regarder cet endroit d'une autre façon

Les troubadours sont arrivés hier soir.
Ce matin, ils ont dansé et fait des acrobaties au marché de Croix du Sud, sur la petite place devant le magasin de Fatima, sur le rond point en chantier en bas du château d’eau d’Ethnic’s, devant et dans la Fac.
Il fait beau et il fait froid, il y a du soleil et aussi du verglas.
Fatima est accueillante, souriante et si belle. Jérémie a fait un très beau portrait d’elle, dans sa boutique Amira, devant les quatre cabines téléphoniques rouges.
A la Fac, ils ont dansé sur un balcon. Une prof, qui passait par là, s’est arrêtée pour regarder l’adage. Elle a dit, à la fin je ne regarderais plus cet endroit de la même façon. Quand je passerai ici, je penserai à cette danse. C’est une remarque qui fait tellement plaisir ! on se dit que justement, c’est pour ça qu’on fait ça.
Christelle, de Radio Primitive, nous a suivi toute la matinée. Elle a enregistré les réactions des gens qui ont vu les danses, elle a enregistré notre laïus : Bonjour, je vous donne une invitation. Nous sommes une compagnie de théâtre et nous préparons un film-spectacle sur le quartier et les habitants du quartier…

Secours Populaire

Nous avons rencontré Françoise et Monique, du Secours Populaire, à la Nacelle.
Une fois par mois, elles accueillent 360 bénéficiaires. A noël, c’est monté jusqu’à 400. Elles sont là pour écouter les gens et pour organiser la distribution alimentaire mensuelle. Il y a toutes sortes de gens qui viennent, même des salariés, des gens sur-endettés, et puis aussi des SDF, à qui le Secours Populaire donne une adresse, pour qu’ils puissent toucher leur RMI. Avec le Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile, on a beaucoup d’étrangers. Elles disent : On ressent parfois un sentiment d’impuissance, mais, tout de même, faut positiver.
Monique dit : d’être là, ça me fait du bien, j’aime les gens.

minuterie

Au quatorzième étage de la tour de la Rafale, le vent est si violent que l’on n’ouvre pas les fenêtres, que l’on ne baisse pas les volets qui, autrement, s’arracheraient.
Jérémie a dit qu’il aurait aimé vivre en hauteur comme ça, si haut, et on lui a répondu qu’il y avait des appartements disponibles dans cette tour-là, qui vient juste d’être rénovée, mais Jérémie a dû préciser qu’il vivait à Lille, pas à Reims, alors c’était gentil mais …
La minuterie des escaliers de la tour de la Rafale est vraiment courte. On voulait y faire les portraits en pas de porte, mais la minuterie risquait de s’éteindre pendant les trente secondes de pose, alors on a renoncé et on est allé dans d’autres immeubles d’Eisenhower, encore.

mardi deuxième semaine de la veillée de reims début d'après midi

On a rencontré ce midi à la Nacelle, à la maison de quartier Françoise M. de la direction des affaires culturelles de l’université de Reims en grande partie située sur le quartier Croix Rouge. On a posé la question des relations entre le quartier et l’université. On a demandé si l’université participait aux réunions pour la rénovation du quartier et si l’université se sentait impliquée dans la vie de Croix Rouge. Françoise M nous a dit qu’il était prévu dans un proche avenir des actions artistiques et culturelles qui tisseraient des liens entre les habitants du quartier et les facultés. On a dit qu’il y avait au début, lors de sa construction dans les années soixante dix, la volonté d’inscrire une présence forte de l’université dans la vie de Croix Rouge. Et puis on a dit que dans les années quatre vingt dix on a perdu de vue les idéaux de l’éducation populaire pour laisser place aux idées ultra libérales et individualistes. Alors  l’université s’est refermée sur elle même et  par manque de moyen, elle a d’une certaine manière fonctionné en vase clos et s’est coupée du quartier. Mais Françoise M. nous a dit que des projets nouveaux étaient en cours d’élaboration pour engager davantage l’université sur le quartier.

la tarte aux myrtilles

Ce matin, on a fait du porte-à-porte. Au dixième étage d’un des immeubles d’Eisenhower, une dame a posé sur le pas de sa porte, pour le portrait, et puis nous a ouvert gentiment. On a vu la vue. A perte de vue, de chaque côté de l’appartement. Jusqu’à des quartiers qui ne font pas partie du quartier qu’on s’est délimité, au delà du quartier Croix Rouge.
La dame nous a donné des myrtilles, grâce à l’odeur de tarte aux myrtilles qui flottait dans l’appartement. Jérémie a dit ça sent bon chez vous ! et elle a répondu c’est les myrtilles, et elle est partie en chercher dans son congélateur, pour qu’on se fasse une tarte aux myrtilles. On retournera là-bas ce soir, pour filmer la vue tout là-haut, la nuit.