À L’ESAT les ateliers s’ouvrent pour les caméras et les danseurs.

Ce mardi matin, nous rencontrons, pour une conversation filmée, Loïc Tytgat, le directeur de L’ESAT, passionné et accueillant. Il nous raconte comment ça se passe ici, il nous raconte le dispositif « différent et compétent ». On visite les ateliers. Partout, une bonne humeur communicative. On retrouve des personnes qu’on avait rencontrées au cours de théâtre le mercredi soir à l’Échalier, on retrouve des personnes qu’on avait rencontrées le 7 février lors de la réunion publique pour la préparation de la veillée. On parle du film-spectacle. De notre côté, c’est le dernier jour de tournage (parce qu’après il faudra finir les montages pour être prêts pour vendredi) et on a une très belle surprise : Loïc est d’accord pour nous que nous revenions avec les danseurs. On va pouvoir danser, faire des équilibres, jouer du bugle et filmer dans les ateliers de l’ESAT, bref on va avoir des images dans une petite usine, rue de l’industrie à Mondoubleau. Merci.

Les américains, Paris et Seveso sont sur un bateau. Pince-moi.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir anticipé, d’avoir demandé de l’aide à des personnes susceptibles d’avoir un peu de pouvoir. Ce n’est pas faute d’avoir expliqué notre travail, d’avoir expliqué que nous n’étions pas journalistes mais une compagnie de théâtre qui souhaite faire un film-spectacle à partir de la rencontre avec les habitants. Ce n’est pas faute d’avoir proposé des choses de moins en moins engageantes.
On aurait voulu entrer dans une usine pour une conversation filmée avec quelqu’un qui travaille sur un des sites de Cormenon. On aurait voulu faire des images de danseurs dans une usine, près d’un lieu de production, ou juste danser dans le réfectoire, ou danser entre les racks et les matières entreposées, ou danser sur le parking avec l’usine en décor, ou juste un bout d’entrepôt dans le champ de la caméra.
Le 7 février déjà, lors de la réunion publique organisée par l’Échalier et Le Cheptel pour préparer la Veillée, nous avions évoqué la question des usines. À cette réunion, le responsable du CE de Siplast était présent et il montrait beaucoup d’intérêt pour le projet. Le contact était pris, l’envie était là des deux côtés. Ça augurait de belles choses et de belles rencontres, d’autant qu’on avait encore plusieurs semaines pour se mettre d’accord et s’organiser.
Ensuite, après plusieurs échanges de mails, de coups de fils, on a un rendez-vous à Siplast pour le lundi 18 mars, le premier jour des deux semaines que nous passerons sur le territoire.
Et donc, premier jour de veillée, on rencontre le responsable du CE et le directeur dans l’usine. Ils nous accordent du temps, ils nous posent des questions, ils imaginent ce qu’il serait possible de faire et ils expriment la conviction que c’est important aussi pour l’usine et pour ses salariés de s’ouvrir à la vie locale, de faire entrer la culture dans les bâtiments, de vivre et de voir autrement son usine. On va même jusqu’à prévoir ensemble des options de rendez-vous dans le planning de la veillée. Une option pour une conversation filmée avec le responsable du CE, une option pour aller au réfectoire, pendant l’heure du déjeuner pour offrir de danse, parler avec les personnes qui travaillent à Siplast, leur proposer de participer au film-spectacle, et une autre option pour faire du repérage et trouver l’endroit où danser sur le site.
Deuxième jour, on attend la confirmation avec impatience.
Troisième jour, on apprend que ce n’est pas possible. Pourtant au Siplast de Cormenon, le CE et le directeur étaient partants, les salariés avaient déjà reçu des précisions sur la veillée, les mini-interviews, le film-spectacle, les danseurs.
Mais Siplast, a été rachetée par un groupe danois, qui lui-même a été racheté par un groupe américain. Regrouper, fusionner, centraliser, c’est toujours éloigner la personne décisionnaire des salariés, des usagers, des citoyens. Siplast est née à Cormenon, mais Siplast est devenue américaine, et il n’y a que la direction américaine qui peut donner une réponse à notre demande. Comment expliquer « aux américains » ce qu’est cette veillée dans le Perche et ce que nous faisons à Cormenon. Siplast de Cormenon regrette beaucoup, mais la direction américaine ne veut pas que nous dansions à Siplast.
Nous sommes très déçus, comme les gens de Siplast-Cormenon. Mais nous ne sommes que le mercredi de la première semaine. Il y a d’autres usines, et puis beaucoup de gens que nous rencontrons depuis le début de la veillée connaissent des gens des usines. On va avoir des contacts privilégiés. Et puis, dans deux jours, nous avons rendez-vous avec le maire de Cormenon. D’ailleurs, lors de la réunion publique du 7 février, nous avions déjà parlé au maire de Cormenon, et nous lui avions demandé si, au cas où nous aurions du mal à entrer dans les usines, nous pouvions le solliciter pour avoir de l’aide, et il nous avait dit oui, oui, sollicitez-moi.
Le vendredi, le maire nous conseillera d’aller voir Trigano. Mais là aussi, il y a regroupement, fusion, centralisation. Et donc, là aussi les personnes décisionnaires sont loin. Comment expliquer « à Paris » ce qu’est cette veillée dans le Perche et ce que nous faisons à Cormenon. C’est un non catégorique, on nous dit que Paris ne veut pas.
On nous parle de Passenaud. Parce que cette entreprise c’est local-local, et parmi les veilleurs d’ici certains connaissent très bien des gens qui y travaillent. Mais voilà, on nous dit non aussi. Et on apprend à cette occasion que Passenaud ce n’est plus local-local. Il y a des entreprises Passenaud jusque dans le Calvados ou dans l’Eure. Le siège n’est plus ici. Sans interlocuteur, forcément, c’est un refus.
Allez, plus simple. On va à la déchetterie. Là, on peut entrer. D’ailleurs, on avait appelé et fixé le jour de notre venue à l’avance, il y a plusieurs semaines. Voilà on peut entrer, mais le coup de téléphone ne vaut plus grand-chose. Il fallait demander plus haut. Il y a des caméras de surveillance maintenant et on va s’apercevoir si on danse ou si on filme alors qu’on n’a pas eu l’autorisation de la personne décisionnaire. On discute avec l’agent de la déchetterie. On ne veut rien faire qui puisse le mettre en porte-à-faux. On appelle Smirgeomes qui gère les déchetteries du Loir-et-Cher. On attend donc le responsable de la coordination des déchetteries qui vient nous voir sur place à Mondoubleau. Nous parlons longuement, nous expliquons ce que nous faisons, que nous aimerions faire une conversation filmée avec l’agent de la déchetterie, parce que la déchetterie est lieu important, un lieu très fréquenté ici, un lieu de tri et de conscience écologique. La discussion n’est pas simple mais intéressante, et on a l’impression que ce n’est pas perdu. Ce n’est pas pour aujourd’hui évidemment, mais pour un autre jour, demain ou la semaine prochaine. Il faut d’abord demander plus haut. Oui, on s’en doutent, les déchetteries c’est regroupées, fusionnées, centralisées, faut chercher pour savoir où se cache la personne décisionnaire. Le lendemain, le responsable de la coordination des déchetteries a eu une information pour nous : il faut déposer une demande écrite au secrétariat à Saint-Calais, ou l’envoyer par voie postale, pour demander si l’on peut interviewer l’agent (qui lui a accepté que ça se fasse en dehors de son temps de travail, il va venir en avance si on a l’autorisation) et pour demander si l’on peut filmer des danseurs à côté des bacs de tri. Par mail, ce n’est pas la peine ce n’est pas lu. Quel délai de réponse peut-on espérer ? Ah bon. Ah tant pis, on sera reparti depuis longtemps. En réalité, on n’arrive plus vraiment à imaginer que la réponse aurait pu ne pas être négative. D’autant que si on va sur le site des déchetteries, on peut lire que non seulement Smirgeomes couvre « un territoire semi-rural étendu », mais en plus il envisage de fusionner avec Sictom. Fusion. De quoi éloigner un peu plus la personne qui peut décider quelque chose.
Nous rencontrons beaucoup de monde à cette veillée, on nous demande souvent comment ça se passe, nous parlons parfois de la difficulté à entrer dans les usines. La DEC. On nous dit d’essayer à la DEC. Alors, on appelle. On réussit à parler à quelqu’un. Mais, en même temps, qu’est-ce qu’on croyait, la DEC est une filiale du groupe néerlandais Aalbers Industries, qui a plus 100 sites dans 18 pays. Mais ça, on ne le sait pas encore quand on appelle alors, au téléphone, on parle de la veillée ici à Cormenon. Évidemment, ce n’est pas possible, Seveso. Mais on parle et ça fait presque du bien d’entendre qu’ils sont un peu de notre avis : c’est la difficulté du monde de l’entreprise aujourd’hui, ce n’est même pas la peine de demander, les hollandais ne voudrons pas, la communication des entreprises à l’international est compliquée, c’est la difficulté et l’absurdité du monde de l’entreprise aujourd’hui.
Regrouper, fusionner, centraliser, et c’est le grand jeu du cache-cache.
Ce n’est jamais lui, c’est plus loin.
Les américains, Paris et Seveso sont sur un bateau. Pince-moi.
Celui qui tombe à l’eau, c’est celui qui ne veut pas jouer ou c’est celui qui joue ?
Heureusement il y a l’ESAT, différent et compétent, qui nous ouvre ses portes. (Article juste au-dessus).

A Mondoubleau, Couëtron-au-Perche et Cormenon, il y a…

Il y a un varan des savanes d’au moins 1 mètre
Il y a un clocher d’église que l’on regrette
Il y a un clocher penché et une tour penchée aussi
Il y a eu des tanneries et des templiers
Il y a les recettes de cuisine de Jacqueline
Il y a des maisons-moulins tout le long des rivières
Il y a des vaches, des chiens, des chats, des renards, des chevaux (percherons évidemment), des hérissons, des chouettes, des choucas, des faisans (sauvages s’il vous plait), des chevreuils, des abeilles
Il y a des veilleurs d’ici et il y a Bastien
Il y a des brodeuses et des peintres sur soie
Il y a une batterie-fanfare
Il y a des enfants qui dansent dans les rues
Il y a du soleil toute la semaine
Il y a le marché le lundi, le marché le samedi
Il y a des usines fermées au public et des maisons vides
Il y a des maisons en construction
Il y a des gens qui vivent dans des bus, dans des caravanes, dans des roulottes, dans des yourtes, dans des maisons en torchis, en paille, en bois, en pierre, dans des petits immeubles
Il y avait une briqueterie
Il y a la Massacrerie, le Chat-blanc, la Fougère, la Coquillière, la Petite Challerie,
Il y a la presse le calumet et le café de la paix
Il y a Oigny avec un Y, dans le Pas de Calais c’est IES
Il y a les noms des habitants gravés derrière les bardeaux de l’église de Saint-Avit
Il y a une machine à fumée dans la salle communale
Il y a des cartes SD à ne pas confondre avec des disquettes
Il y a le secours catholique, le don du sang, les restos du cœur, la croix rouge
Il y a une épicerie éphémère qui vient d’ouvrir
Il y a des aimants à vache qui retrouvent des clés
Il y a un élevage de chats bengalis
Il y a des ados qui font des crêpes au Centre Social
Il y a une école de musique dans une ancienne gare
Il y a une salle de spectacle dans une ancienne grange
Il y a une compagnie de cirque dans une ancienne ferme
Il y a une boom dans une ancienne école
Il y a une pizzeria dans un ancien labo photo
Il y a des gens limitrophes
Il y a des minis nuages devant le soleil
Il y a des découvertes historiques et linguistiques
Il y a des expressions populaires qu’on comprend enfin : vendredi 13, sous le dais, le cacquetoire
Il y a un souci d’exhaustivité et d’objectivité

Peinture sur soie

Sur les conseils de Claudine, rencontrée mercredi dernier à la médiathèque, nous avons rencontré tout à l’heure les Doigts Agiles, un groupe de femmes qui peignent sur la soie. Certaines peignent dans des motifs pré-existants, d’autres se lancent carrément dans des dessins originaux à base de bâtons d’encre de chine. Nous sommes attendu.e.s et proposons le protocole des citations. Malgré quelques taquineries, l’ambiance est joviale et l’accueil chaleureux.

 

Il est des éveils qu’il est beau d’admirer.

L’éveil du printemps, dans nos jolies contrées, des bourgeons qui s’activent, se développent, s’ouvrent.
L’éveil de Souday qui nous raconte ces tendres histoires de générations ensemble.
L’éveil des consciences avec cette Veillée, des personnes isolées à qui on vient enfin dire un petit bonjour, ces personnes qui travaillent ici qu’on ne soupçonnait pas, ces personnages qui ont tant à raconter qu’on n’avait jamais croisées…
L’éveil d’une nécessité « d’aller vers ».
L’éveil d’une question, que ferons nous ensuite ? comment nous emparer de ces rencontres, cette dynamique, ces échanges, comment en construire quelque chose de pérenne ?
L’éveil d’un enjeu, celui d’apprendre à faire collectif au sein de ce territoire, avec nos différences, nos difficultés, nos amours, nos idéaux, nos hontes, nos savoirs faire, nos rêves…
Un artiste d’HVDZ disait aussi qu’il était beau de voir l’éveil d’un veilleur d’ici. Comment après quelques jours, ce veilleur d’ici a saisi son rôle, sa part à jouer, et sans qu’on lui dise, il sait se munir de ses tracts de la Veillée pour aller vers les autres et leur expliquer qu’ils sont les bienvenus, et que ce n’est plus un tract mais une invitation à être ensemble.
Il est des éveils qu’il est beau d’admirer.
Sophia, Veilleuse d’ici.

Over the Rainbow

Ce matin nous avons rencontré Loïc Tytgat, le directeur de l’association « Arc-en-ciel ».Il nous a surtout parlé de l’ESAT et de ses ateliers, un des pôles de l’association. Par chez nous, les adultes en situation de handicap sont très présents, actifs, visibles, reconnus.
Loïc nous a parlé de l’importance de leur rôle éducatif. La bonne activité économique de leurs ateliers leur permettant d’améliorer les conditions de travail et de vie des adultes dont ils ont la charge. Ils travaillent beaucoup avec les entreprises locales et la qualité de leurs prestations est très appréciée.
On sent que son travail le passionne. S’il n’avait pas été aussi occupé, l’interview aurait pu durer longtemps. Mais toute bonne chose a une fin.
Péné, veilleuse d’ici.

Petite annonce

Ce matin, nous avons rencontré M. Claude Carton qui donne des cours de cuisine sous le nom de « La cuisine de Claude ». L’interview sera dans la Veillée (vous avez réservé ?).

Sa femme Claude Carton (oui, oui !) en profite pour passer une petite annonce. Elle adorerait créer une expo sur le passé de tannerie de Mondoubleau. Elle voudrait exposer d’anciens outils, des photos, des images qui témoignent de ce passé. Ce serait l’occasion d’animer la rue Prillieux, les vitrines des maisons. Vous souhaitez participer à cette aventure ? Vous avez des pistes de documents ?

Vous pouvez la contacter à cette adresse mail : claudiecarton1@gmail.com ou lui parler directement au marché de Mondoubleau (elle est là les lundis et les samedis), on vous met une photo pour pouvoir la reconnaître.