Tous les jours dimanche

Anita et Jean-Claude tiennent le pub Mardyckois depuis 1995, avant l’établissement s’appelait le café de l’avenir. « Mais l’avenir à Mardyck hein… » Anita est arrivé il y a 30 ans à Mardyck, en caravane, elle passait tous les jours devant ce café et se disait : « un jour, il sera à moi ! » Anita, de son nom de jeune fille Anita Liber, est une brune au fort caractère, on lui demande si elle a des origines espagnoles, Anita l’Ibère… « Ah oui c’est marrant ça tiens, j’y avais pas fait attention, mais non pas du tout, je suis de Saint-Omer moi ! » Au pub Mardyckois, on ne passe que RDL, la radio de Saint-Omer : « C’est la radio de chez moi, ça me relie à mes racines ! » Anita nous parle de Saint-Omer avec nostalgie, comme d’un pays lointain. « Là-bas, t’avais le choix entre faire de la couture ou travailler à la cristallerie d’Arques, mais moi je voulais pas, je voulais être caissière, j’ai passé un entretien à la cristallerie pour faire plaisir à ma mère, mais je leur ai dit non, je veux pas travailler chez vous ! en sortant je suis allé au supermarché, j’ai été prise tout de suite, 10 ans je suis resté ! Les gens venaient juste pour m’entendre dire : Bonjour, Au revoir et tout le reste au milieu… » Anita aime beaucoup, beaucoup parler, elle nous parle de son métier qu’elle adore, de la vie à Mardyck :  « Oui, un village planté là c’est pas très logique, mais la peur n’évite pas le danger, regardez nous, on aime faire des croisières, une fois par an on s’offre des vacances, et bah un mois avant qu’il coule on étaient sur le Concordia, on a même une photo avec le capitaine, le même hein ! Tu vois, ça peut arriver n’importe où les drames ! » Jean-Claude acquiesce , généralement quand Anita parle, Jean-claude acquiesce. Un habitué nous dit :  «  Jean-Claude c’est le souffre-douleur de Mardyck ! » Jean-Claude nous dit :  « Oui, c’est vrai ! » Mais Jean-Claude a plein de choses à raconter lui aussi, avant il était tuyauteur, beaucoup d’amis à lui sont malades de l’amiante :  « On meurt d’avoir travailler, c’est triste quand même , moi ça va j’ai donné, 51 ans de travail, maintenant c’est la retraite », nous dit-il derrière son bar. Anita et Jean-Claude sont ouverts six jours sur sept, toute la journée. Mais quand ils sont fermés, nous dit un autre habitué, c’est tous les jours dimanche.

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