Danser dans un paysage.

Un cadre, une limite, un espace délimité dans lequel on propose une danse, un instant.
Le temps d’un instant cet espace public devient une scène, un plateau de danse avec son décor naturel, des arbres immenses alignés qui rappelle que cette nature là, ces arbres là ont été plantés par une règle avec une équerre. Un homme a décidé, ici la nature est alignée. Un autre a exécuté cet alignement. Ils sont arrivés un matin par dizaines, par centaines sur des monstres en acier et ils ont planté ces arbres droits comme des I, ils n’ont pas d’L et pourtant ils s’envolent dans les airs. Ils montent aussi haut qu’ils peuvent comme s’ ils étaient dirigés par un tuteur, comme s’ ils voulaient s’éloigner le plus possible de ce cet alignement. Comme s’ils ne voulaient plus dissimuler la situation, ils ne sont pas là pour cacher l’horizon. Alors ils transpercent l’horizon comme une balle de fusil tirée en l’air…
Une butte de terre, un tas de boue sur lequel on propose un regard, on propose une danse, tout comme dans ce champ devenu espace d’expression corporelle, comme public : la route avec ces camions qui passent et repassent dans les deux sens.
Mais ici il y a toujours l’arrière plan qui prend une importance particulière, une scénographie industrielle, des usines en arrière plan, elles sont là omniprésente, elles sont là, elles respirent et expirent leur fumée, parfois, elles crachent une flamme pour éternuer et nous rappeler le danger. Car elles sont calmes et bien alignés comme les arbres, elles ne font pas trop de bruit et ne montent pas dans le ciel, elles constituent l’horizon.
Si l’horizon, si l’avenir s’aligne comme ces arbres, que va devenir Mardyck ?
Aujourd’hui on a parlé des dunes et de leur gardien, on a parlé d’enfants qui y ont joué, qui partaient le matin et qui passaient la journée à courir, sauter, danser dans ces champs, dans ses dunes. A l’époque ils jouaient déjà dans les blockhaus de la guerre précédente que les allemands avaient eux aussi alignés. Et pour les oublier ces entreprises les ont dynamités.
Alors on a dansé sans vouloir s’aligner, sans vouloir déranger, juste pour proposer le temps d’un instant une autre souvenir à partager.

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