souffrance au travail

On bosse. Ça bosse. On n’a le temps de rien d’autre et le temps file comme jamais. Au débat auquel on a participé hier à l’Epée de Bois, à la Cartoucherie de Vincennes, Christophe Dejours disait combien les gens n’avaient jamais tant travaillé. Les nouvelles façons de diviser les tâches au travail, les ressources humaines dans les entreprises et la gestion contemporaine du travail amènent les salariés à travailler et se rendre disponible pour leur entreprise, à chaque instant de leur vie de travailleur. Ce qui engendre des nouveaux types de pathologies multiples au niveau du corps et du psychisme des individus. Qu’en est-il dans le théâtre ? Personne n’échappe à l’air du temps. En tout cas, pas nous, chaque jour nous apporte son lot de surprises et de complications : Pour la tournée CCAS qu’on fait cette année en Bretagne (avec la Brique), on avait mis au point une organisation, que nous devons revoir et qui obligera Marie dans les derniers jours de la tournée à faire le travail de deux personnes. On finira la tournée à 3 au lieu de 4, comme prévu initialement.

Vincennes, je me souviens d’un zoo

On a participé à la rencontre organisée par les Tréteaux de France au théâtre de l’Epée de bois à Vincennes, à la Cartoucherie. Ça a duré un peu plus de deux heures. Nous étions sept ou huit intervenants. Le débat était dirigé par Sylvie Martin Lahmani. Les gens ont mille choses intéressantes à raconter. Sur le rôle du théâtre dans la société. On aurait pu parler encore des heures. Mais le temps faisant, c’est difficile pour les spectateurs. Cela fait une somme d’informations énorme. Difficile de tout capter. Cependant voilà une belle occasion d’aller faire un tour à la Cartoucherie de  Vincennes. J’avais oublié combien c’est bucolique. Il y avait une trentaine de personnes dans la salle. Et comme toujours au théâtre, après tant et tant d’années, on retrouve à chaque fois des gens qu’on connaît.

Factotum

Qu’est ce que tu veux que je raconte ? On prépare le travail de montage d’une démonstration, la semaine prochaine, à l’Esad. Je passe aussi beaucoup de temps à dormir et j’attends d’aller à Vincennes pour le débat sur la représentation du monde du travail au théâtre. On m’a demandé de préparer une intervention d’une vingtaine de minutes et puis, quand chacun des invités aura parler, de laisser la possibilité au public de poser des questions. Y aura t il du public ? A cette heure là, un dimanche après midi en plein Euro du football. A quelques heures d’un nouveau match de l’équipe nationale. Ça me rappelle une intervention à la BNF, lors d’un colloque, sur le nouveau cirque, il y a quelques années. Il y avait, tout au plus, dans la salle, une dizaine de personnes (uniquement des universitaires et des personnes du ministères de la Culture ). On m’avait demandé d’écrire une entrée de clown. Comment avais je pu accepter une chose pareille ? Je me souviens des yeux ronds des gens qui m’écoutaient. J’ai lu ce que j’avais écrit et j’ai discrètement disparu, pour m’éloigner au plus vite de ce qui venait de m’arriver. Mettre de la distance entre l’endroit de la situation absurde, kafkaïenne que je venais de vivre et moi.

Week end à Paris

La semaine se termine et on reste à Paris pour un débat à Vincennes, dimanche 20. Les Tréteaux de France présente tous leurs spectacles en un mini-festival au théâtre de la Tempête. Et pour l’occasion organise un débat avec Christophe Moyer, Christophe Dejours, Robin Renucci, Riccardo Montserrat et nous. On enchaînera dès lundi à l’Esad avec la construction d’une démonstration pour la fin de la semaine. On est toujours dans notre mini studio, au 55 rue Montmartre, auquel on accède comme on ouvre un gros coffre fort. Pas moins de trois codes différents et une porte blindée. C’est hyper calme et hyper bien situé. Qui aurait pu penser un jour qu’on serait logé dan le quartier des Halles ? A cinq minutes de l’école. Les cours se passent bien et les inventions sont riches. On a de la chance d’être tombé sur ce groupe.

Partout dans Paris , on ressent le métro qui passe

Jour après jour, on cherche, on met les étudiants en jeu. On invente des sujets d’impros à partir d’un page de notes, d’un texte, de prises de son dans la Jungle de Calais. Ou encore de photos. On leur demande d’écrire. D’écrire vite. Et de dire de mille manières leurs propres textes.

On a revu des gens ce soir qu’on n’ avait pas croisés depuis plus de 30 ans, on a évoqué un temps ancien où on ne se souciait pas trop de trouver du travail ou pas. Alors qu’aujourd’hui, c’est complètement différent. Si c’était aujourd’hui, on aurait fait des choix complètement différents. On n’aurait pas été acteur, ce serait beaucoup trop risqué. A l’époque, tout semblait tellement possible à tout le monde, si on en éprouvait le désir.

On a longuement parlé aussi de l’EPSM. De planche à voile, de requins, de larmes et de clic clac. Et raconté des anecdotes. On a ri, beaucoup.

 

Quand as tu commencé à travailler ici ?

Plusieurs jours qu’on est à Paris en cette fin juin, début d’été. Pour des interventions à l’ Esad (école supérieure d’art dramatique). Depuis qu’on a quitté Wattrelos.

On ne manque pas d’occupations. Pas de quoi s’ennuyer. Tout cela sera suivi par un stage Afdass à Loos en Gohelle. On vient d’apprendre que Clémentine qui jouait dans Aimer si fort, ne participera pas au stage.

Bientôt, on ira faire un tour en Bretagne, dans le cadre d’une tournée CCAS de la Brique.

Il y a un monde fou à Paris par ces jours d’agréables lumières, tard dans la soirée. Un monde fou aux terrasses. Des milliers d’écrans dans toute la ville diffusent les matches de football de l’Euro. On n’a pas regardé le match de la France contre l’Albanie, on est allé au cirque. Un cirque qui met en scène la culture manga. C’est l’occasion de sortir un peu. Porte des Lilas, place du Maquis du Vercors. On y est allé avec Uber, on est revenu en bus et en métro. On a resquillé et on a donné 20 euros à un sans abri.