Samedi et Dimanche à la Bam de Wattrelos (the place to be)

On en parle beaucoup. A Roubaix, Tourcoing, Roncq, Lesquin, Englos, Marc en Baroeul, Thumeries, Mons en Pévèle, le bruit court qu’il faut aller voir Qui redoute la parole (2), à Wattrelos, le 11 à 20h30 et le 12 à 17h à la boîte à musique. On en parlait hier à Paris et dans le TGV de Paris à Arras. Et dans les embouteillages qui ont bloqué Lille jusque tard dans la nuit. On en parle aussi beaucoup dans le Pas de Calais. Du côté du bassin minier et vers St Pol sur Ternoise. On en parle. Sur les réseaux sociaux. Ça fait le tour de la France et bien au delà. A la gare du nord, lundi soir, il n’était question que de ça. A la Redoute, tout le monde veut voir. N’oublions pas de réserver.

Il faut appeler la mairie de Wattrelos. Dès demain on installe la technique, qui n’est pas très lourde mais comme on passe de la Maison pour Tous à la Bam, il faut adapter l’emplacement des quelques lumières, images et éléments de décor à la structure de la boîte à musique.

Didier est à Paris chez les Turbulents (au piano), Martine à Aix en Provence (à la basse), Marie et Gilbert au bureau (à la batterie et guitare solo), Guy au clavier, et Jérémie, à Valenciennes (au violoncelle). Pierre à Thumeries, (à la guitare rythmique). Christophe et Thierry à l’alto. Anne à Dunkerque (à la trompette).

Un foule d’idées dans le réservoir de la création sur La Redoute

Ça carbure à Wattrelos. Soir après soir, on filme, on fait du théâtre, on prépare le spectacle, Qui redoute la parole ? acte 2. On commence à bien nous reconnaître dans le quartier. Tous les jours sur le coup de six heures, on nous voit débarquer à la maison pour tous de la Martinoire. Et le temps de poser les sacs, on embraye sur quelques heures de création. On a devant nous toute la semaine prochaine pour peaufiner le travail. Réaliser le montage. Et faire rouler le spectacle. Chaque jour les salariéEs et ex salariéEs de la Redoute sont au rendez-vous. Après leur journée de travail, qui pour certainEs, comme pour Fabrice commence à cinq heures du matin. La maison pour tous est un lieu idéal pour répéter. C’est une ancienne école primaire. Notre local donne sur la cour de récréation et un parc avec des arbres anciens. On fait un break pour le week end puisqu’on y est depuis samedi dernier non-stop. Marie est au bureau et prépare la prochaine saison qui, à première vue est bien remplie, tandis que Gilbert prépare le très prochain conseil d’administration. Hier après midi nous avons fait connaissance avec notre prochain artiste associé, qui comme Lucien cette année nous accompagnera toute l’année dans nos diverses activités et poursuivra sa recherche personnelle (musicale et théâtrale) qu’il consacre aux berceuses du monde entier. Qui redoute la parole ? (acte 2), en collaboration avec les Tréteaux, de France aura lieu à la boîte à musique de Wattrelos les 11 à 20h30 et 12 Juin à 17H. Ça va durer une heure. Pas plus, promis !

La Fracture

Nos entretiens à la MPT de la Martinoire avec les salariés de la Redoute continuent.

Nous appréhendons de mieux en mieux l’évolution de cette entreprise connue, archi-connue « laredouteàroubaix ».

On voit se dessiner très clairement plusieurs temps dans la vie de la Redoute:

-le temps de la « joyeuse famille »:
avant les années 90, malgré la dureté du travail (travail à la chaine, debout toute la journée, marcher dans les allées, porter les gros colis, etc), la Redoute était une bonne boite où les ouvrières aimaient aller travailler: Le défi de ne pas décevoir les clientes, la bonne humeur des collègues, les fêtes de Sainte-Catherine, les pauses cigarettes, la musique toute la journée dans les allées, les responsables « humains » qui comprenaient les problématiques des femmes et qui connaissaient le travail. Les anciennes de La Redoute nous disent: « Oui, on était heureuse au travail ».
Redoute-réconfort / Redoute-amusette / Redoute – famille / Redoute-festive

-les premières déceptions, premier malaise:
Au milieu des années 90, avec les changements de responsables, des hommes-chefs, « les extra-terrestres » nous dit Danielle, qui sont arrivés sans connaitre la manière de travailler de La Redoute. Les cadences ont commencé à changer, les 48H Chrono sont arrivées. Les filles « se bouffaient la tête » désormais nous disent-elles. Premiers licenciements.
Redoute – déception / Redoute – stress mais Redoute quand même…

-le coup de massue, la catastrophe:
2008: plan social et surtout 2013 avec la fameuse journée du « jeudi noir ».
Fatima nous dit que ce jour-là, elle a ressenti une drôle de sensation. Celle d’une perte. Une boule dans le ventre comme quand on perd quelqu’un. Lors de nos entretiens, nous allons essayer de savoir ce qui s’est passé lors de cette journée noire car Fatima nous dit que certains épisodes sont flous, tout cela a été très dur, très moralement touchant.
Depuis cette journée noire, depuis les grèves, depuis tout cela, la Redoute est fracturée. Entre ceux qui sont partis, ceux qui voulaient rester, ceux qui veulent partir mais ne peuvent pas. La considération des responsables pour le petit personnel.
Redoute -deuil…

La Redoute a changé, mais on peut y voir surtout un changement de société.
Aujourd’hui, quel sens donner au travail ? Cette question elle-même est révélatrice d’une
époque, de ses incertitudes, de ses angoisses, de sa marge de liberté.

Qui redoute la parole ?

Aujourd’hui ont démarré les rencontres avec les ouvrières de la Redoute à la Maison Pour Tous de Wattrelos. Le but de l’action est de glaner des témoignages sur la vie à la Redoute à l’heure actuelle ( à l’heure des licenciements massifs ) et sur la vie à la Redoute en général. Comment en est-on arrivé là ? Tous les soirs de cette semaine, nous avons (avec la ville de Wattrelos et des militantEs syndicales de l’entreprise, les écoles, la MPT) invité le plus de gens possible à venir nous raconter, se raconter. Nous prendrons note et de ces écrits naîtra une pièce de théâtre interprétée par cinq à six ouvrières de l’entreprise. Martine, Marie et Didier sont en ce moment même parmi les gens et enregistrent ce qu’ils disent avant de retranscrire dès demain, de coucher sur le papier les paroles des unEs et des autres. Le travail ainsi mené, au fur et à mesure, devrait nous permettre d’ici quelques semaines de passer à la deuxième étape de la création: la répétition au plateau.