Madame Sagot depuis son observatoire

Madame Sagot a 91 ans et dit, je suis une dame âgée, mais pas une vielle. C’est pas parce qu’on prend de l’âge qu’on devient incapable de penser. J’ai encore toute ma tête. Qu’est-ce que vous en dites, franchement ?
Elle raconte ses seize ans en trente six, ouvrière en confection. On dormait à l’usine, dans les bacs de réception, derrière les machines à coudre. C’était fou. C’était 1936, mais en plus j’avais seize ans. Avant, on travaillait soixante heures par semaine, toute l’année, et après trente six, quarante heure et des congés payés. On était fous de joie, et le patron était fou.
Elle raconte aussi la guerre et elle dit : à l’époque, même quand on était pas pétainiste, on nous vrillait dans la tête Travail Famille Patrie…
On lui demande et aujourd’hui, ce serait quoi ? et elle répond fric fric fric.
Elle dit : ici, je regarde le monde depuis mon observatoire… Elle le regarde de son œil critique et amusé, avec beaucoup d’amour et d’humour.

et la surprise (Collège G. Malo 4)

Et comment vous faites vos spectacles ?
Et pourquoi avoir choisi Dunkerque ?
Et pourquoi vous avez décidé de faire différemment, pas classique ?
Et vous avez déjà eu des problèmes ?
Et qu’est-ce qui vous plait dans le fait de divertir les gens ?
Et à quoi ça sert, ce que vous faites ?

Et puis au milieu de tout ça, sans doute suite à un signal qu’on a pas su détecter, ils se lèvent tous et font les statues. Une performance surprise. On a beaucoup ri et fortement, vraiment, apprécié ce moment. Merci !

les chats (Collège G. Malo 2)

Les élèves de cette classe de quatrième, en se passant le panneau comme un bâton de parole, ont, les uns après les autres, posés des questions. Arroseurs arrosés, nous voilà interviewés. Il ont fait un portrait chinois. Il faut dire qu’il y avait dans la classe plusieurs élèves croisés au marché Rosendaël, et en particulier une élève qui avait fait le portrait chinois. On se dit qu’elle a dû vendre la mèche. Ils avaient préparé des petits papiers avec des questions.
Si vous étiez une période de l’histoire ? La commune
Si vous étiez une couleur ? Le rouge…
Si vous étiez un animal ?
Et une élève répond pour nous : les chats, parce qu’ils traînent tout le temps dans les rues…
bien vu, on se dit…

Histoire de Voler Des Zidées (Collège G. Malo 1)

Quel moment surprise agréable ! On avait rendez-vous avec une classe de 4ème du collège G. Malo. Ils préparent un blog culturel et voulaient nous rencontrer. Quand on est arrivé, on a d’abord été très agréablement surpris de voir quelques élèves qui nous attendaient en brandissant un panneau (du type de ceux qu’on trimballe lors de nos manifs poïélitique), avec écrit HVDZ. Ils nous ont emmenés au CDI où les autres élèves nous attendaient, avec la documentaliste. Quel accueil incroyable ! Ils avaient affiché partout des posters réalisés par eux même sur ce qu’auraient pu signifier les initiales HVDZ :
Histoire Vraie Des Zarts
Hiphop Vraiment Danser au rythme de la Zik !
Ho ! Danseur qui Voit Zèbre !
Humour Vidéo Danse Zoom
Histoire de Voler Des Zidées…

être soi-même le plus possible, et sans se retourner sur soi-même

Sandrine Dubus est très active dans les associations du quartier et très impliquée au méridien. Elle a raconté comment, après des événements très durs de sa vie, elle a su reprendre le dessus grâce à la culture et à l’implication sociale, grâce au Méridien. Elle est extrêmement positive et raconte avec beaucoup de plaisir ses rencontres et discussions avec les gens du quartier, ses rêves d’inventer des endroits de croisement générationnels, des endroits d’ouverture et d’échange.
Après nous avoir parlé de toutes les actions qu’elle mène, pour changer le monde, pour ne pas se laisser abattre, pour aider les autres, pour partager, on lui pose la question, est-ce que vous vous considérez comme militante ? elle répond, non, non, j’essaie d’être moi même, le plus possible, sans me retourner sur moi même…
Pourtant, à l’entendre, elle nous semble plus militante que beaucoup de fervents militants…
On a parlé aussi des difficultés financière, du chômage. Des difficultés financières qui rendent toute chose plus difficile. Possible mais plus difficile. Comme l’accès à la culture par exemple. Elle dit que c’est pour elle fondamental de se cultiver, et que ses enfants soient ouverts à tout ce qui se fait, mais qu’il faut être sacrément débrouillard pour faire ça avec peu d’argent. Et il faut parfois renoncer à des choses, les vacances. Elle dit qu’elle ressent parfois une forme d’injustice, surtout en voyant ses enfants s’investir auprès des autres, être actifs et généreux, être travailleurs, et voir ensuite tout ce dont ils sont privés par manque d’argent. Mais elle dit aussi que ça rend plus fort et plus mature.
Quand on parle du chômage, elle évoque la culpabilité, et la colère, malgré son enthousiasme, son envie de travailler. Elle parle de l’erreur d’orientation au départ. Elle aurait dû faire du social, c’est sûr. Alors elle en fait de manière informelle et elle s’enrichit, dit-elle, sans doute autant que ce qu’elle donne aux autres.