison bourgeoise. Jérémie et Martine peaufinent les vidéos de la Veillée et chacun s’active à bien préparer la journée de demain.

Tous à Fleury sans faute dès lundi matin. On est attendu à sept heures à la porte du garage pour rentrer tout le matériel technique. On peut imaginer que de faire rentrer tout le matériel technique nécessaire à la représentation risque de prendre beaucoup de temps. C’est pour ça qu’on arrive si tôt. On répètera une dernière fois dans la matinée avant la représentation de l’après-midi. Toute l’équipe d’Hvdz sera présente, à part Gilbert et Pierre. Gilbert nous rejoindra jeudi à l’Agora d’Evry. On n’a pu faire la publicité du spectacle que tardivement puisqu’ on avait besoin de toutes les autorisations de l’administration pénitentiaire avant d’en parler et de publier des tracts et des affiches. Même chose pour le blog. Nous ne publierons le journal de bord de la création avec les personnes détenues qu’après-coup, quand nous en aurons la permission. Ce sont les règles des interventions extérieures en maison d’arrêt. Mais cette fois, on n’a jamais été aussi proche du but. On sent l’angoisse qui monte comme à chaque fois, à la veille d’une première. On va jouer deux fois à Fleury et une fois à Evry. La dernière répétition (mercredi dernier) a eu lieu en présence de la juge d’application des peines et tout s’est bien passé. Il faut préciser que toutes les répétitions et ce depuis le début de nos interventions se sont toujours bien passées. (à suivre)