Bérénice

On est allé voir les majorettes de Lécluse. On leur a dit qu’on allait les interviewer un peu si elles voulaient bien, et Jérémie allait les filmer pendant leur chorégraphie, si elles voulaient bien. Bérénice, ne voulait pas. « Moi, dès que je vois une caméra, je me planque! » On a parlé avec plusieurs jeunes filles, qui se réunissent tous les mardis et vendredis. Elle s’entraînent dur pour pouvoir participer à des concours, et les gagner souvent, comme à Dieppe l’année dernière. « On va au bout de nous même pour que notre capitaine soit fière de nous. » Elle sont une vingtaine en tout. Jérémie demande s’il peut filmer des majorettes en solo face caméra pour le film-spectacle. Elles dansent toutes ensemble, et passent chacune leur tour devant la caméra. Une jeune fille, puis une autre, puis une autre…Jérémie dit que c’est bon, il a les images qu’il lui faut, il reviendra vendredi pour filmer le groupe en entier. Marie repère Bérénice qui semble vouloir dire quelque chose. En fait, Bérénice souhaite être filmée. Elle passe devant la caméra et effectue sa chorégraphie, elle est rayonnante.

Balade dans Lécluse avec Mr Leclerc

On s’est donné rendez-vous avec Mr Leclerc devant la mairie:
« Bon alors on y va…Alors déjà là c’est le monument aux morts, vous savez ce que c’est, je développe pas. Là c’est l’église, vous voulez y aller? – Ouiiiiiiii! -Bah on ira après! Alors là, cette salle à droite, c’est l’ancienne salle paroissiale, transformée en cantine, salle communale…Là, c’est la salle Durandal, le nom vient des pneus antidérapant qu’on fabriquait ici, y’a plus de 80 ans. Là, c’était la brasserie au Bon accueil. Il y avait plus de 34 cafés avant à Lécluse. Dont le dernier sou, le dernier sur la route, là où on allait dépenser son dernier sou quoi!!! Là, c’était un moulin, arrêté dans les années 60. Ici, il y avait des râperies, on râpait les betteraves, les gens avait du travail sur place à l’époque. Les betteraves c’était pour les sucres Beghin Say, et puis y’avait la brasserie aussi. Mais maintenant la population baisse, on est à 1495 habitants monsieur!
Là, c’était un dentiste, mais y’a plus de dentiste à Lécluse. Il y a trois médecins, et trois kinés associés dans le même cabinet. Les commerces ont disparus, c’est dommage parce qu’il y a de la place. On est dans le Nord, mais comme une poche dans le Pas-de-Calais. Les villages du coin, ils viennent à la pharmacie, à la poste ici.
Bon, sinon y’a des marais tout autour. Y’a plus que sept fermiers, j’ai connu l’époque où y’en avait plus de 30. Les betteraves surtout, et dans le temps y avait des endiviers. Moi, je suis à la retraite, avant j’étais dans la culture, pas comme vous hein, cultivateur!
Alors la maison, tout là bas, c’était un élevage de sangsue. La maison Denis, ils élevaient des sangsues qu’ils exportaient en France et à l’internationale. Les sangsues c’était pour les saignées, un remède contre les AVC, je vous parle de ça dans les années 20 hein!
Au bout de la route là-bas, c’est le Pas-de-Calais. Pour les bus, on est en bout de chaîne. On est tout au bout en fait.
On est sur l’ancienne route sur Paris là, maintenant c’est surtout pour les convois exceptionnels, ils passent par-là.
Moi, je dirais qu’on est un village qui a manqué d’évoluer, mais un village plein de possibilités! »

Maggy et Marie

Ce matin, on a rencontré Maggy au marché. On a pris rendez-vous avec elle et sa fille pour cet après-midi. Sa fille s’appelle Marie, elle a 12 ans. On s’est dit que Maggie et Marie allait interviewer Maggy et Marie.On y est allé avec Martine, parce que ça commence par Ma aussi, alors ça passe. Maggy nous a donné rendez-vous à 14 heures devant la maison construite par son grand-père. Il a mis 6 ans à construire ce bâtiment qui est devenue « La Taverne », où tout les jeunes de Lécluse allait danser le dimanche après-midi dans les années 60. Maggy parle avec émotion de ces années qu’elle n’a pas connues mais que ses grands-parents lui ont raconté. Avec beaucoup d’émotion aussi parce que sa grand-mère est partie il y a juste 3 mois. C’est surtout Marie, l’arrière petite fille qui ne peut retenir ses larmes. Marie, elle, fait du théâtre. Elle nous dit avec assurance et détermination: « Je veux être actrice », et fixe la caméra de ses beaux yeux bleus. Maggy la couve du regard, on sent la mère et la fille très complices et très attachées à leur histoire, Maggy nous raconte:  » À 5 ans, je l’ai emmené voir une pièce qui mêlait théâtre, Cirque et chanson, elle a été subjuguée. Et puis même avant ça, quand elle était bébé, le seul moyen de la calmer c’était de lui mettre Carmen! C’est une graine d’artiste. »
Elles  nous parlent aussi de la mère de Maggy, qui a rencontré son époux à 14 ans dans cette même taverne: « Ma grand-père ne laissait pas ses cinq filles sortir comme ça, alors ma mère et ses soeurs c’était à la taverne qu’elles rencontraient des garçons.Elle a rencontré mon père en mars 1971, une semaine après, le 21 mars, il y a eu le fameux premier baiser! Elle avait 14 ans. C’est aussi ici qu’ils se sont mariés.Vous voyez comme on y est attaché à cet endroit. C’est toute notre histoire. »