On s’est levé à 6h30, pour être à 8 heure en haut, sur le plateau des terrils, avec le lit et tout le barda, prêts à tourner. On voulait y être avant le lever du soleil. Le soleil ne s’est pas levé du tout. Le brouillard était dense, tellement dense que les terrils, à quelques mètres, étaient invisibles. Le plateau, c’était la Sibérie, la toundra. Du blanc-gris-bleu à l’infini. Les quatre filles dans un lit qui chantent et rient. C’était très beau et si froid, si froid, que la caméra givrait entre deux prises. Il lui a fallu une couverture. Guillaume a dû passer la perche parce qu’il ne sentait plus ses mains. Frantz était là. Il nous a bien aidé à monter le lit, à le démonter pour l’alléger, et tout. On est rentré plus fourbus que jamais. Congelés. Vraiment. Mais c’était un bon moment ensemble. Là haut, on a pensé aux mineurs qui allaient au charbon à 3 heure du matin, à pied, en plein hiver.
On se souvient d’une dame qui nous a raconté que son mari faisait 2 heures de marche pour aller travailler, et pareil au retour, et qu’il a jamais raté le travail. Elle nous a raconté qu’un jour, d’épuisement, il s’était endormi sur le bas côté, et qu’ils l’ont retrouvé là, dormant sur le bas côté.
On va pas se plaindre parce que comme dit Sandrine qu’est-ce que ça changerait ?