Aujourd’hui c’est la reprise à Douai à l’Hippodrome . On change de cadre, la scène paraît immense, le mur de briques tout petit et la scène si loin des spectateurs . Changement d’ambiance radical . On redémarre par les danses, on retrouve la bande son de Martine, on réentend Lacan sur fond de musique classique. Marion installe son fil, les briques réapparaissent. Tout semble propre bien loin de ce joyeux bordel foutraque qui s’était imposé petit à petit à la base 11/19. C’est le calme avant la tempête . La tempête nous manque déjà ……
Aimer si fort…(journal des répétitions)
On aimait bien le « Cum dederit », dans le Nisi Dominus de Vivaldi. Mais nous, on préfère l’appeler : « Bordel de merde, je suis au bord des larmes. »

Aimer si fort pour mourir si seuls
Ce matin, Douai. RDV, 9h30. On a pensé qu’on ferait une nouvelle semaine d’impros mais on se dit qu’on a assez de matière et qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’en rajouter. Qu’il serait préférable de revenir sur ce qu’on a fait, sur ce qu’on a présenté dans la soirée de ce jeudi 17/10/2013 et de travailler là-dessus. La première a lieu dans un peu plus de deux semaines, à Douai.
Nous n’avions depuis la nuit des temps du Ballatum-Théâtre jamais répété à Douai (Quand nous démarrions le théâtre était dirigé par Roland Poquet). Il faut dire que nous sommes installés au 11/19, à Culture Commune, à Loos en Gohelle depuis 15 ans, nous avons répété presque la totalité des spectacles d’Hvdz au 11/19.
Aucune montage, aucune forêt, aucun désert ne nous délivrera du mal que les autres trament à notre intention

Aimer si fort part à Douai
Les techniciens-magiciens ont démonté jeudi soir pour tout emmener à Douai, à la scène nationale de l’hippodrome. On se retrouve lundi matin à 9h30. Merci à chacun pour ses encouragements, ça met du coeur à l’ouvrage ! Les techniciens-magiciens ont tout remis en place sur la scène de l’hippodrome vendredi, toute la journée. On est très salissant. A cause des briques et du charbon qu’on charrie dans tous les sens avant, après et surtout pendant le spectacle : Aimer si fort. Ça fait beaucoup de poussière. Après une journée de répétitions, on est couvert de poussière, tout particulièrement les artistes. On en retrouve partout, sur les sièges, les ordinateurs, dans le nez, dans les oreilles. Surtout la poussière noire du charbon.
Immanquablement on pense aux gens qui travaillaient dans les mines avant la fermeture définitive en 1992 qui a mis au chômage plus de 20% de la population active et fait de ce territoire l’endroit où l’espérance de vie est gravement inférieure au reste du pays. On se rend compte, trop tard, des erreurs qui ont été commises au nom de l’économie ultra-libérale. Au mépris des personnes. Ce qui a exacerbé les tensions entre les communautés et aujourd’hui les menaces de guerre civile, quand on voit la montée du national populisme partout en Europe, les politiques de bouc émissaire que distillent les gouvernements libéraux et sociaux démocrates.
On se disait jeudi que c’était peut-être la dernière fois qu’on répétait dans la Nef du 11/19 à Culture Commune. Chantal Lamarre quitte le 11/19 fin juin 2013 alors qu’adviendra-t-il de Culture Commune ? Et d’Hvdz ? On cherchera d’autres associations.
Et je leur disais de me demander des choses. Et moi, je les faisais.

Aimer si fort dans la soirée du 17/10/2013
La soirée est passée. Bien passée. On a eu du monde pour une étape de travail. On a toujours peur de n’avoir personne surtout qu’on nous avait demandé de ne pas en faire la publicité. Pour que les gens viennent au spectacle à la création. Parce que les responsables des co-productions disent, si tout le monde vient à l’étape de travail, on n’aura plus personne aux soirs de représentation. Pour la première fois depuis toujours on a présenté une très longue étape de travail. Plus de deux heures. Mais mais mais… pour ne pas prendre les spectateurs en otage (quand les gens viennent pour une étape de travail, ça dure en moyenne une heure) on a proposé un entracte au bout de 1h20 en disant précisément aux gens que s’ils partaient à ce moment là, on n’en prendrait aucunement ombrage. Les spectateurs peuvent quitter la salle quand bon leur semble, évidemment, mais il y a des situations où ça peut mettre mal à l’aise de partir en cours de route. Par exemple, comme hier soir, dans le cas d’une étape de travail. C’est la première fois qu’on fait un entracte. Depuis toujours. Au delà d’Hvdz. Jusqu’aux origines du Ballatum. Pour tout dire, la soirée s’est bien passée. Ça donne du coeur à l’ouvrage. Merci à tout le monde. Merci aux gens qui sont venus. Ce type de rencontre avec les personnes, en petit comité, permet de voir tout le monde, de discuter et de réfléchir avec tout le monde. D’avancer ensemble. Les interprètes ont tout donné. Ils sont magnifiques.
Tu es ma façon d’être dans le monde.

Toi, tu peux choisir de souffrir ou pas.

Plus je vois de morts, plus j’aime l’humanité.

