De Lapin à Compagnon

Les Compagnons du devoir. On a pensé à James qui a travaillé avec nous du temps du Ballatum Théâtre, il était Compagnon, nous racontait ses longues marches de ville en ville, caisse en bois en bandoulière chargée de ses outils de charpentier. Il travaillait sur les toits d’église, les cathédrales … il nous a raconté tellement d’histoires James…
La caisse en bois est rouge en métal, on dit boîte à outils, comme « la culture est une boîte à outils. Ce que l’on y fait doit servir à quelque chose. Ce que l’on y invente va quelque part, quelque part dans le monde, avec les gens. » Boîte à outils remis à l’apprenti le jour de son arrivée. On dit « le lapin » pour apprenti, ça vient de : les apprentis charpentiers dessinaient au sol la structure de la charpente avec une carotte, d’où lapin … , et puis ils portent le nom d’ « aspirants, et puis de compagnons ».
6 à 7 ans de travail, de formation pour être Compagnon et choisir de faire le tour de France. Marine, que nous avons interviewée, est apprentie plombier, elle veut être compagnon du devoir, elle le veut malgré tout, malgré le regard que portent les hommes sur un métier difficile : plombier chauffagiste, – oui bien sûr, c’est lourd un cumulus, oui, mais on est jamais seule – et puis elle le veut et elle revendique sa féminité. Respect.
C’est ça Les compagnons du devoir, on entre, dans le hall d’accueil un cheval attelé nous accueille puis un avion suspendue et un objet en bois avec cette note « 400h de travail ».
Du zinc, du cuivre, du métal, du bois plié, courbé, assemblé en spirale, du cuivre, du tissu, des portes, des tuiles, des toits de cathédrales en miniatures, des photos, des affiches, les droits et les devoirs du compagnon.

Sniper

Chez les plombiers, il y a Alexandre dit Sniper. Lorsqu’on a parlé des actions à la classe, on a proposé les Portraits Citations ou un Protocole Photo : les deux ! Alexandre nous a tout de suite pris sous son aile, il est l’un des plus vieux du CAP du haut de ses 22 ans. Il a fait deux ans de philosophie, et a passé l’examen pour devenir sniper dans l’armée, il aurait dû partir en commerce, comme les BTS NRC rencontré hier, mais il a choisi la plomberie. Son père va partir s’installer à son compte en Ardèche et lui il reprendra l’entreprise familiale. Il s’installe à table avec nous le midi, et nous explique que pendant leurs 3 semaines de cours (suivies de 4 semaines d’entreprise) ils s’installent tous à l’internat, même ceux qui vivent à côté, ça aide à renforcer les liens. Les compagnons sont très liés. Alexandre nous fait visiter les lieux avant de partir à Armentières. Il y a les salles de classes fermées par une lourde porte en bois, et chacune à le nom d’une ville française ou étrangère, il y a la cantine immense qui n’est pas un self, et des frites faites maison. Il y a les histoires qu’on nous raconte sur les cérémonies d’adoption, et sur la Canne (qui a un pompon de couleur différente selon le corps de métier). Il y a le bureau de la Maîtresse de Maison (femme qui s’occupe de l’hôtellerie et qui sert d’oreille attentive), il y a les filles qui ne sont autorisées a intégrer les compagnons que depuis 2000. Nous n’en croisons qu’une sur la journée.

"Ni se servir, ni asservir mais servir"

Départ Béthune 7h30, on sent que c’est la dernière journée, comme dit Flora, c’est comme si le corps le sent déjà et il se met à lâcher.Rendez vous à Villeneuve d’Ascq avec les compagnons du devoir, on rencontre des plombiers et des couvreurs. Le Bâtiment est peuplé de toutes les constructions des compagnons à demeure ou itinérants. Des oeuvres dans tous les coins, escaliers, portes en bois, sculpture en cuivre, mosaïque dans les toilettes. Le Prévôt (Compagnon en fin de Tour de France, responsable d’une Maison de Compagnons) nous accueille avec le sourire, et même s’il n’est pas tout à fait au courant de ce que l’on vient faire, les choses se mettent en place très simplement. C’est passionnant, on en apprend à chaque minute un peu plus sur leur façon de vivre. Les codes, les obligations, et aussi les rapports privilégiés que les apprentis entretiennent avec leur formateur du fait de la vie en communauté. Pour le repas du midi, on a du bon pain frais, fait par les apprentis itinérants nous explique t – on, et les compagnons se doivent d’arriver avec un col, sinon ils doivent mettre une pièce dans la malle.

Il y a … des NRC 1

Il y a Béllo le chien. Il y a la machine à café autour de laquelle on se retrouve pour la pause.
Il y a du step, une bonne ambiance, de la joie et des rires.
Il y a les chansons en cours. On s’amuse avec rien. Il y a tout.
Il y Pierre-Dominique qui s’est agrafé l’oreille. Il y a le sosie de Claude François.
Il y a les supporters du LOSC qui parlent du foot. Il y a Gérard qui tond la pelouse. Il y a le BTS surtout.

Il n'y a pas une journée qui se ressemble

Il n’y a pas de chevaux au Domaine d’Engrain, il y a une flaque sans eau.Il y a du bien être, et des odeurs qui chatouillent le nez dès l’arrivée. Il y a pleins de petites peintures dans la salle de détente, il y a un professeur qui essaye de se faire discret en traversant tout le groupe pour prendre un sucre. Il y a la fameuse citation « Les hommes organisent le mystère, les femmes trouvent le secret » et un élève qui dit : bin non c’est pas vrai madame ..Il y a le choix difficile entre passion et fruits rouges, et Olivier qui est content de nous voir.Il y a le café dont on a besoin pour commencer et les terrils qui sont en train de se « printemniser »Il y a une élève de Lens qui nous a vu l’année dernière à l’IUT et qui avait déjà fait des citations, il y a Maureen qui partirait bien en horticulture parce que vraiment ça sent bon les fleurs. Il y a les apprentis en métier du cheval qui doivent avoir un niveau galop 4 pour entrer dans l’école.
Il y a de plus en plus d’apprentis qui au lieu d’attendre leur 16 ans, demandent une dérogation au rectorat pour commencer à 14.