Au 10 de la rue vignette

charcut.jpg

Au 10 de la rue vignette à Aire sur la lys, il était une fois, il y a 140 ans, une charcuterie.

Au 10 de la rue vignette à Aire sur la lys, il est une fois, aujourd’hui soit 140 ans plus tard une charcuterie.

Au 10 rue de la vignette à Aire sur la Lys, il sera une fois une charcuterie?

Cela fait deux générations que cette charcuterie est tenu par la famille Fumery, d’abord le père et aujourd’hui le fils. Si on s’y rend c’est par la force des choses : l’andouille aura fait l’objet de plus d’une remarque, de plus d’un sourire et de plus d’une gourmandise. On nous a aussi parlé de la confrérie de l’andouille et nous sommes intrigués de la nature de ce groupe. Cependant cette confrérie n’existe plus ou du moins elle n’est plus que représentée par la charcuterie Fumery : « A sa création dans les années 80, il y avait 15 bouchers sur Aire tous en faisait partie, et  maintenant il y en a 4 et je suis seul dans la confrérie », dit Patrick Fumery.Un évènement important (allant jusqu’à réunir 10000 personnes) continue de marquer la ville et de réunir les bouchers-charcutiers, c’est La fête de l’andouille (voir photo de François Leroux ci-après). « Il sort de la charcuterie 10 tonnes d’andouilles par an » et qui dit « sortir »,pour cette charcuterie tout du moins (c’est une rareté aujourd’hui) dit aussi :  entrer en carcasse, passage par le laboratoire de transformation derrière la boutique et vente. Rien de ce qui rentre ne sort pas, « tout est bon dans le cochon ».

Ce matin, nous parlions du Portrait aux passants de la galerie marchande de carrefour et après cette discussion il est claire que ce n’est pas un luxe que de se renseigner sur ce que l’on mange, et que c’est même un plaisir d’en discuter, que c’est aussi une passion, un engagement que de faire à manger, que de transformer, que de passer de l’animal mort à l’animal prêt à être déguster. Que si la nature de ce travail se poursuit on peut continuer de dire « tout est bon dans le cochon » en sachant que « tout n’y est pas bon de toutes les façons ».

Faire ensemble

Une belle énergie émane d’Alain Carton. Il porte de nombreuses casquettes à Aire-sur-la-Lys. Au Conservatoire Municipal, il est professeur de flûte traversière et fait de la direction d’ensemble. L’idée, c’est de former individuellement mais surtout d’inciter les élèves à partager et à pratiquer la musique, en collectif, en orchestre. Pourtant il ne vient pas d’une famille coutumière du monde culturel. Il est tombé dedans à l’âge de 7 ans grâce à ses parents, et depuis, la musique, c’est toute sa vie. Alors il a décidé de la promouvoir et son métier, c’est sa passion. Il s’investit aussi dans l’Office Culturel d’Aire, où avec une petite équipe, ils organisent une programmation culturelle à l’année. Cette association a été créée il y a plus de 30 ans pour pérenniser et diversifier l’offre culturelle à Aire-sur-la-Lys. Prenons par exemple Musique en jardins, chaque dernier week-end du mois d’août, festival de 3 jours qui propose des concerts gratuits de musique classique et jazz dans des jardins de particuliers. De par sa gratuité et l’intimité qui découle de la taille des formations musicales (trio, quatuor…), de la proximité des musiciens, de l’accueil des particuliers, ce festival perdure et permet aux habitants de s’investir et de se rencontrer. Encore une fois, il y a la volonté de faire ensemble. Alain Carton voit Aire devenir une ville de plus en plus culturelle grâce au travail de l’Office du Tourisme, du Centre Socio-Culturel Intergénérationnel. Cet investissement change l’image d’une ville. Si il n’y a pas de culture, la société part à la dérive. Même si un spectacle a un coût, il est d’abord une richesse apportée à la ville et aux habitants.

Et puis il y a quelques années, Alain Carton a décidé de réaliser un rêve, apprendre à jouer de l’orgue. Alors pour clore cette rencontre, il nous offre un morceau de Schumann joué sur les grandes orgues. La collégiale résonne.

20140415asl_organiste.jpg

Gogo!

Mardi après-midi, nous rencontrons 9 jeunes gens en formation à Aire-sur-la-Lys, qui habitent la ville ou les hameaux autour. Leur formation est une remise à niveau en français, mathématique et informatique pour permettre de faciliter l’entrée en apprentissage ou la recherche d’un emploi. Didier explique comment est né le projet de portrait de villes et de villages. Quelques comédiens d’origine populaire, se sont retrouvés à faire du théâtre, mais finalement, dans la salle, peu de personnes issues du milieu ouvrier. Alors ensemble, ils ont décidé de faire l’inverse, aller vers les gens, faire avec eux. Considérer que en chacun il y a un artiste, pour faire ensemble et pour faire différemment. Nous leur demandons de se présenter chacun à leur tour et puis de lire face à la caméra une citation qui résonne pour eux.

Seules les traces font rêver a choisi Nadège.

L’habitude du désespoir est pire que le désespoir dit Antoine.

Chaque pensée devrait rappeler la ruine d’un sourire. Flora aime beaucoup ces phrases.

Ensuite, nous leur proposons de jouer à être Estragon, personnage de En attendant Godot de Beckett. Assis face à Didier qui interprète Vladimir, ils ont le droit de monter le ton, de se mettre en colère, de crier. Ce qui n’est pas si facile. Benjamin se met derrière la caméra et sera notre cadreur. Antoine se lance en premier. Et puis un par un, ils se donnent et nous épatent parce qu’ils sont volontaires et n’hésitent pas à donner de la voix. Merci à Alexis, Mickaël, Jason, Nadège, Muriel, Benjamin, Christopher, Antoine, Flora et Jessica d’avoir accepté de nous rencontrer et d’avoir jouer le jeu jusqu’au bout.

20140415asl_godot.jpg