les dames de l’atelier de confection

Plaisirs partagés, rires communs. On passe plus d’une heure avec les dames de l’atelier de confection. Ces drôles de dames aux fabuleux destins. Mais de quoi parlez vous ici en faisant la couture ? – De tout, de cuisine, de mode (il n’y a plus de mode), de Cahuzac (tiens ! ), des tabliers que l’on fait. Céline, Toinette et Lili nous ont ouvert les portes de leur atelier et de leur coeur. Elles racontent leurs bouts de vie, avec tendresse et émotion. Toinette, fille d’un tailleur et d’une couturière avait un destin tout tracé, nous dit-elle. Ils étaient deux enfants à la maison, c’est le garçon qui a pu aller faire les études, les filles c’était : »hop au boulot ». Toinette a été compagnon. Elle a presque fait le tour de France et elle a eu le certificat grâce a un smoking à revers en soie. On pense à Flora.
Toinette s’est taillée à 26 ans. Elle a remonté ses manches pour passer son diplôme. Et puis elle a ouvert sa boutique : Tailleur pour homme et femme. Elle dit qu’elle a fait sa clientèle grâce aux transformations. On lui apportait un pantalon et elle voyait ce qu’elle pouvait en faire. Elle en faisait des jupes …
Céline, elle, a été apprentie chez le père de Toinette, deux ans. Ensuite au travail, elle découpait des tissus. Elle a rencontré un boucher et elle s’est mise à découper la viande. Puis ils ont repris des restaurants, et de rencontres en rencontres, ils se sont retrouvés au salon de Versailles. Une belle vie, et elle est revenue en Bretagne (d’où elle  est originaire) avec son mari au temps de la retraite. Elle profite de la vie, elle dit que l’amitié, l’amour c’est ce qui compte. Et qu’il faut se contenter des bonheurs quotidiens. Les petits bonheurs de la vie sont ceux qui rendent la vie douce. On aurait pu s’arrêter là, bloquer le moment, parler pendant des heures… On a profité de l’instant de la rencontre, de l’humour formidable de ces dames et on l’a rangé vite vite dans notre tiroir de diamants de nos veillées.

entre deux temps de rencontre un coup de fil de Natacha d’Itinéraire bis qui prend des nouvelles

Les unes et les autres reviennent tour à tour de leurs rencontres dans le village. Chacun  a plein de choses  à dire. A chaque fois des gens différents d’une richesse incroyable. Yvon Le Cuziat, historien de Châtelaudren, Vanessa, salariée de l’association culture et patrimoine, les couturières de l’atelier confections (Céline, Toinette et Lili), Paul des Chantiers Communautaires… Jérémie est apparu au Q.G avec un casque de chantier. Il est monté sur les toits de l’usine pour filmer les ouvriers-charpentiers qui changent toutes les ardoises qui couvrent le bâtiment. On entend en permanence le son de la cascade, l’étang plonge dix à vingt mètres plus bas pour reprendre le cours du Leff.

Point Bar

On est arrivé hier soir. Directement au Point Bar, le café-rencontre d’Intinéraire Bis qui nous accueille à Châtelaudren pour cette Veillée#35. Nous sommes installés dans les anciens locaux des ateliers du magazine, Le Petit Echo de la Mode qui a fermé ses portes au début des années 80. Plus de 250 personnes ont été employées dans cette imprimerie installée au bord de l’eau sur les berges du Leff, la rivière qui traverse le village. L’imprimerie utilisait la force motrice de l’eau pour faire tourner ses machines. Les premières publications du magazine remontent à la fin du 19 ème  siècle et s’adressaient plus spécifiquement à un public bourgeois et conservateur. Le Petit Echo de la Mode fait partie aujourd’hui de l’histoire et représente à Châtelaudren et dans les environs un moment important de la mémoire collective. Depuis ce matin on déambule dans les rues du village. On a fait une première réunion en arrivant et après avoir installé les tables du local et branché les ordis. Les travailleurs des Chantiers Communautaires nous attendaient pour nous prêter main forte. Pour décharger la camionnette. Jean Marc et Vanessa se font nos guides et nos relais auprès de la population.

Vers Châtelaudren

On prend la route pour les Côtes d’Armor. Les uns en train et les autres en camion. On s’est donné rendez vous ce soir à Châtelaudren. Et dès demain matin on arpente les rues du village. Faut savoir que notre principe de base, c’est de parler du rapport de l’art aux personnes et d’en faire un spectacle avec et pour les gens. On ira chez les uns et chez les autres. On ira sonner à toutes les portes. On va profiter de Châtelaudren comme on veut que Châtelaudren profite de nous. Notre envie est grande comme à chaque rendez vous avec une ville, un territoire, des personnes. On voudrait s’adresser à tous. Si on le pouvait, non seulement on parlerait avec les gens mais on irait parler aux pierres, aux briques, aux animaux. On embrasserait les arbres. On ne veut passer à côté de rien. Je me souviens à Mardyck, une dame faisait collection de magnifiques petites vaches de toutes sortes et tordues dans tous les sens en porcelaines et en plâtre. Son compagnon était un ancien mineur de fond et il sculptait du charbon.