la tristesse des sujets

« Le tyran a besoin de la tristesse de ses sujets » Spinoza
La fréquentation régulière de l’art est une joie qui nous aide à mieux vivre. L’art est une écologie du regard, une pratique de l’altérité qui aiguise notre vitalité et notre faculté de juger. L’œuvre d’art apparaît sans être attendue, elle bouleverse les équilibres, esthétiques ou politiques, elle dérange. Une démocratie qui ne s’occupe pas de nourrir sa propre critique joyeuse, en soutenant les artistes, et une force de création disséminée dans le champ social, éducatif et économique, qui n’incite pas le public à aller à sa rencontre, est une société malade. La situation en France est grave. L’état, après s’être désengagé de sa mission de service public pour l’art et la culture, tente de faire passer la promotion de l’industrie culturelle pour un soutien, il essaie de faire croire à l’échec de la démocratisation culturelle, il étouffe les espace de transmission. Il renonce à ses prérogative en soumettant l’ensemble du service public aux lois du marché, celles de l’offre et de la demande. Les artistes travaillent aux représentations sensibles et symboliques du monde. Ils sont de fait devenus une menace pour cet état qui voudrait nous faire croire que le monde se résume à une surface visible, sans profondeur, qu’il suffirait de nettoyer régulièrement pour la rendre acceptable. Et pourtant, même les chantres de cette morale du visible sont agis en profondeur, chez eux aussi l’inconscient affleure et le lapsus est clair : le fameux « kärcher » aura bien été le symbole morbide d’une politique réactionnaire et liberticide.
Frédéric Fisbach
Libération, 15 juillet 2011

Impros du jour (les dernières)

Camille et Matthieu, des œufs emplis de sang, café, bleu. Un duo dansé doux, qui craque de coquilles, qui coule saigne.
Lionel et Dorothée. Fauteuil rouge. Ne pas toucher le sol, Dorothée, ne pas toucher. C’est le fauteuil qui danse, Lionel l’âme du fauteuil.
Julien, en haut, grand ballant sur sa corde volante pour en bas tout en bas jeter un sucre dans le café.
Fanny et Camille et Dorothée, dans du papier bulle jusqu’à ne pas bouger, dansent dans un espace si petit, bougent jusqu’à la sueur, roulent.

semaine sanglante

Avant dernier jour. Guy orchestre ses fiches comme il se doit. Début de tentative de déroulé. Yoga échauffement pour l’équipe au plateau, avec Howard. Et puis cet aprem quelques dernières impros sanglantes avant d’essayer le déroulé du jour. Avant dernier jour. La semaine est courte. On fait la présentation demain, vendredi 5 août, à 19h, à la Fabrique Théâtrale, Culture Commune, Base 11/19.

la résistance au capitalisme

L’artiste peut produire un autre récit du monde et de l’humanité que celui tracé par l’ordre établi. L’enjeu pour la gauche militante est d’esthétiser les valeur de la résistance au capitalisme. Et de contester le clivage entre production et consommation culturelle. La gauche des lumières postule que tout personne est apte à créer. La politique culturelle ne doit donc pas chercher à produire seulement des consommateurs de culture mais aussi des producteurs de culture. Pour créer, chacun doit être éveillé à cette aptitude. Les artistes ont un rôle d’intérêt général à jouer dans cette marche à l’émancipation du plus grand nombre. Pour cela, la production culturelle doit être définanciarisée, rendue pérenne. L’investissement public y a une place centrale. Le précariat doit être aboli dans le travail culturel afin que la peur du lendemain cesse de menacer la création.

Jean-Luc Mélenchon, Libération, 15 juillet 2011