100 ans

On a rencontré Andrée et Fatou parce qu’elle se penchaient sur les portes vitrées du carreau pour voir à l’intérieur. On avait des tracts à la main et on en a profité pour les inviter au spectacle dimanche soir.
Fatou s’occupe d’Andrée. Andrée aura 100 ans en 2015. Elles sont toutes les deux belles et complices. Andrée nous a parlé de sa vie dans le quartier. il y a presque 100 ans. Elle fait la litanie des rues où elle a vécu, et parle des tailleurs, des marchands du carreau, des ouvriers en confection.
On aurait été heureux qu’elles viennent dimanche, mais Andrée est trop âgée pour se déplacer seule, et Fatou ne travaille pas le dimanche : elle s’occupe de ses six enfants. D’ailleurs, elle viendra peut être avec certains d’entre eux.

haut marais

Répu, rue du temple, 2ème sur la gauche en descendant, rue du petit Thouars. Quelques cafés et brasseries, puis, en face, Duperré, École supérieure des métiers du design, de la mode et de la création. Rue Spuller vers le square du temple, pause de midi, à la fois noir de monde et calme. Un monsieur nous a raconté qu’a chaque fois qu’il passe devant ce square, lui revient en mémoire la pancarte « interdit aux juifs et aux chiens ».
Rue Réaumur, rue au Maire. Les magasins chinois et le skate board depuis les années 70. La petite école de la rue des vertus, centre de loisir, parce que c’est les vacances. Rue de Bretagne, les Enfants Rouges. Joli marché trop cher, entend-on. Rue Charlot. Les deux écoles de la rue Béranger. Primaire collège aujourd’hui, filles et garçons autrefois.

Valse et Jazz, la charnière

Ce matin on a dansé avec des gens de l’équipe du carreau du temple et de l’Orchestre National de Jazz. On partage la scène, samedi soir, avec l’ONJ, alors on voulait se rencontrer un peu avant. on a proposé une valse, dans l’immense halle vide, qui commence à se remplir doucement. L’équipe technique commence à installer les projecteurs. Il y a la fin du marteau piqueur, les derniers petits morceaux de chantiers, et le tout début des installations de spectacle. Une valse pour le moment charnière.

le plus petit ascenseur du monde

On se prépare à faire du porte à porte, cet après midi. Dans le quartier. Les commerces du quartier et puis les immeubles parisiens.
Les immeubles parisiens sont codés, fermés, inaccessibles. Il faudra qu’on trouve une solution pour rentrer et aller rencontrer les gens chez eux.
Hier, on a vu le plus petit ascenseur du monde, peut-être. Officiellement il annonçait 2 personnes mais quand il s’est ouvert on s’est dit qu’il ressemblait à une boîte dans laquelle le magicien découpe une assistante en morceaux. On est monté à pied.

Famille Kolinka

Monsieur Kolinka nous a montré une carte de visite de la boutique de ses parents, avec dessus, de la main de sa mère, la recette du strudel.
On a vu les médailles, de fer blanc et de cuivre, qui étaient les pièces d’identité des marchands du carreau. Et les registres, avec un long silence de 41 à 45. Un silence qui prend la forme d’un trait barrant la page, horizontal et puis en biais. En 45, reprise de l’activité, suspendue pour causes de « lois raciales ».
On a vu les photos de M. et Mme Kolinka, père et mère, Dora et Georges derrière leur étalage, Spécialistes d’imperméables. Les années 60.
Et les numéros de boutiques. Les carte de vendeurs, de syndicat.
Plein d’archives que monsieur Kolinka garde dans des pochettes et des chemises. Et puis sur son ordinateur les photos de sa dernière visite au carreau, avant rénovation.
Et qu’il raconte avec une voix toute douce.
Et la gentillesse de madame Kolinka, qui nous ramène au RER sous une pluie diluvienne, après avoir partagé un exquis gâteau au fromage.