les années

Manou, Madame Nourry, qui a plus de cent ans, qui est à la maison de retraite d’Armentières, qui est la grand mère de Sabine.
A la fin de deux cassette d’interview – c’était passionnant – on lui avait demandé et maintenant, qu’est-ce que vous faites de vos journées ? elle avait dit j’aime pas la télé, ils parlent à toute vitesse, ils sont bavards ! elle avait dit, j’écoute la radio, j’aime bien Daniel Mermech.
Entre nous, dans les veillées, on parle souvent de là bas si j’y suis, l’émission de Daniel Mermet. On y a tiré des textes et des bandes sons, des témoignages.
Bertha, à la maison de retraite de Loos-en-gohelle, comme un oiseau sur la branche. Elle lit en nous comme un livre ouvert, on se dit. Avec Alex. Avec Julien.
Et madame Bernada. Ses mains, qui ont lessivé, lessivé, lessivé, qui sont tordues mais si douces.
Et Irène, qu’on a vu avec Nathalie puis revu avec Jo-Anna. Irène est si drôle, et bonne vivante, si joyeuse. On doit y retourner dans la semaine. Pour le simple plaisir de passer un moment ensemble.
Le voisin de Flora a cent trois ans. Il a parlé de la disparition des oiseaux ou des papillons. Il a parlé de la nature et des changements. Ils ont discuté tous les deux. Souvent. Flora dit qu’elle ne l’aurait sans doute pas rencontré de la même façon s’il n’y avait pas eu les veillées. Toutes les rencontres des veillées. Ça vous transforme. Vous change irrémédiablement. Dès fois comme des blessures, des fois comme des richesses. Souvent les deux ensemble.
L’écoute. Le mode contact. Recevoir et rendre autrement.

passion

« Vous savez, l’usine, le travail, on n’en parle pas comme ça du premier coup »

« Il n’y a pas d’ombre proprement dite, il n’y a que des reflets. C’est Delacroix qui a dit tout ça. Il a commencé par peindre des guerriers, puis des saints; de là, il est passé aux amants et puis aux tigres, et à la fin de sa vie, il a fini par peindre des fleurs. »

« Ce qui plonge dans la lumière est le retentissement de ce que submerge la nuit…Ce que submerge la nuit prolonge dans l’invisible ce qui plonge dans la lumière. »

« Il me faut une histoire! Elle, elle a une histoire? Une histoire, une histoire de quoi? de qui? Une histoire à elle? Une histoire à raconter? »

« Le travail, vous aimez le travail? Et quand vous dites : »aimer le travail » aimer, ça vient de amour? – Non, ça vient pas. Ca y va. »

« Je cherche une phrase définitive, mais j’en trouve pas! »

on mange où à midi ?

Comme ça, là maintenant, on se souvient de quoi, on se souvient de qui ? les lieux espaces territoires, les gens les voix des gens, des fou rire des fois, des inquiétudes pas assez ou trop de, qu’est-ce qu’on fait?, où allons nous? toujours il y a quelque chose à faire, à dire, à voir, à entendre, je voudrais essayer ça tu en penses quoi? essaies. Il nous manque… qu’est-ce qu’il nous manque ? Qu’est- ce qu’on a déjà? Il faudrait prendre contact avec, essayer de, tu t’en occupes? Prends la voiture, non je préfère marcher. Trop de choses en même temps. Comment on peut faire, qui va avec qui? Tout seul? C’est l’histoire d’un gars qui …. On va être en retard. On mange où à midi, à la cantine? J’écris. Prends des photos. Qui va avec qui. J’ai la tête qui pique. J’ai mal aux yeux. T’as pas un cachet? Couvre toi il fait froid. Demain on se retrouve à 10h. Les troubadours arrivent. J’ai faim, il n’y a plus de catering. Errer. Errance. Etre dans le présent. Etre en quête de quelque chose. Il y a aussi les jours sans soleil, les jours gris. Tu veux qu’on fasse quoi? Moi je ne veux rien, mais toi, tu veux quoi? On arrête là? On avait dit qu’on ferait un dernier essai. Qu’est ce que tu lis? Eloge de l’amour. Un élu, un artiste. Ca c’est sur Annie Ernaux.

comme par exemple des stylos

La boite à outils.
la culture est une boite à outils. Ce que l’on y fait doit servir à quelque chose. Que ce que l’on y invente va quelque part, quelque part dans le monde, avec les gens. Que les pratiques culturelles sont des outils pour des cultures qui nous lient. Qu’on a une pratique culturelle pour construire une culture commune. Alors qu’on soit artiste ou pas c’est pas grave. Ou dire que l’artiste est une sorte d’artisan qui fabriquerait des outils avec lesquels on ferait une culture commune pour tous. L’artiste ne dirait pas ce qu’est la culture, l’artiste ne ferait pas la culture. L’artiste proposerait des outils, comme par exemple des stylos, qui permettraient d’écrire la culture tous ensemble.
Une boite à outils.