Instantanés

Deuxième jour. A neuf heures dans les classes, déjà. Ici, à Van der Meersch, faut savoir rebondir et improviser. Pas toujours facile à neuf heures mais hop. Ce matin, une classe de huit dont trois avaient déjà fait les questions et deux qui ne voulaient pas être filmés. Ça ne laisse pas une marge de manœuvre folle, alors hop rebondir et proposer le protocole photo. Ça marche bien. Photo dans la classe, dans les toilettes, sur la rampe d’escalier et sur les marches, au CDI, petite mise en scène autour de la lecture, et puis sur le sol. Chacun des six met en scène les autres. C’est Margaux qui commence, malgré la timidité générale, mais ça débloque tout le monde, ça donne des idées à chacun, et plus ça avance, plus la mise en espace est précise et le cadre calculé.

Antigone. Antigones.
Cindy. Zacchari. Alix. Célina. Mélissa. Sory. Angelo. Ines. Naïssa. Abdelnour. Pauline.
Des Antigones.
Je veux tout et tout de suite et que ce soit entier ou alors je refuse.
A quoi elle ressemblerait, à priori, cette Antigone ? A Mélissa. A l’unanimité.
Mélissa est Antigone. Elle dit Je suis Antigone, et tout les membres de ma famille sont morts, même moi, c’est dire à quel point on n’a pas de chance.

Liza, Anissa, Romaïssa, Kenza, Zacchari, Mohamed Ali, Essadia, Yamina.
Classe d’arabe. Apprendre l’arabe littéraire pour faire plaisir aux parents, à la famille, ou alors pour son propre plaisir, ou alors parce que c’est une langue maternelle. On s’est dit qu’on pouvait jouer un il y a version bilingue et trois scriptes ont noté le il y a de la classe en alternant l’arabe et le français. et puis calligraphie. Il y a. calligraphie de prénoms. Et même dessin, sur la main, de motifs floraux. C’était un moment très agréable.

Au Lycée Van der Meersch, il y a un stade, il y a des professeurs, des classes, des cours, il y a des poses trop courtes, des choses que j’aime, comme le foyer, comme l’autonomie, des choses que j’aime pas, comme la déco. Il y a une piscine de 80cm et clac dans le mur. Il y a des élèves nerveux et des profs bofs. Il y a des tables tagguées au tipex, il n’y a pas de manga, pas de divertissements. Il y a des laboratoires

A la cantine, à midi, on a rencontré vite des seconde B et C, et ça tombait bien parce qu’on a retrouvé certaines d’entre elles juste après. Les secondes C aimeraient bien qu’on passe dans leur classe, disent-elle. Mais la classe est punie, avouent-elles.
Le Lycée est si petit que déjà, on rencontre, et croise et recroise les mêmes élèves, avec plaisir, on se salue, dans les couloirs et dans la cour.

Quelle journée! Après les Atomics qu’on a joué à Loos en Gohelle, pendant quinze jours, nous voilà à Roubaix! Hervé et Bérénice ont inventé des danses avec plusieurs groupes d’élèves dans la cour et au foyer du lycée. On a tout juste quelques jours pour partager le plus qu’on peut avec tous les lycéens de Van der Meersch. En tout cas c’est bien parti! On veut saisir toutes les occasions qui nous sont offertes pour échanger, faire des images, faire du théâtre, danser ensemble. On prépare un film spectacle auquel on veut que tout le lycée ait participé. D’une manière ou d’une autre. On est bien aidé par les profeseurs. Guy et Martine sont intervenus cet après midi dans un cour de français. Le cours avait démarré. La professeur savait qu’on était dans les parages mais n’était pas au courant qu’on viendrait pendant son cours. Elle a fini ce qu’elle avait tout juste commencé avec ses élèves. Elle parlait d’allitération et de livres qu’on dévore… Et puis on a eu toute la place de faire jouer la classe pour le film. Dans cette classe des élèves vont lire le journal de bord de notre résidence au lycée pendant les représentations qui auront lieu jeudi à la Rotonde du lycée Maxence Van der Meersch.