Sonia et Shefidin (2)

Sonia et Shefidin Hamiti  se plaisent beaucoup à la Chesnaie, ils y trouvent un cadre agréable pour élever leur fils de 11 ans. Sonia raconte » C’est un super quartier, il s’y passe des choses formidables humainement et culturellement. Avec la maison de quartier, il y a des spectacles, des sorties, le conservatoire vient aussi. Dans la cité c’est soit Johnny, soit du rap, mais des fois on y entend du violon. On vit des trucs magiques, je me souviens du père noël sur un cheval blanc qui se promenait au milieu des HLM! On serait en centre ville, on aurait notre petite vie tranquille mais on n’aurait pas tout ça. Oui, bien sûr, il y a des drames, comme la fusillade en juin. j’ai entendu des gens qui ne voulaient plus mettre leurs enfants dans les parcs. Mais ce n’est arrivé qu’une fois, le vie continue, il faut continuer! »

Il pensent tout de même partir au Kosovo d’ici quelques années. Shefidin explique: » Déjà, parce qu’il n’y a finalement pas de travail ici, et puis je suis un peu fatigué des réflexions gratuites, du rejet qui existe ici vis à vis des étrangers. Franchement c’est dommage parce que j’adore la France, mais c’est fatiguant de se sentir toujours jugé, rabaissé. Je m’exprime bien, mais j’ai du mal à écrire et ça me bloque dans les choix de carrière. Sonia aussi envie de venir. Certaines choses vont être dures quand même, comme l’accès au soin par exemple, la sécurité sociale, ça n’existe pas du tout au Kosovo. C’est drôle mais j’ai toujours habité tout près d’un hôpital en France et ça tombe bien parce que je suis hypocondriaque! Même ici, je me suis installé et il n’y en avait pas, et bien ils en ont construit un! »

Sonia et Shefidin

 On a passé un long moment avec Sonia et Shefidin Hamiti. Ils n’habitent pas à la Chesnaie depuis très longtemps mais sont déjà très actifs à la maison de quartier. « Pour l’instant,on est tout deux au chômage, mais partout où l’on est passé on a fait du bénévolat: le bénévolat, c’est croiser des têtes différentes chaque jour, c’est se dire que même sans travailler, tu existes. Je ne travaille pas, mais je suis utile. Et puis on est seuls ici, sans famille, sans amis, ça permet de tisser des liens. Quand on débarque dans un quartier parfois on se replie dans le communautaire, mais je viens du nord de la France et Shefidin du Kosovo, on ne peut même pas faire dans le communautaire, ça ne voudrait rien dire! » nous dit Sonia dans un éclat de rire.

On parle longuement d’emploi avec Sonia et Shefidin, du manque d’emploi surtout.  » On est venus sur la région parce qu’on nous a dit qu’il y avait du travail mais en fait non, après, à Saint-Nazaire j’ai un peu l’impression que quand les chantiers s’enrhument, c’est la ville qui éternue! On se dit qu’on est poissards, que quand on arrive le travail s’en va! » dit Sonia dans un sourire, « J’ai fait des dizaines de métiers dans ma vie, mais je n’ai jamais été payée plus que le smic! »

Shefidin enchérit: « moi, j’étais dans la mécanique auto mais j’avais trop de problème de dos. J’ai fait des formations pour me reconvertir. Tu sais ce qu’ils t’apprennent là-bas? par exemple, à bien te tenir face à un patron, tu ne dois pas croiser les bras sur la table, tu envahi son espace! avant je ne me posais pas de questions face à un patron, maintenant je sais plus comment me tenir! J’ai voulu me reconvertir dans la conduite d’engins de chantiers, pensant qu’il y avait du travail, on m’a dit tu dois passer des permis, j’en ai passé trois. Maintenant on me dit que je n’ai pas d’expérience! Dans certaines boîtes on me demande bac +5…pour conduire des engins de chantiers! »

« Fregatura »

Vendredi 10h rendez vous rue de Pornichet au centre ville dans un 11 mètres carrés. On va à la rencontre de Mercédes : maître mosaïste ou comme elle le dit artisan d’art. Mercédes est lumineuse, elle nous fait entrer dans son « atelier-galerie ». Après une explication de tous les matériaux qu’elle utilise pour ses mosaïques on lance la caméra. Elle nous raconte de Belfort à la Hollande, en passant par Tunis et l’Italie comment on en vient à choisir un métier hors du temps.

Hors du temps, certes, mais elle en prend quand même pour s’occuper de l’amicale laïque au niveau de l’école puis au niveau de la fédération et au niveau du département. Quand elle s’intéresse à quelque chose elle y va à fond ! Elle estime que ça fait partie de son devoir de citoyenne, que c’est une forme de militantisme. Après l’interview on lui propose un portrait chinois, elle accepte. Et puis on lui propose aussi de dire une citation à la caméra, là elle éclate de rire en disant en italien il y a un mot pour ça : Fregatura ! En italien ça veut dire juste ce petit moment on l’on se fait avoir. Et avec le sourire elle dit la citation.

En porte à porte

On est allée avec Didier ce matin faire du porte à porte au numéro 8 de la rue des troènes. Déborah que l’on a rencontré hier nous avait dit de passer dans son immeuble que beaucoup de gens pouvaient nous ouvrir leur porte. On a rencontré un homme qui est brancardier à l’hôpital qui nous a demandé si on pensait intervenir là bas. On a rencontré une dame qui est auxiliaire de vie chez les personnes âgées et qui nous dit apprendre énormément chaque jour. On a rencontre une dame originaire de Mayotte qui a beaucoup d’enfants, et qui nous dit qu’a Mayotte les enfants c’est leur richesse !