On déambule dans le marché de Liévin. On cherche un peu de soleil pour réchauffer nos tracts.
On croise une dame, tout sourire. Le théâtre, elle aime ça. Elle assiste aux réunions du théâtre de son village. Elle connaît le programme par cœur. Elle y emmène ses enfants et petits enfants. C’est important. Encore un sourire pour nous donner du courage et à bientôt, à la veillée, peut-être.
On tend l’invitation à la veillée à deux dames toutes emmitouflées, des sacs de légumes pleins les bras.
– Un spectacle ? Sur moi ?
Son amie rit.
– Pas sur toi, sur nous !
– Y’a pas grand chose à raconter.
– Et pourquoi pas ?!
Une jeune femme passe près de nous. Elle a écouté les conversations jaillir autour de notre caméra. C’est sa mère qui prend la parole :
– Vous voulez parler des mines ? Vraiment ? C’est du sourire qu’il faut nous donner. C’est de ça dont on a besoin, monsieur !
On parle aux gens et les gens nous parlent. Nous confient un bout de leur vie ici, à Liévin, ou ailleurs dans le bassin minier. Une compagnie de théâtre à l’ écoute, qui s’intéresse aux personnes, leur paraît surprenant. Ils en profitent. Nous aussi.
– Je ne suis pas là le jeudi 18 décembre, je travaille. Mais mon mari, viendra à la veillée. Hein, chéri ?
Le mari nous regarde, timide.
– Tu viendras, dis ?
– Oui…
C’est un oui qui survivra ,c’est sûr, jusqu’au 18. Dans tous les cas, on a pris le temps de se rencontrer.
Quand on s’installe dans le marché pour la matinée, on ne passe pas inaperçu. Une caméra au beau milieu du passage. Des tracts partout. Tout une agitation pour annoncer la prochain Veillée à la base 11 19 de Loos en Gohelle. Certains sont effrayés. D’autres curieux ou amusés. Et ça parle, ça discute, ça s’interroge, ça avance, ça recule, ça se dit bonjour, à bientôt, ça fourmille de mots et d’histoires.