On se retrouve pour la plupart demain matin à dix heures. On reprendra les danses pendant la matinée et les improvisations dans l’après-midi. Howard nous quitte mardi soir. Il va faire des auditions à Toronto pour l’école de cirque de Montréal. Vendredi prochain on fait une présentation de fin de stage à 14h (on enverra une lettre d’infos). Et puis on fera avec l’ensemble de l’équipe, les stagiaires et Nathalie des Chantiers Nomades un bilan de fin de stage. Le temps file. On a encore mille choses à explorer tous ensemble pendant ce stage. On va avoir trop peu de temps pour tout faire. On ne peut pas tout faire en cinq ou dix minutes. Une improvisation, ça prend du temps. Une improvisation, c’est une invitation au voyage. Il faut prendre le temps de la traversée. Et prendre le temps de repenser les itinéraires. En fonction des propositions. Et du texte.
Chantiers Nomades 2013
Et maintenant, tout le monde en week-end
chantiers nomades (6) – Grand Fort Philippe et St Servet –
On a fait deux groupes en début d’après-midi. On a imaginé avoir fait un spectacle dans l’esprit d’Angelica Liddell. Et en improvisation on a imaginé deux réunions dans des villages, à l’image d’Estrée-Cauchy, Grand Fort Philippe ou St Servet. L’idée était, est-ce qu’on programme le spectacle au village ? Chacun devait interpréter une personne du village qui aurait vu (ou pas) le spectacle. Dans chaque groupe, on aurait eu trois pour et quatre contre. Et une personne qui n’aurait pas vu le spectacle.
Les improvisations, toutes deux très éclairantes, ont débouché sur une discussion. On avait eu l’idée de faire cette improvisation à cause de ce qui nous questionne en permanence. Comment amener (ou pas) la plupart des personnes qu’on rencontre dans les Veillées et les Portraits dans les salles de théâtres ?
Ça demande de travailler avec chaque personne, une à une et de créer par le dialogue et par la pratique des complicités avec tous les gens qui se sentiront alors suffisamment en confiance pour aller au théâtre. Ça demande une grande disponibilité de tout le monde et de ceux qui font le spectacle en particulier pour aller à la rencontre de chacun et proposer des ateliers, des pratiques en lien avec le spectacle. Ça demande de changer nos comportements (nos positions d’artiste) en profondeur ! Sophia a évoqué tout ce qu’ils ont réussi à mettre en place à St Agil et Céline a cité en exemple une amie qui fait des performances dans les quartiers (sur la nourriture et la nudité). Elle travaille au préalable avec les personnes pendant deux ou trois semaines sur le thème des aliments et du corps et à la fin de la résidence, elle présente sa performance. Et le public est au rendez-vous.
Ensuite on est revenu aux impros. On est tous sorti sous la pluie, au pied du terril pour assister à une improvisation fellinienne. On a utilisé la terre glaise en dansant. La terre façonne le corps et le réifie en séchant. On a couru, chuté à perdre haleine pendant qu’on déposait de plus en plus de briques sur le plateau. On a lavé du linge blanc dans une bassine en racontant le martyr d’une jeune femme au Mexique. Au fur et à mesure le linge blanc prenait la couleur du sang. On s’est contorsionné dans le charbon. On a repris le doux trio de danse.
Après la pluie
il y a
Il y a Marie-Lis qui invoque Angelica en espagnol. Il y a Clémentine qui gît desespérée sur un tas de briques. Il y a Sophia et Camille qui dansent sur le sang. Il y a Christelle qui se maquille au charbon. Il y a Benjamin qui casse des briques avec la voix. Il y a Céline qui organise des défilés de mode trash. Il y a Dorothée qui musèle Mathilde. Il y a Elisabeth qui ne comprend vraiment pas pourquoi il y a des extraits des Trois Soeurs de Tchekov dans le texte d’ Angelica. Il y a Marion qui aime les briques. Il y a Natalia qui va jusqu’au bout de son souffle. Il y a Karine qui surgit du tas de charbon. Il y a Mathilde qui trouve qu’ Angelica est belle et douce. Il y a Nadia qui pose la question, pourquoi tant de violences faites aux femmes ? Il y a Pierre-Marie qui fait un trio très très doux avec Nadia et Benjamin.
Benjamin
angelica liddell
Le chagrin d’amour ? Le chagrin ? La douleur ? La souffrance par amour ? Pas facile à comprendre, ça ! La souffrance par amour ! Jusqu’où ? Que la scène soit corrompue par la vie et réciproquement ? Jusqu’où ? Se situer en dehors de toute morale ? Jusqu’où ? Au moins se détacher de la morale pour un temps ? Au risque de s’y perdre ? L’amour et la bonté sont des concepts révolutionnaires.