On a fait deux groupes en début d’après-midi. On a imaginé avoir fait un spectacle dans l’esprit d’Angelica Liddell. Et en improvisation on a imaginé deux réunions dans des villages, à l’image d’Estrée-Cauchy, Grand Fort Philippe ou St Servet. L’idée était, est-ce qu’on programme le spectacle au village ? Chacun devait interpréter une personne du village qui aurait vu (ou pas) le spectacle. Dans chaque groupe, on aurait eu trois pour et quatre contre. Et une personne qui n’aurait pas vu le spectacle.
Les improvisations, toutes deux très éclairantes, ont débouché sur une discussion. On avait eu l’idée de faire cette improvisation à cause de ce qui nous questionne en permanence. Comment amener (ou pas) la plupart des personnes qu’on rencontre dans les Veillées et les Portraits dans les salles de théâtres ?
Ça demande de travailler avec chaque personne, une à une et de créer par le dialogue et par la pratique des complicités avec tous les gens qui se sentiront alors suffisamment en confiance pour aller au théâtre. Ça demande une grande disponibilité de tout le monde et de ceux qui font le spectacle en particulier pour aller à la rencontre de chacun et proposer des ateliers, des pratiques en lien avec le spectacle. Ça demande de changer nos comportements (nos positions d’artiste) en profondeur ! Sophia a évoqué tout ce qu’ils ont réussi à mettre en place à St Agil et Céline a cité en exemple une amie qui fait des performances dans les quartiers (sur la nourriture et la nudité). Elle travaille au préalable avec les personnes pendant deux ou trois semaines sur le thème des aliments et du corps et à la fin de la résidence, elle présente sa performance. Et le public est au rendez-vous.
Ensuite on est revenu aux impros. On est tous sorti sous la pluie, au pied du terril pour assister à une improvisation fellinienne. On a utilisé la terre glaise en dansant. La terre façonne le corps et le réifie en séchant. On a couru, chuté à perdre haleine pendant qu’on déposait de plus en plus de briques sur le plateau. On a lavé du linge blanc dans une bassine en racontant le martyr d’une jeune femme au Mexique. Au fur et à mesure le linge blanc prenait la couleur du sang. On s’est contorsionné dans le charbon. On a repris le doux trio de danse.
… Puisqu’on en parle, voici un lien vers le travail de ma collègue et amie Rebecca Chaillon – performeuse de la cie Dans le Ventre – avec des vidéos !
http://dansleventre.com/wordpress/